Le président de l'Assemblée populaire nationale (APN), Saïd Bouhedja, monte encore une fois au créneau pour donner de nouveaux éléments concernant le blocage de l'institution qu'il préside. Il accuse nommément le Premier ministre et secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, d'être à l'origine de la situation qui prévaut actuellement à l'Assemblée. «Mon affaire n'est pas avec les députés qui m'ont soutenu et ont voté pour moi. Le problème est entre moi et Ahmed Ouyahia», nous déclare Saïd Bouhedja, qui s'est exprimé quelques minutes seulement après la sortie médiatique du patron du RND qui a évoqué la question. Alors qu'Ahmed Ouyahia affirme que «ce sont les députés qui sont le président de l'Assemblée», Saïd Bouhadja rétorque : «C'est faux ! Je lui dirai (à Ahmed Ouyahia, ndlr) que le problème est entre lui et moi.» Outre le patron du RND, le président de l'APN impute aussi la responsabilité de cette situation aux chefs des partis de la majorité, dont le secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès. «Ahmed Ouyahia a donné instruction aux députés de son parti pour appuyer cette fronde. Cette dernière est venue de l'extérieur. Ce sont les chefs des partis qui l'ont fomentée pour attaquer l'institution et provoquer une vacance politique et constitutionnelle. Ils veulent ainsi réaliser ce qu'a déclaré récemment l'ancien ambassadeur de France à Alger, Bernard Bajolet», lance-t-il, sans plus de précisions. Tout en réitérant son refus de se soumettre «à ces injonctions malsaines», Saïd Bouhadja estime que «l'arrière-pensée de ceux qui ont lancé cette campagne est sournoise». «Ahmed Ouyahia et les autres auraient pu m'appeler. Je suis ouvert au dialogue. Je suis légaliste et très attaché aux lois de la République. Mais avec ce procédé, ils ne m'auront pas», lance-t-il, en réitérant son soutien au président Bouteflika. Saïd Bouhadja évoque, dans la foulée, les questions de la «légitimité» et de «l'illégitimité» dans cette affaire. «Les directions des partis prétendent que le problème est entre moi et les députés. Non. Il y a des instructions partisanes aux députés pour mener cette action contre moi», ajoute-t-il. Lors d'une conférence de presse animée, hier matin, le Premier ministre et patron du RND, rappelons-le, avait affirmé que «le blocage de l'APN est dû à un différend entre le président de l'institution et les députés». Il invite ainsi, implicitement, Saïd Bouhadja à démissionner. «S'il s'est exprimé en tant que Premier ministre, il faut qu'il sache que la Constitution révisée en 2016 a consacré la séparation des pouvoirs. S'il l'a fait au nom de son parti, la loi ne lui permet de s'ingérer dans les affaires de l'APN. Je refuse le piétinement des lois régissant l'Assemblée», lui rétorque Saïd Bouhadja. Et d'ajouter : «Il y a un complot contre moi.» La situation de blocage de l'APN dure, rappelons-le, depuis plus d'une semaine. Face aux pressions des partis de la majorité et leurs groupes parlementaires qui lui demandent de démissionner, Saïd Bouhadja résiste. Mercredi dernier, il avait reçu le soutien de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM), dont les membres sont majoritairement des militants du FLN et du RND.