Il est vrai que pour vivre ici il faut en avoir les moyens. Certains n'arrivent même plus à apprécier le calme et la simplicité des lieux. Mais les amateurs du désert parviennent à transpercer la face défigurée et voir autre chose que de hauts bâtiments plantés dans le sable. Ils sont nombreux qui s'obstinent à croire au contact avec le vrai Sahara. Tout est question d'organisation. Avouons-le : au crépuscule, les sorties sont des plus agréables. Ce n'est pas la montre qui ordonne l'existence quotidienne ici. Soleil le jour et étoiles la nuit la régissent si bien. A Ouargla, on se plie à cette règle. On se cache le jour et on sort la nuit à la recherche d'une possibilité de veillée. L'appel du sable est si fort qu'à la recherche d'air frais, familles et solitaires parcourent plus de vingt kilomètres pour atteindre les dunes de Sidi Khouiled. Une oasis dans le désert Pour peu qu'on ait un moyen de locomotion, on peut se contenter du transport rural ou d'un taxi au besoin, rendez-vous est pris avec la kyrielle de palmeraies des deux rives de la double voie menant vers Chott et Aïn Beïda. Croyez-moi, il y fait nettement plus frais qu'ailleurs. La fraîche humidité émanant des oasis est tellement envoûtante ! Après, on n'en a que pour 10 minutes de route et voici qu'à gauche apparaissent les premières dunes de Sidi Khouiled. Modeste chef-lieu de commune et de daïra, le ksar ouvert du saint marabout «Khouiled» possède sans doute le plus beau cordon dunaire de la région. Une immensité de sable allongée sur plus de dix hectares avec un must. Une remarquable hauteur. Des dunes en éternelle reconstitution grâce au «rih» perpétuel qui souffle sur ce couloir de vents pour le bonheur de ceux qui n'ont pas eu la chance d'aller à la plage. Ou peut-être se sentent-ils gâtés par l'air pur, le sable immaculé et le ciel clair ! Le contact de l'épiderme avec «errmel» a ses bienfaits. Relaxant après une longue claustration, frais après l'enfer de la journée. D'aucuns diront à quoi bon se plaindre quand on sait que Sidi Khouiled offre ses agréments pour qui sait attendre le crépuscule. La grande leçon du désert n'est-elle pas la patience, la soumission au réel. Autant la chaleur afflige par sa force et sa ténacité, la fraîcheur douce et humide apaise les maux du corps et l'âme.
