Hier, les centres de santé et surtout les établissements hospitaliers à travers certaines régions du centre du pays ont enregistré une forte pression. L'absence d'information officielle, pour ne pas dire crédible, laisse place aux rumeurs. L'épidémie de choléra touchant plusieurs wilayas du centre du pays, dont la région de Bouira, sème toujours la panique, en particulier au niveau des zones rurales et autres quartiers défavorisés où l'accès à l'eau potable se fait de plus en plus difficilement. Alimentés via des sources et autres puits ne répondant à aucune norme d'hygiène, réalisés par des particuliers, des villageois ont décidé de se rabattre sur l'eau minérale. La population locale continue de s'interroger sur l'origine du décès des deux femmes, survenu la semaine dernière dans la commune de Raouraoua. Les résultats de l'autopsie demandée par le procureur de la République près le tribunal de Aïn Bessem ne sont pas encore connus. Les pouvoirs publics ont décidé, selon nos sources, de la fermeture d'un puits au niveau de cette commune, servant d'alimentation en eau potable. Hier, les centres de santé et surtout les établissements hospitaliers ont enregistré une forte pression. A M'Chedallah, une panique générale s'est emparée hier du personnel soignant après qu'un enfant qui présentait les symptômes du choléra a été admis au service des urgences. La victime aurait été évacuée en urgence vers l'hôpital Mohamed Boudiaf du chef-lieu de wilaya. Aucun responsable n'a voulu s'exprimer sur ce cas. Et pour cause, ce sont les instructions «strictes» du wali, invitant ainsi ses subalternes à ne plus communiquer avec les journalistes. Le premier responsable de la wilaya a enfin décidé d'organiser un point de presse prévu pour aujourd'hui où, selon le représentant de sa cellule de communication, le wali reviendra en détail sur cette épidémie. Pourtant, une cellule de crise présidée par le secrétaire général de la wilaya englobant des représentants de plusieurs directions (hydraulique, santé, ONA...) a été mise en place au lendemain de la confirmation du cas de choléra au niveau de quatre wilayas du pays. Que dira donc le wali ? Par ailleurs, c'est le RCD qui a dénoncé et condamné, dans un communiqué parvenu hier à notre rédaction, le «silence des autorités locales qui ont montré une défaillance totale en matière de communication». A Relizane, une mère de 39 ans et son bébé de 2 ans, tous deux originaire de Tipasa, suspectés d'avoir des symptômes d'une toxi-infection due à la bactérie vibrio choleræ, ont été placés en isolement au service épidémiologique de l'EPH de Mazouna, au nord-est du chef-lieu de la wilaya, a-t-on appris de source sûre, qui a précisé que toutes les mesures préventives ont été prises en attendant les résultats des analyses des échantillons envoyés à l'Institut Pasteur. Les deux personnes admises sont soigneusement prises en charge par le staff médical de l'établissement et leur état n'est pas inquiétant, a-t-on appris. Irrigation douteuse L'apparition de cas de choléra dans plusieurs régions du pays a créé une certaine psychose dans la wilaya de Tizi Ouzou, où les citoyens appréhendent l'arrivée de cette épidémie. D'ailleurs, plusieurs rumeurs ont circulé sur les réseaux sociaux évoquant la détection de cas de cette infection intestinale aiguë, notamment à Draâ El Mizan et à Mekla. Toutefois, et pour mettre fin à ce genre de «fausses informations» relayées via la Toile, le Directeur de la santé et de la population (DSP) de la wilaya de Tizi Ouzou, le professeur Abbès Ziri, a, sur les ondes de la radio locale, démenti l'existence de cas de choléra, comme il a également indiqué que toutes les mesures sont prises pour faire face à toute éventualité. «Aucun cas de choléra n'a été enregistré dans la wilaya de Tizi Ouzou», a précisé le Pr Ziri, qui souligne, en outre, qu'un dispositif de prévention a été mis en place à travers les différentes structures de santé dans la wilaya de Tizi Ouzou. Dans la wilaya de Boumerdès, des irrigations plus que douteuses sont signalées ici et là. Après la pollution, il y a deux semaines, de la plage de Corso et les champs agricoles situés en amont, il se trouve que, non loin, à Sahel Brouk, un jardin d'orangers est irrigué par des eaux noirâtres qui ne peuvent provenir que des eaux usées, comme le montrent nettement des photos et des vidéos qui circulent sur la Toile. Il est plus que certain que les fruits de ce verger incriminé présentent un haut risque de maladies. La question est de savoir que font les services agricoles, sanitaires et autres environnementaux. De plus, il n'y a pas lieu d'attendre une sanction exemplaire. La loi est peu répressive : elle prévoit seulement la mise à la fourrière du matériel du contrevenant et une amende. Pourtant, les conséquences peuvent être dramatiques. Autre cas : la commune de Boudouaou El Bahri, située juste à côté, connaît un phénomène similaire à celui du Oued de Corso. L'oued Boudouaou, qui se déverse au niveau de la plage, propage un grand débit d'eau polluée. Cet oued traverse toutes les terres situées entre Boudouaou et Boudouaou El Bahri. Donc, il n'y a que la mer qui en pâtit. A Hammadi, des tonnes d'ordures sont jetés dans l'oued Hamiz, sur les rives duquel existe un grand bidonville. Ceux qui y vivotent sont exposés à tous les dangers, aussi bien sanitaires que les catastrophes naturelles comme les inondations. Même chose à Bordj Menaïel où plus de 300 familles occupent à ce jour des taudis au bord de l'oued qui traverse la ville, devenu le point de chute d'importantes quantités d'eaux usées. Autre problème, les fosses septiques qui pullulent parfois même dans les périphéries des grands centres urbains, tels que Boumerdès, Boudouaou, Khemis El Khechna et Bordj Menaïel. La direction de l'hydraulique fait état de 13% des foyers de la wilaya qui ne sont pas raccordés au réseau d'assainissement.