La Tariqa Tidjania est considérée comme un levier politique et diplomatique de premier ordre, ce qui explique les fréquentes visites aux zaouïas locales du président de la République. Du mysticisme à la politique, un seul pas à franchir. Comme il fallait presque s'y attendre, le très influent ordre soufi, la Tariqa Tidjania, zaouïa fondée en 1789 par Cheikh Ahmed Tidjan, a rejoint hier, officiellement, le cortège des clameurs du 3e mandat pour Abdelaziz Bouteflika. Après les partis politiques, les organisations de masse, les associations de la société civile…, les confréries religieuses apportent, elles aussi, leur précieux soutien au « président candidat ». Un juste renvoi d'ascenseur pour celui qui les a réhabilitées en 1999. L'élection du président Bouteflika avait, en effet, sonné le réveil des zaouïas, longtemps ostracisées par les pouvoirs successifs, notamment pour leur conservatisme affiché et surtout pour leur passé « collaborationniste » avec les forces coloniales. La Tidjania, présente dans une dizaine de pays, africains surtout, comptabilise, selon des estimations quelque 350 millions de disciples à travers le monde. La Tariqa Tidjania est considérée comme un levier politique et diplomatique de premier ordre, ce qui explique, entre autres, les fréquentes visites aux zaouïas locales du président de la République lors de ses tournées à l'intérieur du pays. Une semaine après avoir rendu public son « soutien » à la réélection du président Bouteflika (communiqué diffusé au terme d'une rencontre de cette confrérie à Aïn Madhi, Laghouat), le califat général de la Tidjania, El Hadj M'hamed Ben Sidi Mahmoud, récidive à Alger. Le chargé des affaires de la Tidjania, Mohamed El Habib, a appelé hier, lors d'une conférence de presse animée à Alger, le président de la République à se porter candidat à sa propre succession. « Pour servir ce pays. Par souhait de voir l'Algérie épouser le progrès et le développement », a-t-il dit. La Tidjania est, a-t-il affirmé, mue par le désir de faire triompher le projet réconciliateur du président Bouteflika. Et d'ajouter : « Seuls les prétentieux pourront nier les bienfaits de la réconciliation nationale » qui a « éteint les feux de la fitna (discorde) ». Questionné à propos des aides et subventions que reçoit la Tidjania de l'Etat, M. El Habib répond que celles-ci sont « très limitées ». Selon le conférencier, la contribution de l'Etat à la trésorerie de la zaouïa est infime, sauf lors de la tenue du 1er colloque international sur la Tariqa Tidjania, « pris en charge financièrement par le ministère des Affaires religieuses ». « Rendez-nous visite au siège de la confrérie et vous aurez un aperçu du montant du soutien financier que l'Etat nous accorde », a-t-il lancé à la presse. Le colloque, organisé en novembre 2006, avait vu la participation de plus de 40 pays, 6 ambassadeurs, 120 personnalités marquantes de la Tidjania. Il avait été financé sur les deniers publics.