Il y a des personnes qui demeurent vivantes même après leur mort, pour paraphraser l'écrivain Mouloud Mammeri, qui disait : «Yella yiwen yella ulac it, Yella wayed ulac it yella». Chérif Chafa en fait partie. Ravi précocement et subrepticement à l'affection des siens le 26 juin dernier, suite à une maladie, le défunt était connu dans son village natal, Cheurfa N'Bahloul, commune d'Azazga (Tizi Ouzou) pour ses actions caritatives. L'ami des pauvres a tiré sa révérence discrètement, comme il a vécu. Pour commémorer son décès, ses amis et proches ont organisé, le week-end dernier, une cérémonie de recueillement et du souvenir, en présence d'élus locaux et de centaines de citoyens venus d'un peu partout. Le coup d'envoi des activités commémoratives a été donné jeudi à 17 heures par l'animation d'un grand tournoi de football ayant drainé une foule nombreuse au stade Agouni Bada, où des posters géants et des banderoles à l'effigie du disparu ont été déployés par le comité d'organisation. Les supporters ont assisté à de belles facettes de jeu. La journée d'hier a été marquée par un recueillement et le dépôt d'une gerbe de fleurs sur sa tombe au cimetière de Cheurfa N'Bahloul. Grands moments d'émotion, en présence de ses enfants et de toute sa famille. Une marche silencieuse a été improvisée à travers les rues du village, suivie d'une minute de silence. Après la récitation de la Fatiha, l'imam, Cheikh Mustapha, a pris la parole pour rappeler les qualités intrinsèques du défunt et son attachement à la population de son village, notamment les nécessiteux. Un homme au grand cœur, généreux, affable, aimé de tous, toujours prêt à aider les autres, selon des témoignages. Les deux journées commémoratives ont été clôturées par une waâda. Ce fut aussi l'occasion pour se rencontrer et avoir une pieuse pensée pour les jeunes du village, garçons et filles, morts naturellement ou tragiquement à la fleur de l'âge. Il faut dire que côté préparatifs, tout a été fait et rien n'a été laissé au hasard pour la réussite de cet hommage, et ce, grâce aux efforts consentis par le comité d'organisation, composé, entre autres, de Rachid Touam, dit «Billy», Amedah Hamou, Ahcène Memoud et Hanafi. «Billy», cheville-ouvrière du mouvement associatif local a tenu à remercier tous les gens qui ont répondu favorablement à l'invitation du comité d'organisation, afin d'honorer la mémoire du regretté. «Aâmi Chérif était toujours disponible quand il s'agissait d'aider les autres, discrètement. Il devrait d'ailleurs nous servir d'exemple à tous», dit-il. Des personnes interrogées ne tarissaient pas d'éloges à l'égard du défunt. C'est que Chérif Chafa était un rassembleur, qui répandait la bonne parole et prêchait constamment l'amour et l'entraide mutuels. Il s'en est allé rejoindre son frère, Saïd, médecin de son état, décédé en 2009. Le 14 juin dernier, soit 13 jours avant son décès, Chérif Chafa écrivait sur sa page Facebook : «Si je pouvais revivre une journée de ma vie, ça serait...? Pour moi, c'est de revoir une personne qui est morte et de lui poser une seule question. Paix à ton âme inchalah Zizi Saïd.»