Une année 2005 qualifiée aussi de «charnière « pour les finances publiques et l'économie algérienne dans la mesure où elle constitue la première tranche du programme quinquennal (2005-2009) lancé tout récemment par le chef de l'Etat. Partant de là, la loi de finances pour 2005 a été élaborée en fonction de la stratégie financière à moyen terme du pays. Ainsi, après avoir rappelé le taux de croissance réalisé en 2003 (6,8%), l'argentier du pays prévoit une croissance économique soutenue au cours des cinq prochaines années. Mais il s'agit, note le conférencier, d'une croissance qui «va être tirée par les hydrocarbures, l'agriculture et les services» à défaut d'une forte croissance industrielle. Cette dernière représente, reconnaît le ministre, «le talon d'Achille» de l'économie nationale. En matière d'équilibres budgétaires, les finances publiques restent, souligne M. Benachenhou, exposées à plusieurs risques. Le premier de ces risques est «la faible part de la fiscalité ordinaire dans les recettes budgétaires et la prédominance de la fiscalité pétrolière sujette à la volatilité du prix des hydrocarbures et à l'imprévisibilité relative aux volumes». A ce sujet, l'orateur dira que «au vu du niveau de croissance actuel, il n'est pas normal que l'impôt stagne». «Notre croissance est pauvre en fiscalité», ajoute-t-il, en qualifiant cette situation fiscale «d'anormale». Des mesures sont attendues pour remédier à cette situation, a annoncé le ministre à l'assistance. Pour bien illustrer ses propos, l'argentier du pays cite l'exemple de l'impôt sur le revenu global ( IRG) et l'impôt sur le bénéfice des sociétés (IBS). L'IRG salaire, qui a représenté en 2003 un taux de 50,12%, indique-t-il, «est en train de rattraper le niveau de croissance alors que l'IBS (36,10%) traîne derrière». Une situation que le ministre impute au nombre important d'exonérations dont bénéficient les entreprises, notamment dans le cadre des incitations à l'investissement et dans le secteur agricole. «C'est une anomalie fiscale» pour M. Benachenhou, qui affirme que «l'Etat est en train de se priver de ressources supplémentaires». «Nous allons réduire les dépenses fiscales liées à l'exonération», a-t-il annoncé. La responsabilité d'une telle situation est à la fois imputée, selon lui, «à l'administration fiscale et aux contribuables». Le deuxième risque cité par le conférencier réside dans le fait qu'une «sphère trop vaste et encore trop inefficace de la dépense publique qui prive le développement humain de moyens nécessaires et réserve une faible part de l'action économique productive de l'Etat». Il dira à ce propos que l'Etat prévoit pour les prochaines cinq années «d'accélérer les recettes budgétaires et freiner les dépenses». Une mesure qui devra, selon lui, «rapetisser» le déficit budgétaire. Le ministre des Finances informera, à l'occasion, sur l'engagement du président Bouteflika de lui «founir tous les moyens» afin qu'il mène jusqu'au bout la réforme fiscale. Pour l'année 2005, la dépense publique atteindra 1950 milliards de dinars, ce qui représente, indique le ministre, 37,5% de la richesse nationale. En 2009, l'Etat ne dépensera que 30,5%. «Nous allons vers plus de sagesse dans la dépense budgétaire», renchérit-il. En somme, conclut le ministre, la stratégie financière du pays à moyen terme (2005-2009), nécessitant la mobilisation de 3800 milliards de dinars (50 milliards de dollars), ce qui représente l'équivalent de 12,7% de la richesse nationale produite au cours de la période considérée, «doit inverser la tendance ancienne des recettes et des dépenses». L'objectif recherché est d'«atteindre une évolution dégressive des déficits budgétaires pour freiner l'endettement public et restituer au marché la responsabilité et les moyens de la conduite des investissements qui lui reviennent normalement dans une économie de marché».