L'allure athlétique, le verbe haut et beau, à 59 ans, Lounis Aït Menguellet n'a rien perdu de sa verve. Le sage garde tous ses dons. Ni philosophe ni penseur, tout juste poète, se définit modestement ce ciseleur de mots qui compte à son actif plus de 200 chansons. En signe de reconnaissance pour son parcours artistique et pour célébrer son anniversaire (Il est né le 17 janvier 1950), la direction de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou organise une semaine d'activités à la maison de la culture Mouloud Mammeri. Le coup d'envoi a été donné jeudi 15 janvier par le vernissage d'une exposition de peinture de Hallou Fariza. A travers une trentaine d'aquarelles, cette jeune artiste raconte, selon ses visions, les chansons de Lounis. Lmektub (le destin), Tamurt n tirga (le pays des rêves), Tibratin (les missives), Tafat n ddunitiw (la lumière de ma vie), Ssensla (la chaîne), Tameghra ( la fête), les tableaux exécutés d'une main de maître revisitent, via des couleurs chatoyantes, un pan de l'œuvre titanesque d'Aït Menguellet. La tâche étant des plus ardues. « Traduire la poésie relève déjà d'une gageure impossible, peindre les chansons d'Aït Menguellet, une à une, est, soit du domaine divin, ce à quoi seul un ange peut s'y frotter, soit de celui humain, auquel cas, il faut être un demi-dieu tel que fut Hercule pour accomplir un de ces travaux. Celle qui s'y est aventurée, Mlle Hallou Fariza, n'est ni déesse ni surhumaine, mais juste une jeune artiste, pétillante, naïve et foncièrement sincère. « Le défi et la gageure ainsi sont-ils admirablement relevés quand les sentiments cités dessus sont rehaussés par la passion, l'estime… J'allais dire l'amour qu'on éprouve en regardant l'œuvre », fait remarquer à ce sujet Hocine Haroun, un artiste peintre qui a contribué à cet hommage. Dans l'après-midi, le public était convié à une rencontre culturelle autour de l'œuvre de Lounis Aït Menguellet animée par Arezki Azzouz (Chaîne II). De nombreux artistes étaient présents. On citera Nouara, Slimane Chabi, Hassan Abassi, Ali Méziane, Djamel Kanoun et Bélaïd Abranis. Il y avait aussi des poètes et des hommes de culture et des amis de Lounis. Ceux qui n'ont pas pu faire le déplacement ont témoigné par le biais de messages sonores ou écrits. Il s'agit notamment de Chérif Kheddam, Idir, Kamel Hamadi et Mohand Saïd Fellag. Le plateau artistique a été inauguré par Bélaïd Abranis qui a repris avec une touche de modernité Arjuyi (attends-moi), un des chefs-d'œuvre d'Aït Menguellet. La diva Nouara a puisé dans son riche répertoire qui l'a propulsée au firmament. La voix chaude et intacte malgré le poids des années, elle a épaté son auditoire. Elle avait chanté, en duo, avec Aït Menguellet il y a ... 40 ans. « J'écoute toujours ses chansons », déclare-t-elle en public. Hassan Abassi, lui, se contentera d'un « achaouik ». Toujours égal à lui-même, Slimane Chabi interprétera des chansons comiques. Djaffar Aït Menguellet rendra hommage à son père. Emouvant. Après le fils, place au papa. Avant même de gratter les fils de sa guitare, la salle s'enflamme. Applaudissements, youyous, hourras. Aït Menguellet est toujours prophète dans son pays.