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La crise économique actuelle, est-ce une répétition de la crise de 1929 ?
Publié dans El Watan le 18 - 02 - 2009

« The only thing that we have to fear is fear itself »
(Franklin D. Roosevelt)
(La seule chose dont nous devons avoir peur est la peur elle-même)
Introduction
Ainsi que le souligne la phrase ci-dessus prononcée par Roosevelt dans son discours d'inauguration, les crises ont souvent à leur base la peur, c'est-à-dire que ce sont souvent et avant tout des crises de confiance. Bien entendu, ces crises ont des répercussions sur les autres sphères d'activité : les finances, l'économie réelle, la politique, etc. La crise économique actuelle n'est pas une exception ainsi que nous le verrons tout au long de cet article. Une des questions qui se posent aujourd'hui est celle de savoir si la crise actuelle est une simple répétition de la crise de 1929 ou si c'est une crise d'une autre nature. Pour le savoir, il nous faut commencer par connaître les causes communes aux deux crises, ensuite rappeler les remèdes communs apportés à chacune des deux crises. Nous terminerons par évoquer la source d'inspiration commune de Roosevelt et d'Obama en particulier et de tous les gérants de la crise mondiale actuelle en général : la théorie keynesienne.
Les causes communes aux deux crises
Une des premières ressemblances de la crise actuelle avec la crise de 1929 est dans son origine géostratégique : les deux crises sont parties des Etats-Unis pour se propager par la suite aux autres économies du monde. Cela montre à quel point les économies mondiales sont fortement dépendantes de l'économie américaine, pis encore, cela montre que lorsque l'économie américaine éternue, les autres économies attrapent la grippe. C'était le cas en 1929 et c'est le cas aujourd'hui. La seconde ressemblance avec la crise de 1929 se trouve dans la sphère du crédit. En effet, les Américains, puis le reste du monde, ont usé et abusé des facilités de crédit qui leur sont offertes par les financiers et promoteurs immobiliers pour s'endetter puis se surendetter et finir par devenir insolvables. Cette politique du crédit facile a encouragé les gens à dépenser plus qu'ils ne gagnaient, achetant tout de suite et pensant payer plus tard. Cette situation d'« excess demand » crée une pression sur l'offre, déstabilise l'économie réelle et renforce la pression inflationniste. Le troisième parallèle que l'on peut faire avec la crise de 1929 est la tendance à l'augmentation du chômage. Durant la crise de 1929, le chômage est passé de quelque 3 ,4% au début de la crise à 24,9% vers la fin de la crise, laissant sur son sillage quelque 15 millions de chômeurs uniquement aux Etats-Unis. Les chiffres du chômage atteints aujourd'hui aux Etats-Unis ne sont pas loin de ceux des années 1920. Le taux de chômage a en effet atteint la barre des 10% et a fait quelque 10 millions de chômeurs. L'autre élément commun entre les deux crises est le nombre et l'ampleur des faillites bancaires dues à une insuffisance de liquidités. Ces faillites ont touché les grandes banques comme les banques moyennes que ce soit pendant les années 1929 ou aujourd'hui. Elles ont aussi touché les entreprises du secteur de l'économie réelle, notamment les entreprises de l'industrie automobile qui connaissent une situation d'« excess supply » (excès de l'offre) créée par l'insuffisance des crédits à la consommation. Un autre facteur de similitude entre la situation en 1929 et aujourd'hui est constitué par la crise de confiance. Comme nous le verrons plus loin dans les remèdes communs, Roosevelt comme Obama ont saisi l'importance de ce déficit de confiance et ont tous le deux joué sur la fibre sensible du peuple américain. C'est ainsi que Roosevelt dira aux Américains que la chose contre laquelle ils doivent avant tout lutter est la peur elle-même. Obama va aussi jouer sur la même corde sensible des Américains, notamment avec son slogan de campagne : « Change, yes, we can » (le changement, oui, nous pouvons le faire), ajoutant : « If we work together » (si nous travaillons ensemble). Les deux présidents ont compris que pour régler les effets de la crise sur les secteurs d'activité économique, il faut redonner confiance aux consommateurs et aux managers.
Les remèdes communs aux deux crises
Pour lutter contre les causes ou symptômes des deux crises, les deux présidents ont adopté des stratégies quasi similaires : Roosevelt a créé le concept de « new deal » (un nouveau pari) et Obama celui de « rescue plan » (plan de sauvetage). Ces slogans soulignent tous deux l'importance et l'urgence d'agir et le rôle que doit jouer l'Etat pour juguler la crise.
A- Le new deal de Roosevelt
Le new deal de Roosevelt comprenait deux phases. La première appelée « first new deal » (premier new deal), adoptée en 1933, avait consisté à adopter des programmes à court terme de réformes du système bancaire, d'aide d'urgence à l'agriculture, de réforme industrielle, de création d'emplois, etc. Le second new deal (1935-36) a consisté à adopter des lois telles que le social security act (loi sur la sécurité sociale), la loi sur la réforme administrative et du travail, la santé, etc. Une des premières décisions de Roosevelt a été de décréter le four day bank holiday (congé bancaire de 4 jours) ordonnant la fermeture des banques pendant quatre jours pour éviter le « rush » des retraits de fonds par les consommateurs. Roosevelt a profité de ce congé pour faire adopter par le Congrès américain « the emergency banking bill » (1933) qui a eu pour résultat la stabilisation du système bancaire et la restauration de la confiance du public vis-à-vis du système bancaire et ce, grâce à l'institution d'un contrôle du gouvernement fédéral sur les banques. Comme mesure complémentaire, Roosevelt fera adopter le « glass and steagall act » créant la FDIC, organisme chargé de garantir les dépôts par le gouvernement fédéral. Roosevelt créera aussi les CCC (Civil Conservation Corps) qui ont permis d'envoyer quelque 3 millions de jeunes de 17 à 23 ans dans des projets de reboisement des forêts et de construction de réservoirs d'eau. Il adoptera aussi la WPA (works progress administration) dans le cadre de laquelle il a envoyé quelque 8,5 millions d'Américains dans des projets de construction de barrages, de routes, d'édifices publics, de parcs, d'aéroports, etc. Dans le domaine industriel, il créera le National industrial recovery act (NIRA) et le National recovery administration (NRA) ayant pour objectifs de réduire le chômage par le biais de la règlementation des heures de travail hebdomadaire. En 1933, il créera le Federal emergency relief administration (FERA) qui aura pour objectif d'accorder des subventions. Enfin, pour relancer l'agriculture, Roosevelt a institué le Agricultural Administration Act (AAA) qui autorisera le gouvernement fédéral à subventionner les agriculteurs pour éviter qu'ils tombent en banqueroute.
B- Le new new deal d'Obama
Le rescue plan d'Obama ressemble, à peu de choses près, au new deal de Roosevelt. Comme en 1929, le plan Obama a un double objectif : relancer l'économie américaine en panne et soulager les couches de populations les plus affectées par la crise. Sur les 825 milliards de dollars initialement prévus par le plan (le plan finalement adopté a été revu à la baisse depuis), 550 milliards devaient être consacrés à la dépense publique et 275 milliards de dollars à la réduction des taxes. S'agissant des 550 milliards de dollars, une grande partie devait aller au secteur de la santé, aux indemnités de chômage, au programme de food stamps (programme d'aide alimentaire aux couches déshéritées), etc. Selon les mots de Charles Rangel, démocrate de New York, avec la mise en œuvre du plan « the country is going to be healthy, educated, and competitive » (le pays sera plus sain sur le plan de la santé, plus éduqué et plus compétitif). En effet, le plan Obama vise :
1- A doubler la capacité des USA à générer des énergies renouvelables et à réduire la dépendance vis-à-vis du pétrole ;
2- A moderniser le système éducatif, améliorer la qualité et l'accès aux soins médicaux, améliorer le pouvoir d'achat des Américains grâce à une réduction des taxes, créer et sauvegarder quelque 3,5 millions d'emplois au cours du mandat présidentiel. Concernant le pouvoir d'achat, Obama prévoit d'utiliser une partie des 275 milliards de dollars pour la réduction des taxes , l'octroi d'une indemnité de 500 dollars à chaque travailleur et de 1000 dollars à chaque couple ainsi que l'augmentation des bourses des étudiants. Un des chevaux de bataille d'Obama est la question du chômage. Se basant sur le nombre actuel de chômeurs (environ 2 ,6 millions d'emplois ont été perdus pendant la seule année 2008), il envisage de créer entre 3,5 et 4 millions d'emplois d'ici la fin de son premier mandat. Obama pense aussi, comme Roosevelt, qu'il est nécessaire de mobiliser les jeunes et faire renaître en eux le sens du volontariat et de l'amour pour le pays. Il envisage à ce titre de lancer des projets de travaux et de mettre au travail des millions de jeunes Américains qui, selon lui, n'attendent que de se mettre au service de leur pays.
La pensée commune : la théorie keynesienne
Lorsqu'on compare le new deal de Roosevelt et le rescue plan d'Obama, on est frappé par la similitude de leur source d'inspiration commune : la théorie keynesienne. En effet, si John Meynard Keynes, économiste anglais, est connu pour sa magistrale œuvre The General Theory on Money and Credit, il est davantage connu pour avoir contribué à résoudre la crise de 1929. Sa théorie est basée sur le postulat « prime the pump » (appuyer sur la pompe). Par cette expression, Keynes voulait dire que le gouvernement devrait intervenir pour accroître les dépenses publiques, soit en augmentant l'offre de monnaie (faire fonctionner la planche à billets), soit en achetant les produits disponibles sur le marché. Cette théorie allait bien entendu à l'encontre de la théorie du « laisser-aller, laisser faire » chère à Adam Smith et aux économistes classiques qui était contre toute intervention de l'Etat dans les affaires économiques. Keynes était également favorable à une redistribution des richesses lorsque celle-ci devient nécessaire. Cette théorie était basée sur l'idée selon laquelle : si on distribue de l'argent aux couches les plus défavorisées de la population, celles-ci auront une propension plus grande à dépenser une partie de cet argent, ce qui contribue à la relance de la croissance économique. Selon Keynes, le moyen d'accroître ces dépenses est d'augmenter l'offre de monnaie en circulation par le biais de la Banque centrale. En mettant plus d'argent entre les mains des consommateurs, on redonne confiance aux agents économiques et on permet à la machine économique en panne de se relancer. Cette politique évite aussi le phénomène que Keynes appelle la « liquidity trap », c'est-à-dire la tendance des consommateurs à thésauriser plutôt que de dépenser. On voit bien que Roosevelt et Obama ont été inspirés par la théorie keynesienne puisque tous les deux ont adopté des politiques visant à augmenter les dépenses publiques en injectant de la monnaie dans l'économie et en encourageant les grands projets publics. Sur la base des développements précédents, notamment de ce qui ressort de l'analyse des causes communes des deux crises et des remèdes adoptés par Roosevelt et Obama pour faire y face, on peut dire que les deux crises se ressemblent. C'est la preuve aussi de l'incapacité des politiques adoptées jusqu'à maintenant de tirer les leçons des crises passées et de faire qu'elles ne se reproduisent plus ou, si elles se reproduisent, qu'elles aient des effets moindres. Avec la mondialisation et l'interdépendance grandissante des économies, l'idée d'un nouvel ordre économique international est plus que jamais à l'ordre du jour. La question est de savoir : est-ce que la politique va finalement se mettre au service de l'économie ? Si la politique continue de subir les soubresauts de l'économie, alors il faut s'attendre à d'autres crises d'une amplitude égale, voire plus grande que celles que nous avons connues jusqu'à maintenant.


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