Ils ont affiché les mêmes réflexes. Alliance pour faire reculer le pouvoir en place, comme au Liban, ou contribuer à sa chute comme ce fut le cas en Irak. A moins d'une semaine du premier round des élections législatives au Liban, celle qui constituait l'opposition aussi bien à la présence syrienne qu'au régime du président Emile Lahoud a connu une existence normale, c'est-à-dire éphémère, comme le veut une règle non établie. C'est ce qui a été confirmé hier par le général chrétien à la retraite, Michel Aoun, qui a annoncé ne pas être parvenu à un accord avec deux autres pôles de l'opposition, le sunnite Saâd Hariri et le druze Walid Joumblatt. «Nous ne sommes pas parvenus à un accord. Nous allons vers une confrontation dans la circonscription de Aley Baâbda (au sud-est de Beyrouth) après (l'échec) de longues négociations», avec des représentants de MM. Hariri et Joumblatt, a déclaré, lors d'une conférence de presse, le général Aoun, un des chefs de l'opposition antisyrienne. Le désaccord sur le partage des 11 sièges de la circonscription de Aley Baâbda (5 maronites, 3 druzes, 2 chiites, 1 orthodoxe) présage de l'impossibilité de former des listes communes dans la circonscription voisine du Chouf, fief historique de M. Joumblatt, ainsi que dans les 2 circonscriptions du Liban-Nord. Le général Aoun, qui se veut au-dessus de la mêlée confessionnelle mais dont il est prisonnier lui aussi, a imputé l'échec d'une semaine de négociations ardues au refus de MM. Hariri et Joumblatt «qu'il puisse désigner des candidats musulmans». Un proche de M. Joumblatt a indiqué que les pourparlers ont achoppé sur les quotas. «Le général Aoun veut désigner trois des candidats maronites ainsi que le candidat orthodoxe, alors que M. Joumblatt lui proposait deux maronites et que M. Hariri refusait de retirer le député sortant orthodoxe Antoine Andraos», a-t-il précisé. Revenu le 6 mai au Liban, après un exil de 15 ans en France, le général Aoun dit refuser «le principe même d'un marchandage» et être sûr, sur la base de sondages privés, que les candidats qu'il présentera dans la circonscription de Aley Baâbda, en accord avec des alliés chiites et druzes, remporteront la majorité des sièges. Les quelque 250 000 électeurs de cette circonscription, où le Hezbollah chiite a son mot à dire, sont à moitié chrétiens et à moitié musulmans. Lors des dernières législatives en 2000, la totalité des députés de cette circonscription faisaient partie du bloc du chef druze Walid Joumblatt. Ce qui semble facile à percevoir. Mais a priori seulement, car le régime électoral libanais basé tout comme l'Etat libanais dans son ensemble sur un système confessionnel, prévoit l'élection d'un Parlement de 128 membres, moitié musulman, moitié chrétien. Le scrutin est majoritaire à un seul tour, et l'électeur doit respecter dans son choix la répartition des sièges entre les candidats chrétiens et musulmans de sa circonscription, regroupés ou non dans des listes rivales, avec la possibilité de panacher. C'est là l'une des implications de ce fameux Pacte national, un accord non écrit qui régit l'Etat libanais.