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Un texte, un peuple, une aspiration
Publié dans El Watan le 01 - 11 - 2004

Les mois de septembre et d'octobre 1954 furent consacrés à d'intenses préparatifs. Les membres du CRUA faisaient le point de la situation, l'examen des moyens matériels et humains, la répartition des tâches et les principes d'organisations ultimes.
Outre,
– le contenu politique et organisationnel consistant en un appel direct à la base donner la possibilité aux militants de reprendre l'initiative de la création de deux supports de la Révolution : une organisation militaire – ALN – constituée de groupes armés et de commandos pour mener l'action armée ; une organisation politique – FLN – symbole de la proclamation du déclenchement de la lutte armée contre le colonialisme ;
– la structuration et la division du territoire en six zones ;
– les étapes et la stratégie à entreprendre consistant en des coups d'éclat intenses, la généralisation de l'insécurité sur tout le territoire par des destructions de ponts, de chemins de fer, des transformateurs électriques, les embuscades sur les routes et la constitution de zones de repli soustraites à l'atteinte de l'armée française.
La date du déclenchement fut arrêtée à la nuit du 31 octobre au 1er novembre à 1h du matin.
En ce qui concerne justement l'appel contenu dans la proclamation du 1er Novembre, la mission du tirage de celle-ci fut confiée au comité de Kabylie qui présentait toutes les assurances du point de vue de son niveau d'organisation, de la discipline des hommes et de l'ancienneté de ses membres…
Quelques jours avant la fin du mois d'octobre, Ali Zamoum, membre du comité, domicilié au village d'Ighil Imoula, est appelé au village d'Ighil Boulkadi, dans la région de Maâtkas (Boghni), où il rencontre Ouamrane qui lui remet deux feuillets dactylographiés, élaborés par les responsables du CRUA, avec cette instruction ferme : «Rien ne doit filtrer avant le jour J».
Ali Zamoum détaille l'exécution de cette mission en ces termes : «Quelques jours avant la réunion, j'avais reçu de Krim un texte que je devais reproduire en plusieurs milliers d'exemplaires. A Tizi Ouzou, je reçus un journaliste, Laïchaoui Mohamed, envoyé par l'organisation, qui était chargé d'imprimer ce document à la ronéo. Je l'ai emmené de nuit jusqu'à notre village en taxi, à la maison de Ben Ramdani Omar. C'était un militant sûr qui n'était pas, toutefois, dans l'organisation paramilitaire. Là, je lui montrai le texte qu'il fallait taper sur stencils. Il se rendit compte alors du contenu des deux pages qu'il était venu reproduire. C'était la proclamation au peuple algérien, aux militants de la cause nationale.» Une véritable déclaration de guerre et qui portait une date : 1er novembre 1954.
Après avoir lu entièrement le texte, il releva quelque part une phrase incorrecte qu'il proposa de modifier. Conscient qu'il s'agissait d'un document important, et peut-être aussi par discipline, je n'ai pas voulu qu'il retouche quoi que ce soit avant d'aller consulter Krim qui était hébergé à Aït Abdelmoumène, un village à près de six kilomètres du nôtre. J'ai dû m'y rendre et rapporter le feu vert pour les modifications. A la lumière d'une lampe à pétrole, Laïchaoui tapa les stencyls puis nous allâmes chez Idir Rabah pour les tirer à la ronéo, car chez lui, il y avait l'électricité (une des quatre ou cinq maisons à l'avoir au village). Par ailleurs, il était difficile de tourner la ronéo sans faire de bruit qui risquait d'être entendu aux alentours.
Or, la pièce d'Idir était située au-dessus d'une boutique où l'on veillait souvent tard dans la nuit. Il y avait un peu d'animation. Pour couvrir le bruit de la ronéo, nous avons demandé à quelques militants de veiller dans la boutique et d'essayer de faire le plus de chahut possible. Et aussi de surveiller les tournées du garde-champêtre. Toute la nuit, alors qu'au-dessus de leurs têtes nous imprimions la proclamation du 1er Novembre 1954, ils tiraient la tombola et criaient chaque fois qu'ils avaient un numéro gagnant. Ils ignoraient que nous étions en train d'imprimer l'acte de naissance du Front de Libération Nationale. La proclamation se terminait par : «Quant à nous, résolus à poursuivre la lutte, sûrs de nos sentiments anti-impérialistes, nous donnons le meilleur de nous-mêmes à la patrie.» Nous, c'étaient ceux-là. Beaucoup d'entre eux, en effet, ne reviendront jamais. Dans la nuit du 31 octobre, plusieurs hommes quittent Ighil Imoula emportant couffins, cabas… contenant les tracts qui sortent alors du village pour être distribués dans toutes les régions du pays et même au-delà des frontières.
Par cette proclamation, le jeune FLN expose à l'opinion publique les raisons et les motivations qui ont amené les militants au déclenchement armé, énonçant les objectifs, les moyens de lutte et les conditions d'un cessez-le-feu.
extraits de la proclamation
• «Nous tenons à préciser que nous sommes indépendants des deux clans qui se disputent le pouvoir. Plaçant l'intérêt national au-dessus de toutes les considérations mesquines et erronées de personnes et de prestige…, notre action est dirigée uniquement contre le colonialisme, seul ennemi et aveugle, qui s'est toujours refusé à accorder la moindre liberté par des moyens de lutte pacifique.»
l «Se dégageant ainsi de toutes compromissions possibles, nous retraçons les grandes lignes de notre programme politique :
But : Indépendance nationale par :
– la restauration de l'Etat algérien souverain démocratique et social dans le cadre des principes islamiques,
– le respect de toutes les libertés fondamentales sans distinction de races et confession.
Objectifs internes :
– Assainissement politique par la remise du mouvement national révolutionnaire dans sa véritable voie et par l'anéantissement de tous les vestiges de corruption et de réformisme, causes de notre régression actuelle.
– Rassemblement et organisation des toutes les énergies saines du peuple algérien pour la liquidation du système colonial.
Les militants sont, à travers leur proclamation, engagés et déterminés. Ils le disent d'ailleurs simplement, mais avec beaucoup de force. Qu'on en juge :
«A vous qui êtes appelés à nous juger…
Nous donnons le meilleur de nous-mêmes à la patrie.»
L'ordre de passer à l'exécution des plans arrêtés est donné : «Début des opérations : cette nuit, à partir de l'heure du matin.
Respecter scrupuleusement les consignes, ne tirer sur aucun civil européen ou musulman.
Tout dépassement sera sévèrement réprimé.
Bonne chance et que Dieu vous aide.
Fraternellement : Si Rabah*»
Ali Zamoum ajoute alors : «Quant à nous, après cette action, nous avions l'impression d'avoir coupé les amarres, nous entrions dans l'illégalité, nous étions désormais des hors-la-loi. Nous avions commis l'irréversible…»
*Si Rabah est le pseudonyme de Krim Belkacem
Une stèle est érigée aux lieu et place où a été effectuée cette opération au village d'Ighil Imoula.
Ali Zamoum nous a quittés le 28 août 2004 emporté par la maladie après avoir consacré sa vie à l'action sociale et humanitaire, dont l'association Tagmat (fraternité) est une grande illustration. Il est aujourd'hui enterré à Ighil Imoula aux côtés de ses compagnons d'armes. Il a publié un livre Tamurt Imazighen, mémoires d'un survivant 1940-1962 aux éditions Rahma.


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