Souk Ahras et toutes les contrées environnantes portent encore les indices d'une histoire millénaire et d'une présence humaine qui remontent à l'ère de la découverte du feu, en passant par les autres grandes escales : numide, romaine et byzantine, pour ne citer que celles-là. L'antique Thagaste (actuelle ville de Souk Ahras), qui s'étendait des environs de l'actuel pont de la gare ferroviaire à l'hôpital régional et que séparait en deux parties une rivière, fut une cité prospère, promue en commune civile l'an II sous le règne de Trajan. Des bains maures, des maisons et un monolithe découverts en 1848 au niveau du mamelon où est érigé actuellement l'ex-siège de l'APC de Souk Ahras, non loin du mausolée de Sidi-Messaoud, confortent cette thèse, soutenue également par l'expédition militaire française arrivée à Souk Ahras au début de la conquête de la région. L'olivier de Saint Augustin y est conservé comme un lieu de méditation de l'illustre evêque Saint Augustin. Au piémont de cette colline qui surplombe la ville (boulevard Amirat) des spécialistes soupçonnent l'existence d'un trésor archéologique enseveli sous terre et transformé encore en lotissement. Un ancien directeur de la culture qui partageait cet avis sur la base de plusieurs lectures historiques déclara ceci : «Il est tout à fait clair que nous sommes devant l'endroit qui porte le plus d'indices sur la ville antique.» Jusqu'aux années quarante et cinquante du siècle précédent, des constructeurs de bâtisses privées découvraient à moins de cinq mètres de profondeur des ustensiles et des pièces de monnaie qui remontent à l'époque romaine. A moins de 45 kilomètres de Souk Ahras, les ruines de madaures (M'daourouch) où fut construite l'une des deux premières universités d'Afrique, avec celle de Carthage, les huileries, le théâtre, les thermes...sont témoins de la grandeur de ces lieux en périodes romaine et byzantine et bien avant, avec les guerriers et les maîtres-penseurs numides. C'est là que naquit, en l'an 123, Apulée de Madaure, l'auteur du premier roman de l'histoire de l'humanité, L'âne d'or, et c'est là que Saint Augustin fit ses premières études. Un peu plus au sud, à Thubursucum Numidarum (commune de Khemissa), ce sont plus de 65 hectares de vestiges qui bravent le temps, l'oubli et le béton, et c'est incontestablement le site le plus important de la wilaya, du point de vue espace et capacité d'exploration. C'est aussi le plus apte aux fouilles archéologiques qui n'ont pas encore livré tous leurs secrets, malgré le passage, devenu fréquent, des chercheurs universitaires. Cité berbère relevant de la Numidie, elle gardait un bon voisinage avec les Carthaginois et gérait ses affaires courantes selon les normes tribales. C'est là, d'ailleurs, que venait souvent se ressourcer Kateb Yacine, qui y voyait, de son propre avis, un démenti cinglant aux partisans de la thèse de la vacuité de cette terre avant l'arrivée des Romains. Les écritures libyques et puniques, ainsi que les récits contenus dans la mémoire antique l'attestent. Sous le règne de Trajan, au IIe siècle après J.-C., fut construite la ville, qui connut l'apogée de sa prospérité au même siècle où elle fut promue au rang de municipalité. Sont encore visibles, le théâtre, le temple, les thermes, les bassins, les réservoirs... et des dizaines d'autres édifices mis au jour en l'an 1902. Le site est classé patrimoine national protégé depuis 1968. A Khemissa, pourtant, la quasi-totalité des constructeurs privés utilisent la pierre romaine pour consolider les assises de leurs maisons. Plus de 7000 ans de présence humaine A quelques encablures de la ville de Sédrata, au lieu-dit Kek-Lemsaoura, des gravures rupestres géantes qui remontent à 7000 ans av J.-C. décrivent les détails de la vie animale de la période capsienne, où l'homme qui vivait tout près du lion savait dire par le dessin les frasques de ce dernier. Il est présenté en chasseur intrépide, qui impose respect et peur chez tous les autres animaux de la forêt et offre protection et assurance à ses lionceaux. Des vaches énormes et à longues cornes et un sol touffu d'herbes font partie de la scène de chasse portée sur la pierre. Des écritures libyques sont encore lisibles à quelques centaines de mètres de ce lieu C'est en 1892 que l'explorateur Barnelle créa l'événement en annonçant la découverte de ce site préhistorique. Thagura (actuelle Taoura) et Tipasa (commune de Tiffech), une autre ville prospère située à 25 kilomètres de Thagaste et érigée en elle aussi en commne au IIe siècle après J.-C. garde ses bains romains et sa forteresse byzantine dans un espace limitrophe à l'actuelle circonsciption administrative et offre de ce fait un autre indice de cette richesse archéologique dont regorge la région. Idem pour Tipasa (commune de Tiffech), qui a su garder intact un système d'irrigation des terres agricoles, entre autres vestiges existants dans cet important territoire de culture céréalières, cité dans plusieurs ouvrages antiques. C'est à Tiffech et Taoura que furent aussi découverts des armes et outils qui remontent aux paléolithiques moyen et supérieur.