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Y a-t-il une vie après le putsch ?
La Mauritanie suspendue à une élection à 4, entre les derniers présidents et l'actuel général-président
Publié dans El Watan le 26 - 01 - 2009

A première vue, il est difficile de comprendre la Mauritanie. Première République islamique du monde arabe, mais la seule du Maghreb à abriter une ambassade d'Israël. Pays arabe mais le seul où les Berbères et les Maures constituent la classe politique et sociale dominante.
Pays aride et désertique, il est pourtant bordé sur toute sa frontière ouest d'un gigantesque océan, l'Atlantique, et sur sa frontière sud d'un grand fleuve, le Sénégal. Pays directement géré par des militaires issus d'un putsch mais paradoxalement avec la presse la plus libre du Maghreb encore cette année, selon le dernier classement 2008. La Mauritanie, 3 millions d'habitants, est africaine et arabe, berbère et musulmane, peupe, wolof et soninké, pauvre mais avec du pétrole offshore, compte 60% d'analphabètes chez les plus de 15 ans, mais recèle les plus vieilles bibliothèques musulmanes d'Afrique. Si la Mauritanie fait figure d'exception la semaine, le week-end est aussi particulier, puisque celui-ci est fixé au vendredi-samedi. Tevragh Zeïna, quartier nord de Nouakchott, côté riche. Au Savana Café, lieu branché wifi tenu par un Tunisien, coincé entre deux coiffeurs algériens et à quelques mètres du Palais des congrès, quelques Mauritaniens et étrangers sirotent un expresso, surfent sur internet en regardant l'histoire défiler. Les sirènes viennent de retentir, signe que le général putschiste Ould Abdelaziz, président autoproclamé du Haut Conseil d'Etat (HCE), vient de passer pour assister au Palais des congrès à la fin des états généraux de la démocratie, assises censées normaliser le coup d'Etat et réconcilier tous les courants politiques du pays. Les militaires sont partout et bloquent tous les accès. 4X4 équipés de mitrailleuses lourdes, soldats surarmés et important dispositif de sécurité ; en Mauritanie même les militaires ont peur des coups d'Etat. 17h à Tevrajg Zeïna, le général est reparti dans son palais blindé et Nouakchott a repris le cours normal de sa vie. Une jolie femme en melahfa traditionnelle, long voile multicolore qui l'enveloppe de la tête aux pieds, me voit parlementer avec des militaires et m'interpelle en hassaniya, la langue maure : « Dites qu'avec Aziz, on est mieux qu'avant ! » La normalisation a donc bien eu lieu, même si les militants du FNDD, front de défense de la démocratie, alliance hétéroclite de 13 partis politiques, dont des islamistes et des marxistes, 6 centrales syndicales et 30 organisations de défense des droits humains, tiennent une conférence publique à quelques centaines de mètres et contestent tout, en bloc. Mais jusqu'à quand ? Au même moment, achevant de compliquer une situation déjà particulière, de violentes émeutes éclataient à Nouakchott pour la fermeture, ferme et définitive, de l'ambassade d'Israël, incongruité géopolitique.
La tentation permanente
Le 6 août 2008, le général Ould Abdelaziz, chef d'état-major particulier du président démocratiquement élu, Sidi Ould Cheikh Abdellahi, prenait le pouvoir à l'issue d'un putsch, que ses partisans avaient décidé pudiquement de dénommer une « rectification ». Le 9 décembre dernier, la Mauritanie célébrait le 48e anniversaire de son indépendance dans l'isolement total, aucune délégation étrangère n'étant venue et pas un seul message de félicitations d'un autre pays tombé sur les téléscripteurs officiels. La Mauritanie est suspendue de l'Union africaine, tout comme récemment la Guinée, victime aussi d'un coup d'Etat. « C'est la première fête de l'indépendance à laquelle le président légitime est empêché d'assister », commente X Ould Y, quadragénaire intransigeant et légaliste, pourtant lui-même lié à une tentative de coup d'Etat raté il y a quelques années. Le 27 décembre dernier, sous la pression internationale, le général Ould Abdelaziz ouvrait les états généraux de la démocratie pour calmer l'opinion. Tevragh Zeïna, le 5 janvier, au dernier jour des assises, le général Ould Abdelaziz s'est dit satisfait et a insisté sur le changement de la Constitution qui lui permettra de se présenter à l'élection présidentielle du 30 mai prochain, les militaires étant interdits de compétition électorale. Mais bref, tout le monde a bien mangé, les repas ayant été servis par un restaurateur algérien, les retournements de veste prévus ont bien eu lieu et chacun est rentré chez soi. Seul parmi les parties prenantes des assises, Ahmed Ould Daddah, chef de l'UFP des forces progressistes et petit frère de l'historique Boumediène local, Mokhtar, a tenu un conférence de presse, où il a critiqué la tournure des événements, notamment le point capital : « Nous sommes contre le fait qu'un militaire se présente aux élections, qu'il soit général, officier ou soldat de troupe. » Candidat sérieux à la présidentielle dans le cas où le général ne se présente pas, Ahmed Ould Daddah a compris qu'il s'était fait avoir en participant à la normalisation. Tevrahg Zeïna comme dans tout Nouakchott, dans les boutiques et les échoppes, tout le monde a déjà accroché un portrait du général Aziz, après avoir enlevé celui du président Sidi. Sans qu'on le leur demande. Ici, on appelle tous les présidents par leur prénom : « Sidi ? Aziz ? », s'étonne un vendeur de souvenirs, « depuis le coup d'Etat, les produits alimentaires, les matériaux de construction, le gaz et les tarifs des services hospitaliers ont tous largement baissé, pourquoi se plaindre ? » Même si ces mesures sont surtout populistes, les plus avertis des Mauritaniens savent que Aziz joue une course contre la montre. Les aides internationales ayant cessé, il puise dans les maigres caisses de l'Etat et le puissant réseau des commerçants alliés pour tout subventionner. Jusqu'à quand peut-il tenir ? « Il faut qu'il tienne jusqu'aux élections de juin, résume X Ould Y. Une fois élu, il pourra faire ce qu'il veut. »
Lemden, aux origines
Du sable, encore du sable, que traverse une mince bande de goudron usé. Des dunes avachies et des oueds à sec, de la poussière jaune et quelques acariâtres acacias qui s'accrochent, comme dans tout le Sahara, aux maigres ressources hydriques souterraines et aux pluies, qui ne tombent ici que 5 jours par an au mieux. Puis subitement, une plaine verte recouverte de fines herbes. De la savane, des centaines d'arbres et des animaux, moutons, vaches et zébus, ânes et même des chevaux, gambadent dans cette oasis enserrée dans des collines de sable rouge. C'est à la bifurcation de Aqchourguitt sur la route du Mali, quelques kilomètres avant Aleg, là où les 4 Français tués par Al Qaïda-GSPC ont tout fait basculer, le tourisme, le rallye Paris-Dakar et l'indolente réputation de la Mauritanie. C'est Lemden, village natal du président déchu Sidi Ould Cheikh Abdellahi, à 250 km au sud-est de Nouakchott. Depuis sa libération saluée par tout le monde à la fin 2008, quelques jours avant la tenue des état généraux de la démocratie, le Président y est reclus en résidence surveillée. Il a bien tenté d'en sortir jeudi dernier (22 janvier) pour rejoindre Nouakchott mais les militaires l'ont bloqué sur la route en lui intimant l'ordre de rester chez lui. A l'entrée du village, la brigade de militaires postée depuis sa libération a d'ailleurs été renforcée. Lemden, petit village perdu au bout d'une piste molle, point de départ du régime de Sidioca, acronyme utilisé pour Sidi Ould Cheikh Abdellahi de son vrai nom. Après avoir contourné le poste militaire pour éviter les tracasseries, le Président me reçoit après la prière d'el 'asr dans sa résidence (voir interview) comme un envoyé d'Algérie, pays qui a fermement condamné le coup d'Etat et s'en tient à la légitimité. En Mauritanie d'ailleurs, le président Bouteflika, élu, y est très populaire, à peine un peu moins que son mentor Houari Boumediène, autre putschiste lui aussi. Il fait chaud, les boissons sont fraîches, du tajmakht berbère aux fruits du baobab et du pessap sénégalais parfumé à la fleur d'hibiscus et du thé vert bien sûr, sino-arabe, fort et très sucré, pour entamer les discussions. Inquiet mais paradoxalement calme, le Président demande des nouvelles de Nouakchott et des gens. Sont-ils encore avec lui ? Il y répond en expliquant recevoir beaucoup de personnes, simples citoyens ou notables, qui font le déplacement jusqu'à Lemden pour lui assurer leur soutien. Le règne de Abdellahi, issu de la transition démocratique, est pourtant l'objet de vives critiques. C'est lui qui a légalisé le parti islamiste Tawassoul, sorte de FIS local, leur a fait gagner plusieurs communes, donné des postes et ouvert la voie à la néo-morale islamique avec fermeture des bars et milices en patrouille. Ce n'est pas tout, il est accusé d'avoir encouragé la corruption et le népotisme, à travers la fondation de sa femme et la nomination de personnages publiquement connus pour être corrompus. Bref, de par sa mauvaise gestion, on l'accuse d'avoir engendré la cherté de la vie et accentué les problèmes économiques, la Mauritanie important à peu près tout, y compris le GSPC, produit algérien. L'insécurité a grandi, de même que les angoisses sur le futur. A toutes ces questions, le Président n'oppose qu'un seul regret, celui d'avoir nommé Ould Abdelaziz, issu de la garde des officiers de l'ex-président colonel Mouawiya Ould Taya, comme premier général de Mauritanie en janvier 2008. C'est d'ailleurs le général Abdelaziz qui a poussé le président Abdellahi au devant de la scène politique et lui qui l'en a retiré. Proverbe mauritanien : « Les pieds marchent dans le sable et la vipère vit dans le sable ; la morsure est très probable. »
Prolongations, balle au centre
Nouakchott, avec son air de Tindouf ou Tamanrasset, bigarrée d'une foule d'ethnies différentes, avec ses avenues sableuses sans trottoirs, ses innombrables Mercedes ou ses 4x4, et ses stations essence Naftec, algériennes. Ses vendeurs de cartes téléphoniques ambulants, ses chèvres, sa musique envoûtante, ses belles demeures sahariennes et ses pauvres qui vivent dans des tentes en plein boulevard. Nouakchott nouvelle année, le 1er janvier signe un nouvel exercice et des échéances pour le général au pouvoir. Ce jour-là, une course de chevaux est organisée à l'hippodrome, sérieusement intitulée « le coup du Président ». Tout va bien donc, ou presque. La veille, un attentat au cocktail Molotov contre l'ambassade israélienne a fait beaucoup de bruit mais aucun dégât sérieux. « Avec de l'essence algérienne », fait remarquer X Ould Y. Depuis l'agression israélienne contre Ghaza, les chars de la police antimanifestants, postés dans toute la ville, ont du travail. Contrer les pro-président Abdellahi qui opèrent par regroupements surprise ou les manifestants qui tentent à chaque fois et sans succès de s'approcher de l'ambassade israélienne. Le général, sous la pression, a bien rappelé l'ambassadeur de Tel-Aviv, mais les Mauritaniens demandent la rupture des relations avec Israël et la fermeture définitive de l'ambassade, ce que le général hésite à faire, pour être bien vu par l'Amérique et l'Europe, derniers alliés potentiels… avec la Guinée putschiste qui a reconnu son coup d'Etat. Résultat direct, les dernières émeutes de la mi-janvier ont été les plus graves, voitures de police brûlées, vitrines brisées, pneus enflammés, de nombreux blessés ainsi que des arrestations en masse. Le pays du 1 million de poètes – ainsi dénommé par les autres pays arabes – est sorti de sa réserve, ce qui a eu pour conséquence d'oublier un peu la situation politique interne. « Les opposants au coup d'Etat ont attendu la trêve à Ghaza pour reprendre les hostilités à Nouakchott », résume encore X Ould Y, ce qui explique la tentative ratée du président Abdellahi d'entrer à Nouakchott jeudi dernier. Qu'en est-il réellement de la normalisation du putsch ? Pour Mohamed Mustapha Badredine, vice-président du FNDD, le front du refus, rien n'est joué : « Le processus est en marche. Le 6 février prochain, l'Union africaine va appliquer les sanctions prévues par son calendrier, la question va être posée à l'ONU et les accords de Lomé vont entrer en application. » En attendant, les militants tentent de sensibiliser la population à l'inéluctabilité de la démocratie. Lalla Aïcha Sy, présidente du FONAD, un regroupement d'une dizaine d'ONG des droits de l'homme et opposées au coup d'Etat, est formelle : « C'est un processus dans tous les pays du monde, on ne peut pas laisser les militaires gouverner. » Et d'ajouter : « J'ai rencontré Aziz (le général au pouvoir), il m'a dit : ‘'c'est nous qui avons amené Sidi [le président déchu] et nous ne pouvons accepter qu'il fasse ce qu'il veut, rien ne se passera en Mauritanie sans les militaires''. » Honnête, Lalla Aïcha Sy reconnaît quand même que l'ex-président déchu a fait des erreurs : « Et alors, il faut organiser d'autres élections, c'est tout », confiant qu'elle même ne votera pas pour Sidi dans le cas d'un nouveau scrutin. C'est pourtant une dictature militaire paradoxale. Sur le terrain, une fois passé l'effroyable bidonville de Hay Saken à la sortie de la ville, c'est un no man's land qui ferait rêver n'importe quel cinéaste. Dar Naïm, vaste plaine désertique et sableuse, où un vent perpétuel repousse tous les curieux. C'est là qu'a été construite la nouvelle prison.
Les militaires sont en faction avec des jumelles et des barbelés interdisent l'accès à 200 mètres. X Ould Y, encore lui, y a ses entrées. « Il n'y a qu'un seul détenu d'opinion ici. Il s'agit Ould Abdel Khader, intellectuel reconnu et ancien ministre, auteur du célèbre Où va la Mauritanie ? », où il prévoyait d'ailleurs un nouveau coup d'Etat, arrêté il y a 3 mois pour avoir accusé le BASEP, bataillon de sécurité présidentielle, dont le chef d'état- major n'était autre que le général Ould Abdelaziz, d'être « une armée de mercenaires peuplée d'étrangers ». Effet premier, le général lui-même temporise et refuse de le juger, attendant la fin de la normalisation. Le reste ? Un journaliste, accusé de diffamation à l'encontre d'un notable, croupit dans cette prison. Un cas particulier lui aussi, explique Abdellah Mohammedi, directeur d'Al Akhbar, quotidien privé le plus sérieux et le mieux vendu avec 3000 exemplaires. Au siège de son groupe Sahara Média qui comprend aussi une agence de presse Sahara Mediaz, le « z » pour avoir été piraté sur internet par des Israéliens, avec page en hébreu et détournement du nom de domaine, il est serein : « Non, pas de problème depuis le putsch », explique-t-il sérieusement, « la presse écrite n'est pas très lue, donc pas de réel pouvoir ». Effectivement, la Mauritanie reste un bon exemple dans le monde arabe et pour Abdellah Mohammedi, l'enjeu est ailleurs : « La loi sur la libéralisation de l'audiovisuel a été votée en Mauritanie, tout le monde attend le décret d'application. » A commencer par lui, qui possède un studio moderne de TV, d'où toutes les chaînes font leurs envois en direct, à l'exception d'Al Jazeera qui a ses propres studios. Il possède aussi un studio à Dakar, où il compte monter TV et radios. Mais pour l'instant, les médias lourds sont officiels et font dans la propagande bête, comme cette suite de sketchs qui passent régulièrement en prime time sur RTM, l'ENTV locale, où le président Abdellahi déchu est dépeint dans une fiction comme fou, se croyant encore président.
Le Sans-Soucis. Un pub joyeux, juxtaposé à l'ambassade d'Israël, au détour du boulevard Charles de Gaulle, la chic avenue, « les Champs Elysées » de Nouakchott. Si l'ambassade de Palestine est dans un quartier populaire, celle d'Israël est surprotégée et l'accès aux rues interdit. Devant des verres bien remplis, les Maures, meilleurs clients, palabrent en hassaniya sur l'avenir, entourés d'une foule de belles peules et sénégalaises en attente d'une invitation. La musique est assurée par des groupes live sénégalais ou mauritaniens, version peuple ou wolof. Le scénario le plus fou ? L'élection diabolique à 4, entre les derniers présidents et l'actuel général président. Mouawiya (Ould Taya), le plus populaire, Ely (Mohamed Vall), le plus riche, Sidi (Ould Cheikh Abdellahi), le plus légitime et Aziz (Mohamed Ould Abdelaziz), l'actuel et le plus fort. Qui va gagner ? X Ould Y ne se fait aucune illusion : « Le général va se présenter et gagner les élections présidentielles. Et la Mauritanie va continuer à vivre, jusqu'au prochain coup d'Etat. » Mais qui est X Ould Y ? C'est peut-être un prochain président, d'un pays qui en change beaucoup.


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