Lors de sa visite dans la wilaya de Constantine et en réponse aux questions des journalistes sur la décoration des harkis par le président français, Emmanuel Macron, le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, a affirmé que cette histoire ne concerne pas l'Algérie. «Les harkis est une question franco-française. Ce n'est pas notre problème. Ce qui nous intéresse en tant qu'Algériens, c'est notre histoire. Donnez de la valeur à notre histoire, Développez notre histoire, aimez cette histoire pour défendre notre pays», a-t-il déclaré lors d'un point de presse organisé non loin de la tombe du martyr Zighoud Youcef, décédé le 25 septembre 1956. Dans le but de transmettre un message bien précis, le ministre des Moudjahidine a évoqué les tortures qu'a subies la population algérienne durant le colonialisme français et affirmé qu'il y avait beaucoup de victimes même après 1962. «Il est très important de visiter ces endroits et se rappeler les exploits et les symboles de la Révolution… Il y a des parties de l'histoire que la population algérienne devrait connaître, où beaucoup de gens étaient victimes des crimes du colon, qui a placé du fer barbelé et sous terre des mines antipersonnel un peu partout, même au Sahara. Ces mines ont tué plusieurs personnes depuis l'indépendance jusqu'en 2016. Heureusement, l'armée algérienne a nettoyé ces endroits, avant de les livrer aux communes», a-t-il rappelé, en insistant sur l'importance de la mémoire dans l'enseignement de l'histoire. Et de poursuivre : «Lorsque l'on parle de la France, on parle des montagnes de crânes. Lorsque l'on parle de la France, on parle des oueds, rivières ou océans de sang des Algériens. A ce jour, en 2018, nous cherchons toujours les dépouilles de martyrs dans les casemates, et nous sommes en train de les enterrer. Le peuple doit savoir que l'Algérie a payé le prix cher.» Recensement des crimes du colon en Algérie Par ailleurs, Tayeb Zitouni a annoncé une nouvelle opération de recensement des crimes exercés contre les Algériens entre 1830 et 1962. Il a précisé : «Nous sommes en train de recenser ce que les Algériens ont subi, et nous avons entamé cette opération avec le centre des études et des recherches sur le Mouvement national et la Révolution. Nous avons commencé un recensement de tous les crimes exercés contre la population algérienne, dans le but, non pas de nous enorgueillir, mais d'informer et enseigner à la population algérienne les crimes qu'ont subis les Algériens durant l'époque coloniale.» Sur le même sujet, M. Zitouni a affirmé qu'une autre équipe est en train de travailler, en parallèle, sur «les crimes commis après 1962, à cause des fers barbelés et les mines antipersonnel enfouies sur les lignes Challe et Morice». Pour ce qui est de l'enseignement de l'histoire et son écriture, il a souligné que la population actuelle est plus consciente et éveillée. «Nous pourrons dire qu'il y a un réveil pour l'écriture de l'histoire. Vous avez remarqué que les moudjahidine écrivent aujourd'hui leurs mémoires (…). Le ministère a supprimé tous les obstacles et tout ce qui était interdit. Je défie quiconque de dire que le ministère des Moudjahidine a interdit d'écrire ou de réaliser un film. Mais il y a des lois à respecter et des règles pour glorifier notre histoire, et pas pour glorifier l'autre», a-t-il dit, avant de conclure sur le film de Zighoud Youcef : «Le scénario a été approuvé par le ministère des Moudjahidine, et nous sommes en train de réfléchir pour trouver un sponsor.»