Hamadi Ahmed El Hadj, 72 ans, enseignant retraité, est un témoin de l'essai atomique une certaine journée du 13 février 1960 à 7h04. Il était alors secrétaire auprès de l'administration militaire locale à Aoulef. Il a été mis à contribution dans le documentaire Vent de sable : le Sahara des essais nucléaires, de Larbi Benchiha. Que s'est-il passé ce jour fatidique du 13 février 1960 dans la région de Reggane ? Ce jour-là, nous avions tellement eu peur que nous avions cru que c'était la fin du monde, la « trompette » du Jugement dernier. C'était apocalyptique... Les militaires français nous avaient obligés à nous enfermer dans nos habitations. Nous étions deux à trois familles dans une seule pièce hermétique dans laquelle aucun point de lumière ne pouvait passer. On avait même bouché les trous avec de la terre glaise. Et quand la bombe a explosé, le peu de points qui restaient avaient donné assez de lumière pour pouvoir ramasser une aiguille par terre. Tellement que c'était fort et irradiant ! Pour vous dire ! Sept minutes après, alors que tout était passé, le tremblement et le souffle arrivaient avec une telle force qu'ils pouvaient mettre à terre un homme debout. Une onde de choc... Oui, un souffle ! Alors qu'on était à environ 140 km à vol d'oiseau du point du tir atomique. Comment avez-vous survécu à cette explosion nucléaire ? Après l'explosion, on croyait qu'il n'y avait plus rien. Certains sont sortis. L'onde de choc survient à peu près à 40 km à la minute. Elle a même été enregistrée à Alger à 17h. On avait entendu cela à la radio. C'est comme les répliques d'un séisme. Les vitres avaient volé en éclats, les murs se sont fissurés, il y a eu l'éboulement des foggaras (système d'irrigation dans le Sahara)... Cependant, il y a un black-out quant à la vérité sur les gens contaminés par la radioactivité et ceux qui sont morts à suite à cette explosion atomique.