Au commencement, il y avait une source d'eau chaude : Aïn Skhouna. Située à une centaine de kilomètres au sud-est des confins steppiques du chef-lieu de la wilaya de Saïda, cette source séculaire à grand débit a été à l'origine de l'implantation de la localité qui porte aujourd'hui le même nom. Cette contrée des hautes steppes, longtemps oubliée, vient de sortir de l'anonymat depuis que les eaux de sa source pérenne alimente les robinets des foyers des cités urbaines de Saïda, grâce à la réalisation du projet commencé il y a dix ans et qui a consisté à rendre accessible ce trésor caché de la nature. Ce dernier avait, certes, suscité à ses débuts quelques oppositions, mais l'on s'était vite rendu à l'évidence et l'urgence ne permettait pas de faire la fine bouche. La localité de Aïn Skhouna s'abreuve depuis toujours à cette résurgence qui se présente comme une large vasque de 25 à 30 mètres de diamètre et profonde en son centre d'une quinzaine de mètres. Par son débit estimé à 1 000 litres/seconde, elle est sans doute l'une des plus importantes du pays. Ce qui ne laisse pas de surprendre, c'est que cette source ne s'est jamais tarie et son régime est resté éternellement le même, malgré un climat aride et une pluviosité faible. Les eaux arrosent les vastes étendues steppiques de Dhaïa de Zreguet et terminent leur course en se perdant dans les dépressions formées par le grand Chott Chergui. Ce « pétrole bleu » existant dans les entrailles de la terre représente sans conteste l'atout majeur de la région appelée à devenir, à court terme, un pôle attractif en matière de tourisme thermal régional, rivalisant avec les stations de Hammam Rabbi et Sidi Aïssa à Saïda. Il est vrai que le département de Kara nourrit de grandes ambitions pour faire de ce lieu un pôle d'attraction touristique en égard aux potentialités que recèle la région. Lors d'une visite de travail et d'inspection qu'il vient d'effectuer dans la wilaya de Saïda, Med Seghir Kara, ministre du Tourisme, s'est enquis sur place de l'état d'avancement du projet d'aménagement et de viabilisation de la zone d'expansion touristique (ZET) de la commune de Aïn Skhouna. Un sujet devenu récurrent à chaque fois qu'il s'est agi de préservation et de protection de sites ou de zones aménageables, mais les quelques projets mis en chantier traînent toujours en longueur. La seule bonne volonté des uns et des autres ne suffit pas et elle n'est pas faite pour durer. Dans la logique du développement durable, la mise en place d'une stratégie est nécessaire pour l'environnement visant à améliorer le cadre de vie des citoyens. La situation à Aïn Skhouna, telle qu'elle se présente aujourd'hui, n'incite guère à l'optimisme, les habitants, concevant du dépit, ne voient pas comment on pourrait développer le tourisme dans leur localité si on n'a pas encore réglé les problèmes de transport, de pénurie de gaz butane, de santé publique, de coupures prolongées d'électricité...