Les oléiculteurs se disent conscients de la nécessité de s'organiser afin de protéger leur produit, mais la création d'une coopérative de conditionnement et de commercialisation de l'huile d'olive, projet longuement cogité par les oléiculteurs de la vallée de la Soummam comme premier jalon d'une organisation plus rigoureuse, tarde à voir le jour. Si les producteurs reconnaissent les aides substantielles octroyées par l'Etat pour la réhabilitation de l'olivier en subventionnant le greffage, la confection de cuvettes, l'acquisition de filets de récolte, la lutte contre le dacus (mouche de l'olivier), et l'acquisition d'huileries modernes à hauteur de 400 millions de centimes non remboursables…, ils s'estiment par contre livrés à eux-mêmes s'agissant de la commercialisation de l'huile d'olive. «Par rapport à d'autres produits comme le lait et les dattes, l'huile d'olive n'a pas bénéficié de centres de collecte et de commercialisation», s'accordent-ils à affirmer. La destructuration du marché local et la fraude qui commence à le gangrener rendent aléatoire la commercialisation de la production oléicole. «Des fraudeurs n'hésitent pas à ajouter des huiles industrielles à l'huile d'olive pour l'écouler à bas prix», déplore Arezki Issekounène, président de l'Association pour le développement de l'oléiculture et des industries oléicoles. L'apposition d'un label de qualité étant, enfin, en voie d'être concrétisée, selon notre interlocuteur, «pour sauvegarder la crédibilité de notre produit et pour mieux débusquer ces fraudeurs, nous avons saisi les autorités compétentes pour leur demander d'effectuer des prélèvements aux fins d'analyses physico-chimiques, mais rien n'a été fait dans ce sens pour le moment». La commercialisation locale continue à s'effectuer donc chez les oléiculteurs à raison de 200 DA le litre ou au niveau des huileries dont certaines, à l'image des Entreprises Messouci à Takriets, proposent le précieux produit sous emballage étiqueté. Le litre à 20 $ En plus des caractéristiques relatives à l'aspect et à l'arôme, c'est le taux d'acidité qui est le plus pris en compte pour apprécier la qualité de l'huile d'olive. Un taux inférieur à 1% serait l'idéal, mais rares sont les huiles qui répondent à ce critère de sélection car certains paramètres liés à la cueillette, à l'entreposage des olives et au conditionnement de l'huile influent sur sa qualité. Cela dit, et malgré l'absence de circuits de commercialisation, l'huile d'olive algérienne est bel et bien exportable. A l'heure de la mondialisation, certaines entreprises privées se sont lancées à la conquête des marchés internationaux. C'est le cas d'Ifri-Olive (Ouzellaguen), une entreprise privée qui a effectué des percées en Amérique (Canada, USA), en Asie (Chine, Bahreïn, Malaisie), en Europe (France, Belgique), en Afrique du Sud… et qui continue d'explorer d'autres marchés tel celui du Maroc. «Pour relever le défi, explique M. Kemmiche, copropriétaire de l'entreprise, nous sommes tenus de nous conformer aux normes internationales en matière de techniques de pressurage et de conditionnement. Notre huile d'olive extravierge, particulièrement appréciée, est cédée entre 16 et 20 dollars le litre. Pour 2005, nous améliorerons l'emballage (boîtes pourvues d'un sachet aseptisé en aluminium) et nous lancerons les huiles d'olive light, aux fines herbes du Djurdjura et pharmaceutique pour bébé (massage et consommation)» Cet exemple de réussite commerciale pourrait bien faire des émules pour peu que l'Etat prenne des dispositions à même de permettre une meilleure exploitation de la production oléicole car d'aucuns ne manquent de se demander pourquoi la commercialisation de l'huile d'olive est encore au stade du tâtonnement au moment où elle peut booster un segment stratégique de l'économie nationale.