Une forme très réductrice de ce qu'est réellement la richissime commune de Hydra, où cœxiste, selon le principe de l'illégalité établie, une classe de nantis, qui rayonne sur une cohorte de défavorisés. Ici, contrairement aux stéréotypes entretenus à tort dans les salons feutrés d'Alger, les gens n'affichent aucun signe de richesse et vivent pour la plupart en marge de la vie trépidante de la jet-set du somptueux quartier du Paradou. Dans les chaumières, la vie de plus de 2500 demandeurs de logement rime avec exiguïté et lendemains incertains. Ces évincés du système ne parlent ni de la superficie de l'appartement ni du tarif de location du logement du fils à marier. Et pour cause, des familles entières s'entassent dans des habitations exiguës depuis l'Indépendance, sans qu'aucun quota de logements sociaux vienne soulager, un tant soit peu, la détresse de ces petits et de ces sans-grades. La colère couve dans les cœurs et se nourrit du fossé qui ne cesse de s'agrandir entre l'exécutif communal et la catégorie des déshérités. Pis, l'ouverture d'un chantier d'une coopérative immobilière juste à proximité de la cité Sellier et plusieurs autres sur le site du Haut Hydra accentue le malaise et ravive la douleur : «C'est injuste ! A l'exception de la commune de Hydra, tous les citoyens des autres municipalités d'Alger ont bénéficié de la cession de lots de terrain et de programmes de logements sociaux», nous ont déclaré à l'unanimité les habitants des cités populaires de Hydra. Selon un élu de l'APC, le conseil exécutif communal «a mobilisé une enveloppe de vingt milliards de centimes, pour l'achat de quarante logements auprès de l'EPLF au profit des fonctionnaires de la mairie. Malheureusement, l'initiative s'est heurtée au refus de l'ancien wali d'Alger, au prétexte que ce budget peut servir à la réalisation de 500 logements sociaux.» En outre, le quota de 120 logements sociaux participatifs, ajoute notre interlocuteur, (40 à Souidania et 80 à Dar El Beïda), qui devait être affecté à la commune, a connu le même sort. «Il est inacceptable que la wilaya d'Alger désapprouve à la commune de Hydra ce qu'elle accorde aux autres municipalités», affirme-t-il. L'offre de l'ancien locataire de la rue Asselah Hocine est certes généreuse, seulement le site devant recevoir l'implantation du projet n'est autre que le mégabidonville du chemin Doudou Mokhtar, squatté par des indus occupants ayant érigé plus de 1000 baraques. «La concrétisation du projet de 500 logements est tributaire de l'évacuation de ces familles, qui reste du ressort de la wilaya d'Alger», précise cet élu. En attendant une issue heureuse à cet imbroglio foncier, ce sont les célibataires des quartiers populaires de la commune qui en pâtissent.