L'épidémie de choléra qui refait surface dans certains endroits du pays est prise très au sérieux du côté des Hauts-Plateaux sétifiens, où les équipes des services mixtes d'hygiène et de la prévention des collectivités locales et de la santé font le forcing pour faire face à la moindre alerte. Néanmoins, le contrôle du forage de la mosquée El-Qods, de la cité Boucekine, à la sortie nord de la ville de Sétif, a permis aux différents intervenants de découvrir et d'éviter une véritable catastrophe sanitaire. Pourtant, ne s'agit-il pas d'une cité résidentielle où foisonnent de «somptueuses villas», certes, pour beaucoup, érigées de manière illicite. Ainsi, le 23 août dernier, un cas de diarrhée aiguë a été signalé du côté de Boucekine, et ce, suite à la consommation d'eau polluée de la mosquée précitée. De visu, les équipes d'enquêteurs remarquent une eau jaunâtre, dégageant une odeur nauséabonde. Fort heureusement que la consommation ne génère, nous dit-on, que des cas de gastro-entérite sans hospitalisation. Pour avoir le cœur net, les enquêteurs prélèvent un échantillon d'eau du forage. Le résultat des analyses est sans appel. L'eau est contaminée. De mauvaise qualité, le produit contient des streptocoques B. L'on procède dès lors au chaulage des puits et à la fermeture des fontaines publiques de l'espace et du forage infiltré, nous dit-on, par les eaux usées des fosses septiques, réalisées en amont de ladite mosquée. «Ne mesurant pas les conséquences de leurs actes, des autoconstructeurs ont installé des fosses septiques dans les caves de leurs villas à Boucekine. Pour dire vrai, on n'a pas un recensement exact, mais les langues se délient. Pour avoir une idée précise, recenser le nombre de fosses septiques, sauver les meubles tant qu'il est temps, on a besoin d'une réquisition du procureur de la République. Car il n'est pas facile d'accéder à des propriétés privées disposant ou non de permis de lotir ou de construire», nous confie, sous le sceau de l'anonymat, un membre du bureau d'hygiène de la commune de Sétif. Notons que la situation n'est guère reluisante dans une partie de la cité S'fiha (sud de l'agglomération), notamment du côté nord-ouest des lieux, où l'installation aléatoire du réseau d'assainissement fait des siennes. «Pour on ne sait quelle raison, des propriétaires d'habitations individuelles ont installé un réseau d'assainissement ne répondant pas aux normes. Réalisé en contrepente, le réseau refoule les eaux usées. Une telle situation génère des désagréments et peut provoquer des maladies. Pour parer à toute éventualité, le service technique est contraint d'intervenir. Un résumé succinct de la situation a été transmis au wali, qui suit de près l'évolution des choses», précise notre source ayant accepté de nous parler en lieu et place de certains élus qui, manifestement, ne veulent pas se «mouiller». En somme, il est inconcevable qu'en 2018, des lotissements situés au cœur d'une aussi grande agglomération comme Sétif ne soient pas reliés au réseau d'assainissement et d'évacuation des eaux usées et utilisent des fosses septiques, avec tous les problèmes d'hygiène et de santé qui pourraient en découler. Les responsables qui ont laissé pousser ces «mastodontes» de villas, et fermé les yeux sur ces gravissimes dépassements doivent rendre des comptes.