Le chef de la rébellion au Yémen a promis, hier, de ne pas céder face aux forces progouvernementales, faisant craindre une bataille féroce dans la cité portuaire d'Al Hodeïda où les humanitaires s'inquiètent pour les civils et comment transmettre l'aide à une population menacée par la famine, rapportent les médias. Les forces loyales au président Abd Rabbo Mansour Hadi, avec l'aide militaire de l'Arabie Saoudite voisine et des Emirats arabes unis, tentent depuis 2015 de chasser les rebelles houthis des vastes régions qu'ils ont conquises, dont la capitale Sanaa. La reprise aux rebelles d'Al Hodeïda (ouest) est très importante, dans la mesure où c'est par le port de cette ville sur la mer Rouge que transitent près des trois quarts des importations et de l'aide tant nécessaire à la population. «Est-ce que l'ennemi pense que pénétrer dans tel ou tel secteur, ou prendre telle ou telle zone, veut dire que nous allons être convaincus, que nous devons nous rendre ou remettre le contrôle» d'Al Hodeïda à la coalition militaire sous commandement saoudien, a demandé le chef politico-religieux, Abdel Malik Al Houthi. «Cela ne se produira jamais.» Inquiétudes Depuis l'intensification, le 1er novembre, des frappes aériennes et des opérations au sol, près de 200 combattants des deux camps ont péri. «Ce que nous redoutons le plus, c'est que l'escalade de la violence compromette des efforts humanitaires qui sont vitaux», a déclaré la responsable de la communication du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) au Moyen-Orient, Juliette Touma. Et d'ajouter : «Le port d'Al Hodeïda est vraiment la ligne de vie dans ce pays en guerre.» En indiquant que l'Unicef faisait parvenir des fournitures et de l'aide pour des millions d'enfants à bord de petites embarcations via des points d'entrée à Al Hodeïda, qui «doivent continuer à fonctionner». Déjà la veille, l'Unicef et l'organisation Médecins sans frontières (MSF) ont exprimé leurs craintes face aux bombardements qui ont visé des cibles proches de deux hôpitaux de cette ville de quelque 600 000 habitants, dont certains ont fui. «Les combats intenses se sont rapprochés dangereusement de l'hôpital Al Thawra, ce qui met en danger de mort 59 enfants, dont 25 sont en soins intensifs», a averti l'Unicef. De son côté, MSF s'est inquiétée du sort «des malades et du personnel de l'hôpital Al Salakhana». Pour la responsable des projets de MSF au Yémen, Caroline Seguin, l'organisation est «réellement inquiète» d'un éventuel encerclement total d'Al Hodeïda qui serait «une catastrophe». Porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Yémen, Mirella Hodeib, a appelé «toutes les parties à épargner les civils et les infrastructures civiles». Elle a cité en particulier l'hôpital Al Thawra, «l'un des plus grands de la ville», qui est très proche de la «ligne de front», ainsi que les réservoirs d'eau et les centrales électriques. Mme Hodeib a demandé aussi aux belligérants de «permettre le passage en sécurité des civils qui veulent fuir».