La criminalité sous toutes ses formes a connu une hausse inquiétante durant l'année 2008. Pour divers crimes et délits, 40 121 affaires (4452 crimes, 35 491 délits et 178 contraventions) ont été traitées par les unités de la Gendarmerie nationale durant l'année précédente, selon le bilan rendu public hier par le colonel Zeghida Djamel, chef de la division police judiciaire du commandement de la Gendarmerie nationale. Ces affaires ont conduit à l'arrestation de 57 410 personnes et à l'exécution de 9871 mandats de justice, selon le bilan présenté à la presse. Cette situation montre une hausse de 14% en matière d'affaires traitées et de 24% concernant le nombre de personnes arrêtées par rapport à l'année 2007. L'action de la Gendarmerie nationale s'est traduite par un taux de résolution de 85,35% des affaires traitées. Le reste des affaires non résolues concerne particulièrement celles de la contrebande et des atteintes contre les biens (vols). Plus en détail, le bilan de la gendarmerie montre une baisse de l'ordre de 9% des affaires de droit commun traitées (20 218), mais une augmentation de 15% (27 567 mis en cause) de personnes arrêtées dans le cadre de ces affaires. Un total de 12 227 personnes ont été mises sous mandat de dépôt, dont la plupart pour atteinte contre les personnes. Il convient de préciser que les atteintes contre la quiétude publique est en nette augmentation (hausse de 37%). Les atteintes aux biens (42% des affaires de droit commun), dont le vol reste l'infraction la plus saillante (78% des atteintes), ont diminué de l'ordre de 15%. Il est à remarquer une augmentation inquiétante des attentats à la pudeur : +82% par rapport à 2007. Dans ces affaires, 1000 personnes ont été mises en cause, dont 93 femmes et 233 mineurs. Pour ce qui est du crime organisé, celui-ci a connu une hausse en affaires traitées et une baisse de 2% en personnes arrêtées. Pas moins de 7248 personnes ont été écrouées, dont la majorité pour trafic et consommation de stupéfiants, dans le cadre de ces affaires. Il n'est pas sans rappeler qu'en 2008, des saisies record ont été effectuées pour ce qui est de la drogue, particulièrement le kif traité. Près de 30 tonnes de kif traité ont été saisies par les unités de la Gendarmerie nationale (pour la plupart les garde-frontières), alors qu'en 2007 moins de 5 tonnes ont été saisies. Le bilan de la Gendarmerie nationale montre d'ailleurs une augmentation en affaires de l'ordre de 17% et de 15% en personnes arrêtées pour ce qui du trafic de stupéfiants. Le colonel Zeghida Djamel explique cela par les fait que ses unités ont tiré des enseignements des expériences passées concernant la lutte contre les réseaux de trafic de drogue, ce qui a permis un renforcement des dispositifs à la frontière ouest du pays. Pour cet officier, suite au renforcement de la sécurité en Europe, les narcotrafiquants ont opté pour les pays du Sahel (l'axe Maroc, Algérie, Mauritanie, Niger et Libye) pour faire transiter leur drogue. 1262 étrangers arrêtés Par ailleurs, le trafic d'armes et de munitions a pris une ampleur inquiétante en 2008 : une hausse de 26% en termes d'affaires, qui ont conduit à la mise sous mandat de dépôt de 612 personnes. Par contre, le trafic de véhicules a nettement diminué par rapport à 2007 avec -59% des affaires traitées. Pour ce qui est du faux, qui constitue 10% du crime organisé, 1174 affaires ayant conduit à la mise sous mandat de dépôt de 804 personnes ont été enregistrées en 2008. Les affaires pour faux, sur certains documents administratifs, sont en augmentation de 9%. Cela étant, l'Algérie reste un pays de transit pour les immigrants des pays du Sahel. L'immigration irrégulière a, d'ailleurs, connu une hausse de 13% en affaires et de 12% en termes de nombre de personnes arrêtées. 1262 étrangers, tous des Africains, pour la plupart des Nigériens, ont été écroués, alors que 6249 ont été refoulés en 2008. Leurs points de passage restent les wilayas de Tamanrasset, Illizi et Tlemcen. Quant à l'émigration irrégulière (la harga), le bilan de la Gendarmerie nationale montre une diminution de l'ordre de 70% par rapport à 2007. Sur 320 personnes mises en cause, 188 ont été écrouées. Pour le colonel Zeghida Djamel, « en tant qu'institution, la priorité n'est pas de mettre en prison les harraga, mais de démanteler les réseaux de passeurs de ces aventuriers ». Pour ce qui est de la contrebande, qui a connu, elle aussi, une hausse par rapport à 2007, 4332 affaires ont été traitées par les unités de la Gendarmerie nationale en 2008. L'exportation illicite de carburant demeure l'infraction la plus saillante avec 217 affaires résolues.