Lors d'une déclaration faite hier à la presse, à l'issue de son entretien avec le ministre des Affaires étrangères algérien M. Brahimi a expliqué qu'une position unifiée des Arabes concernant la crise irakienne était souhaitable pour «aider l'Irak à enrayer les séquelles de la guerre et soutenir le peuple irakien dans la reconstruction de son pays». Comme pour insister sur l'obligation faite aux pays arabes de venir en aide aux Irakiens, il rappellera que «l'Irak est une partie intégrante de la nation arabe». A signaler que l'envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies en Irak n'a pas précisé la nature de l'aide devant être apportée aux Irakiens par les pays arabes. Au premier abord, les autorités algériennes ne devraient pas voir d'inconvénient à aller dans le sens souhaité par Lakhdar Brahimi, surtout si l'aide arabe doit se limiter à l'humanitaire. Il est à rappeler que l'Algérie figure parmi les premiers pays ayant instauré un pont humanitaire avec Baghdad après la première guerre du Golfe. A l'inverse, il peut s'avérer bien difficile pour Lakhdar Brahimi de convaincre Alger d'engager des contingents de l'ANP pour des opérations de maintien de l'ordre en Irak si telle était son intention en venant en Algérie. Car par rapport à cette question précise, le ministre des Affaires étrangères a clairement affirmé samedi que «l'Algérie n'enverra pas de troupes en Irak». A rappeler que lors de la réunion, jeudi dernier, à Tunis de la «troïka» arabe, composée de la Tunisie, l'Algérie et Bahreïn, le ministre irakien des Affaires étrangères, Hoshyar Zebari, a réclamé l'aide des pays arabes et l'envoi de troupes de ces pays à Baghdad pour faire avancer le processus politique et stabiliser le pays. L'Arabie Saoudite avait fait part, le même jour, de l'élaboration d'un projet consistant en l'envoi de forces de pays musulmans en Irak. Le plan de Ryad a été qualifié d'«intéressant et de bienvenu» par le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell. Lakhdar Brahimi, qui est venu en Algérie avec l'intention de «brieffer» les autorités algériennes sur le dossier irakien dans la perspective de la tenue du prochain sommet arabe à Alger prévu en 2005, s'est également entretenu avec Abdelaziz Belkhadem sur les questions palestinienne et afghane. Les discussions ont permis aux deux parties d'échanger des vues sur plusieurs questions intéressant l'Algérie. «Ma rencontre avec Abdelaziz Belkhadem a porté sur la question irakienne et l'action accrue de l'Algérie en Afrique, dans le monde arabe et la Méditerranée», a déclaré M. Brahimi à la presse. Lakhdar Brahimi, qui a été reçu, par ailleurs, par le président Bouteflika, a précisé que «ces régions retiennent l'attention des Nations unies». Si les sujets susceptibles d'avoir été abordés peuvent être nombreux, des sources crédibles assurent que les relations algéro-marocaines et la question du Sahara-Occidental n'ont cependant pas été évoquées lors de ces discussions. Considéré comme l'un des plus éminents spécialistes de l'Afrique et du monde arabe, M. Brahimi a, mentionne-t-on, déjà été chargé par les Nations unies de préparer la transition à la phase d'après-guerre et de reconstruction de l'Afghanistan avant de se voir confier le dossier brûlant de l'Irak. Avant de rejoindre l'ONU en 1994, Lakhdar Brahimi avait occupé les fonctions de ministre des Affaires étrangères.