Les unités de production implantées à Aïn Beïda, Meskiana et Aïn M'lila ont procédé à un dégraissement massif de leurs effectifs. Les exemples sont légion : la Filab (filature de Aïn Beïda), l'Elatex (lavage et peignage de Meskiana) sont en nette régression, surtout la dernière citée dont le dégraissement a touché les trois tiers des effectifs. De 420 ouvriers, le personnel est descendu à 120. Faute de matière première, l'unité ne tourne qu'au ralenti. On parle même de sa fermeture. A moins que… La zone industrielle d'Aïn Beïda ne compte que de petites unités de limonaderie, de carrelage et d'emballage. En somme, ce sont de petites entreprises qui n'emploient que peu d'ouvriers. L'entreprise étatique du bâtiment EPBTP, sise à la zone industrielle de Aïn Beïda, a été dissoute, ce qui a engendré la suppression de plusieurs dizaines d'emplois. Même chose pour l'unité SNTR dont les ateliers seront affectés au centre universitaire Larbi Ben M'hidi pour servir d'institut de mécanique pour 259 étudiants. Bien avant cela, l'Ecotex (filiale de Sonitex), spécialisée dans la confection du bleu de travail, avait fermé ses portes, pour libérer la centaine d'ouvriers et d'ouvrières qu'elle employait. Les unités de bois, tant à Aïn Beïda qu'à Aïn M'lila, ont subi des compressions pour passer du statut d'entreprise publique à celui de SPA. C'est dire qu'à Oum El Bouaghi, le secteur industriel ne constitue pas le fer de lance de l'économie de la région, laquelle continue à dépendre dans une large mesure du secteur agricole. «C'est dans l'agro-industrie qu'il faut investir», nous dit un citoyen. Au vu des potentialités de la région, c'est le seul créneau qui mérite d'être investi. La création d'une industrie agricole et l'implantation de petites unités de conserverie réduiront dans une large proportion la crise de chômage qui étouffe une grande frange de la jeunesse. Un exemple pour illustrer le calvaire des jeunes diplômés : Amara est ingénieur en électromécanique. Il a dépassé la trentaine et n'a jamais travaillé à temps plein. Neuf ans après sa sortie de l'université, il n'a toujours pas d'emploi. Comme lui, il y en a des centaines à travers la wilaya. Certains de guerre lasse, ont accepté de petits boulots, comme serveurs. Les plus chanceux même sans diplôme ont trouvé du travail dans le Sud qui comme vigile dans une société, qui dans un restaurant, qui comme chauffeur. N'empêche, chaque année, ce sont de nouveaux candidats qui arrivent sur le marché du travail. Des collégiens et des lycéens rejetés par le système scolaire viennent grossir les rangs des chômeurs. Aïn M'lila, Aïn Beïda et à un degré moindre Oum El Bouaghi et Sigus souffrent du phénomène qui s'amplifie chaque année. Quand on interroge les jeunes, qu'ils soient au chômage ou vendeurs à la sauvette, leur réponse est la même : «Notre pays est riche et son peuple est pauvre.» Allusion faite aux rentrées de la manne pétrolière.Aussi, beaucoup caressent l'espoir d'émigrer un jour pour faire fortune. C'est un espoir somme toute légitime. Surtout à voir tous les investissements consentis pour mettre sur les rails la région et la doter d'une industrie créatrice d'emplois, on a de la peine à croire ce qu'endurent les jeunes, face au spectre du chômage. La petite industrie s'est désagrégée à la vitesse de l'éclair, sans que toutes les ressources que recèle la région soient judicieusement et utilement exploitées, en particulier le secteur agricole qui traîne encore.