Le calvaire de la famille Youcefi a débuté en 2005. Cette année-là, Youcefi Bachir, septuagénaire, ancien moudjahid et invalide de guerre, bénéficie enfin d'un logement social situé au 5eme étage du bloc G du quartier Benhamouda. Quinze jours après, sa petite fille, souffrant de troubles mentaux, tente de se jeter du haut de l'immeuble. Lui-même handicapé moteur, il alerte les autorités locales sur son cas en sollicitant un autre logement au rez-de-chaussée. « Depuis quatre ans, nous vivons un véritable calvaire », explique son fils. Ce dernier craint, d'un côté, que sa petite sœur ne reproduise le même geste qu'en 2005, et de l'autre, il se dit dans l'impossibilité de déplacer son père invalide à chaque fois que cela s'avère nécessaire. « Lors de mes déplacements forcés, notamment pour des raisons de santé, il me faut tout un arsenal pour quitter mon logement », se plaint Youcefi Bachir qui affirme avoir frappé à toutes les portes pour soulager ses souffrances et celles de ses enfants. « J'ai eu beaucoup de promesses, mais aucune n'a vu le jour », dit-il d'une voix triste. Son fils, souffrant lui aussi d'une maladie chronique, dit en avoir ras le bol de vivre ainsi. Il ne comprend surtout pas l'indifférence affichée par les pouvoirs publics au moment où le discours officiel met l'accent justement sur la défense des intérêts moraux des anciens moudjahidine et de leurs ayants droit. « On ne demande pas l'impossible, il suffit d'une simple procédure administrative. Cette semaine encore, nous avons saisi le wali et nous attendons une réponse de sa part », conclut-il.