Les erreurs médicales peuvent être aujourd'hui évitées. La liste de contrôle « chek-list », établie par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), réduit d'un tiers les accidents. Des essais effectués dans huit pays ouvrent, selon l'OMS, des perspectives permettant de réduire les risques chirurgicaux. La liste de contrôle prévoit, notamment, que soit vérifiée la stérilisation des instruments nécessaires à l'intervention. Une étude publiée jeudi sur le site internet de la revue américaine New England Journal of Medicine révèle que ces erreurs ne sont pas inéluctables. En transposant la pratique des check-listes (ou listes de contrôle), obligatoires dans l'aviation civile, à l'organisation du bloc opératoire, des médecins travaillant sous l'égide de l'OMS viennent de montrer qu'il est possible de réduire de 40% le risque de décès par erreur et d'un tiers celui de complications majeures accidentelles en chirurgie. L'étude a été appliquée, précise l'OMS, dans des hôpitaux de pays à revenu faible et revenu élevé — à Ifakara (République unie de Tanzanie), à Manille (Philippines), à New Delhi (Inde), à Amman (Jordanie), à Seattle (Etats-Unis d'Amérique), à Toronto (Canada), à Londres (Royaume-Uni) et à Auckland (Nouvelle Zélande). Les complications ont diminué dans les mêmes proportions dans les hôpitaux de pays à revenu élevé et à faible revenu. Pour le Dr Gawande, « la portée de ces résultats dépasse le cadre de la chirurgie et il semble bien que des listes de contrôle sont susceptibles d'améliorer la sécurité et la fiabilité des soins dans de nombreux domaines médicaux. Elles doivent être succinctes, extrêmement simples et avoir fait l'objet d'une mise à l'épreuve pratique préalable. Mais dans toute une série de domaines, des soins cardiaques aux soins pédiatriques, elles pourraient devenir aussi essentielles que le stéthoscope dans la médecine de tous les jours ». La liste de contrôle, qui a été lancée par l'OMS comme recommandation pour une chirurgie sûre l'an dernier, s'est imposée depuis auprès du personnel en salle d'opération, chirurgiens et anesthésistes compris. « Il ressort de l'analyse des études effectuées par les hôpitaux concernés dans chacune des six régions de l'OMS que le taux des complications majeures après une intervention chirurgicale en salle d'opération a été ramené de 11% au cours de la période de référence à 7% après l'introduction de la liste de contrôle, ce qui correspond à une réduction d'un tiers. Les décès de patients hospitalisés après une intervention majeure ont diminué de 40% après l'introduction de la liste ». Quelles sont ses recommandations ? Leur mise au point est simple et systématique. Avant l'induction de l'anesthésie, le médecin ou l'infirmière du bloc opératoire énonce à haute voix, alors que le malade est encore conscient et attentif, son identité, l'intervention dont il doit bénéficier, l'absence d'allergie connue, son consentement. Le site à opérer est confirmé par une marque sur la peau. Il faut également vérifier la disponibilité de produits sanguins. Avant l'incision chirurgicale, il s'agit de vérifier encore une fois à haute voix que toute l'équipe est bien présente, que tous les instruments nécessaires ont bien été stérilisés, que si nécessaire la prophylaxie par antibiotiques a été administrée… A la fin de l'opération, l'infirmière vérifie, encore à haute voix, le nombre d'aiguilles, d'instruments, de compresses utilisées (pour être sûre que rien n'est resté dans l'abdomen, par exemple), que le prélèvement, s'il y en a eu, a été bien étiqueté au nom du malade… Comme l'a souligné le Dr Atul Gawande, principal auteur de cette étude et responsable de l'équipe chargée de la mise au point de la liste de contrôle de l'OMS pour la sécurité chirurgicale, « l'idée de recourir à une liste de contrôle succincte, mais complète, est étonnamment nouvelle en chirurgie. Le personnel en salle d'opération s'est parfois montré réticent dans un premier temps. »