Au moins sept personnes ont été tuées hier à Madagascar par la police qui a ouvert le feu sur une manifestation de l'opposition dans la capitale Antananarivo. Un groupe de partisans du maire déchu de la capitale Andry Rajoelina, devenu le principal opposant au pouvoir malgache, a commencé à marcher vers un des bureaux du président Marc Ravalomanana, après un face-à-face de près d'une heure avec les forces de l'ordre. Un premier cordon de policiers anti-émeute s'est replié face à l'avancée des manifestants, mais un second cordon, plus proche du palais présidentiel, a tiré à balles réelles. Peu auparavant, le maire de la capitale, 34 ans, avait, devant quelque 20 000 partisans réunis sur la place du 13-Mai, pris la tête d'une « Haute Autorité de transition » qu'il venait de créer, franchissant une nouvelle étape dans son opposition au régime. Il avait ensuite appelé ses partisans à se rendre vers le palais présidentiel pour y installer le « Premier ministre » qu'il venait de nommer. Andry Rajoelina, qui a engagé des procédures pour destituer le président Ravalomanana, a lui-même été destitué par les autorités. « Vu le vide institutionnel relatif à la procédure de destitution du Président (...), Andry Rajoelina est nommé président de la Haute Autorité de transition », a déclaré à la tribune, sur la place du 13-Mai, une proche du maire élu de la capitale malgache. M. Rajoelina a ensuite nommé « son » Premier ministre, Roindefo Monja, un homme politique de Tulear (sud-ouest). Ce dernier sera chargé d'un « gouvernement d'unité nationale où toutes les régions seront représentées », a déclaré Andry « TGV », le surnom que lui ont donné ses supporters pour son caractère fonceur. « Si l'Assemblée nationale n'arrive pas à se décider, ni le Sénat ni la Haute Cour constitutionnelle (HCC), c'est la voix du peuple qu'on doit écouter », avait justifié en préambule M. Rajoelina. Ce dernier, qui a été destitué de son mandat de maire par les autorités, a engagé des procédures de destitution de M. Ravalomanana devant ces trois institutions. La HCC s'est d'ores et déjà déclarée incompétente. Au terme de ce nouveau rassemblement sur la place du 13-Mai, lieu historique de la contestation politique malgache situé au cœur d'Antananarivo, M. Rajoelina, 34 ans, a appelé ses partisans à marcher vers le bureau du président de la République, à quelques centaines de mètres de distance. Et cela s'est terminé dans un bain de sang.