Une nouvelle flambée des prix de la pomme de terre pointe à l'horizon en raison du conflit opposant, depuis deux semaines, la Coopérative des plants et semences (Coopsem) de Sidi Bel Abbès à des multiplicateurs de semence de la région. Sidi Bel Abbès : De notre bureau Conséquence directe de ce bras de fer, quelque 6000 quintaux de semence de pomme de terre, importés en janvier dernier du Danemark et stockés, depuis, dans des conditions inadéquates, sont menacés d'avarie. « La campagne d'ensemencement risque d'être sérieusement compromise, ce qui aura pour conséquence de renchérir le prix de la pomme de terre à partir du mois d'avril prochain », prévient un important exploitant agricole de la région ayant souscrit à un contrat de performance avec les services de l'agriculture (DSA) de Sidi Bel Abbès. « La rareté d'une semence de qualité, notamment la GE et GA, a, depuis quelques semaines, plongé le marché de la pomme de terre dans une véritable déprime », explique-t-il. Partageant les craintes des fellahs, en particulier les multiplicateurs, des cadres de la DSA considèrent que la situation pourrait « empirer » si les pouvoirs publics ne réagissent pas rapidement. « Malgré la décision du ministère de l'Agriculture, appuyée par un arrêté du wali visant à dessaisir les administrateurs de la Coopsem de la gestion de la coopérative, ces derniers refusent toujours de s'y plier et de stocker la semence importée par les multiplicateurs », signalent-ils. Le conflit a pris d'autres proportions avec l'introduction d'une action en référé devant le tribunal d'Oran, visant à annuler l'arrêté du wali de Sidi Bel Abbès. « L'action en référé engagée par les administrateurs de la Coopsem a attisé les craintes des multiplicateurs qui, désormais, doivent attendre que la justice statue sur cette affaire », s'est désolé, hier, le directeur de la chambre d'agriculture, M. Saim. Le directeur de l'agriculture, qui s'est refusé à tout commentaire, prétextant que l'affaire est entre les mains de la justice, a cependant tenu à dénoncer la gestion « opaque » de la Coopsem, une coopérative relevant de biens privés de l'Etat. A vocation régionale, la Coopsem dispose d'une capacité de stockage de 10 000 tonnes et dispose de 28 chambres froides. Elle constitue, de ce fait, un outil de régulation important du marché de la pomme de terre dans toute la région ouest du pays, où la culture de ce tubercule est prédominante. Selon le DSA, des « anomalies graves » ont été relevées ces dernières années au niveau de la coopérative, et ce, dans le cadre des opérations d'assainissement effectuées par le ministère de l'Agriculture. « Absence d'adhérents, comptes bancaires bloqués, non-respect de la réglementation en vigueur, violation des orientations du ministère, etc. », sont autant de griefs retenus contre les gestionnaires de la Coopsem, selon un rapport établi par la DSA et transmis à la tutelle.