Une impressionnante file de camions, transporteurs de marchandise sont immobilisés sur les accotements de la rocade sud, à la périphérie du chef-lieu de wilaya. A quelques centaines de mètres, des débris de verres, des pierres et des pneus enflammés empêchent toute circulation. Très tôt, vers 7h, les habitants de Bétrouna ont bloqué cette voie à grande circulation et le chemin qui mène à Maâtkas, au niveau du pont d' Annar Amellal. La fermeture de ces axes n'a pas été sans incidences sur la circulation automobile dans la périphérie et le centre-ville de Tizi Ouzou. Excédés par les promesses non tenues des autorités locales pour la prise en charge de leurs revendications, près de 600 personnes ont investi la route pour crier leur ras-le-bol. Rencontré sur les lieux, M. Toulaït, représentant de la coordination des comités des villages de Bétrouna déclare : « Nous sommes un village structuré et nous avons toujours privilégié les solutions pacifiques. Nous avons entamé des discutions avec les élus de l'APC qui ont abouti à des promesses, qui sont restées sans suite. » Les citoyens de Bétrouna, expliquent les représentants des comités, manquent de tout. « Nos revendications sont légitimes. Nous les avons rapportées à la daïra, à l'APC et au cabinet du wali. Nous avons frappé à toutes les portes… et aucune instance ne les a prises au sérieux ». Les protestataires revendiquent, entre autres, l'alimentation de leur village en gaz naturel, le gazoduc traversant leur territoire. Leur plate-forme de revendications mentionne des doléances élémentaires comme l'eau et l'assainissement. Une population estudiantine de 300 étudiants demande le transport universitaire. Le transport scolaire est également réclamé. « Nous avons des filles qui ne vont pas à l'école, parce qu'on ne peut plus financer leur transport quotidiennement », fulmine un membre du comité. Les manifestants ne semblaient point prêter attention à la venue du P/APC et moins encore celle du chef de daïra qui s'y était rendu auparavant. Les contestataires ont réclamé la présence du wali. « Nous avons déjà eu affaire à eux dans leurs propres bureaux. Ils n'ont pas su tenir leurs promesses, alors tant pis pour eux, nous voulons voir le wali… ». Jusqu'à 12h30, des représentants de l'administration n'ont pas cessé d'affluer pour tenter de débloquer la situation, mais sans succés. La présence du maire étant indésirable au milieu de la population, c'est aux élus de la l'APC, en l'occurrence, Ould Chikh et Koli, vice-présidents, d'engager des négociations mais en vain. Il est 13h. Les engagements du député Saïd Lakhdari n'ont convaincu personne. « Nous allons inscrire vos revendications, qui sont légitimes dans le cadre des PCD de 2009 ». Les villageois sont déterminés à occuper les lieux jusqu'à l'arrivée du wali. « Qu'il vienne pour l'annoncer lui-même (le wali), arrêtez de nous mépriser… respectez-nous.. », rétorque la foule qui entourait le député. 15h, M. Ikherbane, P/APW clôture le défilé des responsables. Ce dernier reconnaît la légitimité des revendications de ces citoyens mais ceux-là campent sur leur position. Le wali n'est toujours pas venu. La sagesse des présidents des comités a empêché tout dérapage. Les citoyens restent mobilisés.