Le président français, Emmanuel Macron, semble déterminé à tenir sa promesse électorale de mener le débat sur les questions de mémoire entre l'Algérie et la France jusqu'au bout et «sans complexe». Après avoir reconnu, en septembre dernier, la responsabilité de l'Etat français dans la mort de Maurice Audin sous la torture, il a estimé hier, à l'occasion de la commémoration du 57e anniversaire du massacre du 17 Octobre 1961, que «La République française doit regarder en face ce passé récent et encore brûlant». Et de poursuivre : «C'est la condition d'un avenir apaisé avec l'Algérie et avec nos compatriotes d'origine algérienne.» Cette déclaration, faite sur son compte Twitter, est perçue comme une volonté de préparer l'opinion publique française à une prochaine reconnaissance de cette sanglante répression comme un crime d'Etat colonial, tel que le revendiquent depuis quelques années les associations et mouvements politiques regroupés dans le Collectif du 17 Octobre 1961. Pour rappel, l'ancien président français, François Hollande, avait fait un premier pas dans ce sens. «Des Algériens qui manifestaient pour le droit à l'indépendance ont été tués lors d'une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits», a-t-il déclaré le 17 octobre 2012. Comme à l'accoutumée sur ce genre de sujets, la profession de foi d'Emmanuel Macron a aussitôt fait réagir l'extrême-droite. Ainsi, pour Louis Aliot, vice-président du Rassemblement national et compagnon de Marine Le Pen, «il s'agit encore d'une repentance inutile pour plaire à un pouvoir autoritaire et corrompu». En attendant que Macron joigne les faits à la parole en reconnaissant ce crime d'Etat et en le condamnant par un geste fort et symbolique, le travail de mémoire et l'effort de vérité poursuivent leur longue marche. En présence de l'ambassadeur algérien, Abdelkader Mesdoua, avec lequel elle a déposé une gerbe de fleurs au niveau de la plaque commémorative du pont Saint-Michel, la maire de Paris, Anne Hidalgo, a annoncé qu'une stèle sera érigée d'ici le 17 octobre prochain pour «célébrer la mémoire des victimes et leur rendre l'hommage qu'ils méritent». Le même lieu, où des dizaines de manifestants algériens revendiquant pacifiquement l'indépendance de leur pays ont été noyés par la police française sous les ordres du sinistre Maurice Papon, a accueilli durant toute la journée une dizaine de rassemblements organisés par des organisations de la société civile. En outre, plusieurs manifestations culturelles ont été tenues partout en France, particulièrement dans la région parisienne (Asnières sur Seine, Sarcelles, Saint-Denis, Clichy-sous-Bois, Vitry sur Seine, Nanterre, etc.). Samir Ghezlaoui