Si la Semaine de la mode s'est développée(15 défilés en 1994, 45 en 2004), elle n'a pas l'influence de Paris (160 défilés) ou celle de New York (90 défilés). Mais Pringle, Vivienne Westwood, la Grecque Sofia Kokosalaki et la marque italienne Gibo, repartie à Milan, sont absents de la scène londonienne. La Semaine de la mode peine à attirer les acheteurs des grandes maisons où les rédactrices en chef des revues de mode qui comptent, éreintées par le circuit des défilés qui les mènent en quatre semaines de New York à Londres, avant Milan puis Paris. «Les stylistes se demandent parfois si cela vaut vraiment la peine d'investir tant d'argent et de travail dans ces défilés, destinés à les faire remarquer du monde entier, s'ils n'y rencontrent que des gens qu'ils voient tous les jours», explique Stéphanie Salti, correspondante de la revue professionnelle Fashion Daily News. Cette année, plus de 4500 personnes (acheteurs, rédactrices de mode, photographes) sont attendues sous la tente des défilés, près de King's road, à Chelsea. Parmi elles, figurera l'influente Concetta Lanciaux, l'oreille du patron de LVMH Bernard Arnault, à la recherche de nouveaux talents pour les marques du groupe et d'un successeur à Julien MacDonald pour Givenchy-femmes. Londres est depuis longtemps, grâce à l'école de design Central St Martin, un incubateur de talents, auxquels elle apporte un soutien qu'ils n'ont pas ailleurs. Ainsi, la chaîne de vêtements Topshop sponsorise des jeunes créateurs finançant leurs défilés pendant quatre saisons. En échange, elle s'inspire de leurs idées pour ses propres vêtements vendus au grand public.Mais, après avoir pris leur envol, les plus doués iront développer leur talent sous d'autres cieux, comme l'ont fait dans le passé Stella McCartney, Alexander McQueen, John Galliano ou Hussein Chalayan. «Les créateurs qui font l'actualité à Paris sont britanniques, comme Galliano, McQueen, McCartney, Phoebe Philo (Chloé) ou Oswald Boateng (Givenchy hommes)», explique-t-on au Conseil britannique de la mode.Mais chaque année, des maisons renoncent à leurs défilés à Londres, comme Pringle, qui, deux ans après sa relance destinée à remettre au goût du jour cette marque associée au golf, montrera ses collections en privé. L'ex-égérie des punks Vivienne Westwood défile à Paris pour sa ligne femmes et à Milan pour sa ligne hommes. La marque italienne Gibo est repartie à Milan.En revanche, Paul Smith reste fidèle à la scène londonienne, de même que Nicole Farhi, Julien Mac Donald, Betty Jackson, Jasper Conran ou Clements Ribeiro. «Pour beaucoup d'étrangers qui sortent de Central St Martins, la semaine des défilés de Londres est une excellente plate-forme de lancement», explique Stéphanie Salti. Le Conseil britannique de la mode a compensé ces départs par un afflux de nouveaux créateurs : Alistair Carr, Swash, Ashish, Gardem, Camilla Staerk qui défilent pour la première fois de leur vie. Parmi les «jeunots», il y a aussi Jonathan Saunders et Bora Aksu. Des talents déjà prometteurs seront surveillés : Jonathan Saunders, dont les imprimés sont le point fort, Giles Deacon, Boudicca, les jumelles géorgiennes Tatanaka et le Danois Jens Laugesen.