L'image de George Walker Bush tentant d'esquiver la chaussure de Mountadar El Ziaidi restera dans les annales. Ce tableau pathétique clôturera ainsi huit années de « bushisme ». W. Bush peut désormais quitter la Maison-Blanche avec le sentiment du désastre bien accompli. Selon un sondage effectué auprès des historiens américains, le président Bush s'est révélé le plus médiocre de tous ceux qui ont occupé la Maison-Blanche. Même Herbert Hoover en 1933, Harry Truman en 1953 et Jimmy Carter en 1981 n'avaient pas suscité un tel rejet. Mais le président sortant espère être réhabilité par l'histoire. « Vous ne savez jamais ce que l'histoire dira de vous, à moins d'attendre bien longtemps après votre départ », a-t-il déclaré dans sa dernière conférence de presse. Pour l'heure, on retiendra surtout l'image d'un homme entêté qui a fait de – trop – nombreux mauvais choix. En économie, on lui reprochera d'avoir encouragé la dérégulation qui a provoqué les turbulences financières. Il a dilapidé l'excédent budgétaire laissé par l'Administration Clinton pour laisser à Barack Obama un déficit spectaculaire. On lui en voudra longtemps pour avoir envahi l'Irak, créant un véritable chaos, d'avoir ouvert le camp de Guantanamo et donner libre cours aux pratiques scandaleuses dans les prisons d'Abou Gharib. Les écologistes retiendront son refus de signer l'accord de Kyoto, aggravant ainsi le mal de la planète. Sa syntaxe approximative et ses nombreuses gaffes ont failli le rendre sympathique. Elles dénotaient de sa totale ignorance de la politique extérieure – « J'ai une politique étrangère axée sur l'étranger », déclaration à la National public radio (NPR) – de sa faiblesse en économie – « La raison pour laquelle je crois en une baisse des impôts, c'est avant tout parce que j'y crois » – ainsi des lacunes dans l'histoire de son propre pays – « Depuis maintenant un siècle et demi, l'Amérique et le Japon ont formé l'une des plus grandes et des plus fortes alliances des temps modernes. De cette alliance est née une ère de paix dans le Pacifique – ». Et lorsqu'il manquait d'argument pour justifier sa guerre contre l'Irak, il était homme à savoir improviser : « La guerre contre le terrorisme implique Saddam Hussein à cause de la nature de Saddam Hussein, l'histoire de Saddam Hussein et sa volonté de se terroriser lui-même. » Aujourd'hui, la page sombre du bushisme est définitivement tournée. Il part sans susciter la moindre émotion.