Benamar Benatta, un lieutenant de la défense aérienne du territoire, se trouve actuellement emprisonné au centre d'incarcération fédéral de Buffalo-Batavia (600 km au nord-est de New York), depuis septembre 2001. La semaine dernière, le groupe de travail sur les détentions arbitraires dépendant de la commission des droits de l'homme de l'ONU, dont le siège se trouve à Genève, dénonça l'emprisonnement prolongé de M. Benamar, qu'il considère comme une forme de persécution et de torture. Il demande ainsi au Président américain et à son ministre de la Justice la libération du jeune Algérien que l'enquête du FBI avait, en novembre 2001, disculpé de tout lien avec le terrorisme. De son côté, l'organisation American Civil Liberties Union (ACLU), citée par le Washington Post, s'insurge contre le sort réservé à M. Benamar, lequel aurait été victime de pratiques en violation des règles minimales édictées par les Nations unies en matière de traitement des prisonniers. L'ACLU rappelle que le détenu algérien fut soumis à un régime très sévère pendant huit mois et fut attaché par des chaînes, la nuit comme le jour. Il avait subi quelques violences de la part des gardiens de la prison de Brooklyn (New York), notamment de la part d'un agent zélé qui lui cogna la tête contre la porte de l'ascenseur. Cet acte dénoncé par l'ACLU nécessita l'intervention d'un juge pour sanctionner le coupable et pour que M. Benamar bénéficie d'un transfert à Buffalo, où les conditions de détention sont actuellement acceptables. Par ailleurs, dans un geste d'apaisement, le procureur a, quant à lui, laissé tomber deux charges pesant sur l'Algérien. Des charges qui seraient liées à une affaire de faux et usage de faux. Il faut dire que Benamar Benatta est arrivé aux Etats-Unis dans le cadre d'un stage de coopération militaire. Il déserta et resta en situation illégale même après l'expiration de son visa, ce qui lui a valu d'être arrêté par le FBI juste après les attentats de septembre 2001. Après plusieurs investigations, le FBI livre le dossier au bureau de l'Immigration and Customs Enforcement, lequel conclut à un délit d'infraction à la loi sur l'immigration. Ainsi, un juge de la cour fédérale émet un jugement pour une expulsion (vers l'Algérie), mais M. Benatta formula en prison une demande de statut de réfugié, prétextant qu'il ne veut pas être, lors de l'exercice de son métier, pris en otage par des pratiques inhumaines du gouvernement ni par la sauvagerie des islamistes, et qu'il risque des représailles à cause de sa désertion. Prenant acte de sa requête, la justice américaine ne pouvait donc le relâcher. Du moins pas avant que sa demande n'ait été traitée par un tribunal de l'immigration. Une décision que conteste la Commission des Nations unies aux réfugiés qui demande au gouvernement américain de libérer le prisonnier en attendant la réponse définitive de l'Immigration and Naturalization Services (INS). En ce sens, l'intervention des Nations unies dans le dossier pourrait être un bon signe pour M. Benamar.