Installés dans l'urgence pour faire face à une situation exceptionnelle, les chalets devant accueillir les sinistrés de Boumerdès au lendemain du séisme du 21 mai 2003 ne pouvaient obéir à toutes les exigences d'usage : tout manquement aux normes, voire à la réglementation, était toléré. Et personne ne pouvait émettre un avis négatif pour quelque motif que ce fût pour l'installation d'un site. Puisque par-dessus tout, les sites de chalets étaient appelés à disparaître tant le relogement des sinistrés allaient se faire dans des délais très courts, rassuraient les pouvoirs publics. L'opération de relogement est lancée, et c'est maintenant plus que jamais que se pose la question du devenir des chalets, avec tant d'acuité que même les familles sinistrées qu'ils abritaient et qui viennent de bénéficier d'un logement neuf usent de tous les subterfuges pour les garder. On ne cède pas aussi facilement une résidence secondaire qui, en outre, a toutes les caractéristiques d'un transit vers une habitation sociale. D'où, cet acharnement à laisser dans le chalet un fils récemment marié, une fille, un proche, avant de rejoindre son nouveau logement. Nous avons vu, dans plusieurs sites de la wilaya, des familles relogées faire valoir le mariage d'un des leurs, alors même qu'il/ elle était dans le chalet pour les y laisser quand elles iront dans le logement.«Mais un fils qui a choisi de se marier et de vivre avec ses parents dans le chalet pourquoi refuse-t-il d'aller continuer à vivre avec eux dans le logement», s'interroge un citoyen de Boumerdès. Ces sites de chalets qui sont désormais destinés à accueillir les cas sociaux risquent de remplacer les cités de recasement qui, aujourd'hui encore, après près d'un demi-siècle, font parler d'elles. Bien que des voix s'élèvent déjà pour réclamer le démantèlement de beaucoup parmi eux, l'administration de l'agriculture, appuyée par l'APW, œuvre pour récupérer des terres de grande valeur agricole qui ont accueilli des chalets. Les défenseurs du tourisme réclament le démantèlement de tous les sites implantés sur la côte. On parle déjà de la pollution de la mer qui pourrait découler de ces villages Les chalets ont une durée de vie limitée, rassure-t-on du côté des autorités. Cependant, à voir les clôtures en dur érigées dans certains sites, on dirait que les autorités ont délibérément choisi de prolonger la mission de ces résidences, et les unités libérées par les familles relogées sont déjà affectées aux cas sociaux.