Journée de larmes et de consternation a été celle de mercredi dernier, au quartier populaire Bir Youcef, où l'expulsion, par voie de justice, de quatre familles des plus anciennes de Souk Ahras, a fait le tour des quatre coins de la ville, provoquant émoi et affliction chez la majorité des citoyens. Des dizaines parmi eux ont accouru vers le lieu de l'évènement, pour être témoins de scènes affligeantes. Des personnes âgées et des petits enfants trimballaient effets vestimentaires et pièces de meubles démontées au milieu d'un dispositif de sécurité renforcé et en présence d'un huissier de justice imperturbable. Les cris de désespoir émanaient de l'intérieur de l'immeuble et les couples parmi les moins lotis de la cité regardaient impuissants agir des exécutants d'une décision sans âme. A l'intérieur, une vieille femme âgée de 104 ans n'arrivait pas à concevoir un tel acte. Elle, qui contribua, au même titre que tous les autres voisins où l'on compte au moins deux moudjahidine, à la Révolution de Novembre. La solidarité citoyenne était au rendez-vous et des familles du quartier ont ouvert leurs portes aux infortunés tout en exprimant leur symphatie à ces derniers. Erreur ou brouillamini programmé ? L'adresse de l'immeuble concerné par l'arrêté d'expulsion, sis au 14 rue Atarsia Brahim, anciennement appelée 14 rue Faubourg de la Gare, ne correspond ni à l'affiliation ni à l'adresse des plaignants. Des correspondances émanant des services de l'APC, ceux de la DRAG (direction de la réglementation de l'administration générale), ainsi que la réponse de la direction des Domaines en font foi. « (…) Après les recherches effectuées par nos services au niveau de la conservation foncière de la wilaya de Souk Ahras et celle de la wilaya de Guelma, ainsi que les registres des actes, nous avons conclu que l'acte publié le 09/01/1940 (…) est au nom et prénom du colon Auguste Baume Eugène jusqu'à nos jours », document délivré le 15 septembre 2007. Dans une autre correspondance (n°3704), la même direction s'oppose à la délivrance d'un registre foncier au profit de demandeurs qui n'ont pas la qualité de propriétaires. De leur côté, les services de la DRAG confirment l'appartenance du bien en question à la direction des Domaines (correspondance n°1055). A la demande de l'avocat de la défense des quatre familles faisant l'objet de la plainte, les services de l'APC lèvent toute équivoque quant à l'ancienne et l'actuelle appellation de la rue en question, et ce tel que désignée plus haut. Une attestation leur a été délivrée à cet effet. Or, les plaignants se sont basés sur un acte de propriété désignant une bâtisse de l'actuelle rue Amirouche, ex-route de Zaârouria et anciennement la rue du général Leval. Une plainte en référé a été déposée, à ce sujet, par les familles expulsées pour fausses déclarations. Les élus tournent le dos à la population La liste des expulsés s'allonge à Souk Ahras, ville où des nantis, des apprentis-politiciens, des élus véreux et des personnes bien introduites se permettent LSL LSP et lots de terrain tout en criant gare aux faux postulants. Mohamed Boumesaâd, un compressé de la défunte SNTV, âgé de 51 ans, figure sur cette même liste. Il passait ses nuits de l'été 2008 à la belle étoile et demandaient à ses filles universitaires de ne jamais quitter le campus. Ababsia Nacer est enseignant dans un CEM de la ville. Le gîte, il n'en a aucun. Ammi Mohamed, un septuagénaire et ancien moudjahid, vit depuis des années dans un hôtel à l'insu (et peut-être au su) des officiels. Peu reluisante est la situation du logement à Souk Ahras. Qui dit le contraire ? Sinon qui dit mieux ?Autres temps, autres mœurs. Fini les bains de foule, les discours grandiloquents et les promesses d'une meilleure prise en charge des préoccupations des citoyens, faites à l'occasion des différentes campagnes électorales. Les élus de Souk Ahras, toutes instances confondues, en hibernation depuis leur installation ou englués dans leurs interminables luttes intestines au sein de leurs partis ou encore convertis en élus carriéristes, brillent par leur absence et, statut oblige, prennent des distances par rapport aux électeurs d'hier.