«Nous avons passé des heures terribles, durant tout l'après-midi jusqu'au petit matin alors que les flammes approchaient de nos maisons. L'eau n'est revenue que vers 23h. Que pouvions-nous faire ? Parer au plus urgent et empêcher l'incendie de s'approcher de nos demeures», précisent nos jeunes interlocuteurs, les yeux rougis et n'arrivant pas à atteindre, en contrebas, des braises que le léger vent a ravivées. «Les flammes ont parcouru les deux flancs de la commune d'Irdjen et de Larbaâ Nath Irathen avec célérité. Deux cent ruches et des centaines d'oliviers ont été ravagés. C'est le deuxième départ de feu en quinze jours», fait remarquer Rachid, tirant sur sa cigarette et suivant des yeux un tronc d'olivier carbonisé qui venait de céder pour dévaler le long de la pente et soulever un nuage de cendres. Ces villageois étaient unanimes à constater le manque d'effectifs et de moyens des sapeurs-pompiers venus leur apporter aide. En traversant le village d'Ibahlal, nous retrouvons quelques soldats du feu, cois et surveillant les brasiers et les fumerolles en activité près du village de Boudjellil. «Plus de 1000 oliviers partis en fumée. C'est une catastrophe», se désole un pompier, debout près de deux camions-citernes, l'un de la Protection civile et l'autre portant le logo de l'Algérienne des eaux. Il nous rassure sur l'impossibilité d'une reprise à partir des fumerolles : «Il n'y a ni broussaille ni herbes sèches pour raviver le feu.» Plus haut, au village d'Ighil Guefri, ce même feu avait semé un climat de psychose au sein des villageois qui ont dû, en urgence, évacuer le village, alors que des flammes de dix mètres léchaient les parois des chaumières. «Au plus fort du sinistre, les femmes et les vieux couraient partout, qui traînant un enfant par le bras, qui portant le plus serré à soi un bébé, au milieu d'une fumée acre et aveuglante, essayant de fuir vers le village mitoyen pour s'y réfugier. Je me suis senti dans une guerre tant les cris et les larmes étaient stridents. Des femmes ont même perdu connaissance», nous confie Rabah, un jeune qui a vécu toute «l'histoire». «C'est grâce à une citerne prévue pour les besoins de travaux domestiques et quelques réserves que nous avons pu empêcher le feu d'avancer. Notre village n'a pas reçu une goûte d'eau depuis des lustres», témoigne notre vis-à-vis qui n'a pas encore retrouvé le sommeil un jour après l'incendie. «Nous avons une jeunesse d'une grande vigueur et vitalité», conclut-il en rentrant chez lui, pour tenter de retrouver le repos, peut-être. La direction de la Protection civile de Tizi Ouzou estime, pour sa part, que «l'incendie ayant touché la localité d'Ibehlal, lundi dernier, a ravagé 25 ha d'oliviers, arbres fruitiers et broussaille». Par ailleurs, «la wilaya de Tizi Ouzou, indique la même source, a connu, hier mardi, plus d'une douzaine de départs d'incendie, notamment dans la localité de Draâ El Mizan, Tizi Ghennif, Draâ Ben Khedda, F'rika et Aït Yahia Moussa, alors que du côté d'Ouacif, un feu a été signalé tout comme à Tirmitine et à Aïn El Hammam». Précisant que la plupart de ces feux de forêt se sont déclenchés vers midi (entre 11h et 14h), la DPC ajoute que d'autres incendies ont été recensés dans la région de Bouzeguène, tel celui d'Iguer Sazfen et à Azazga (près d'Aghribs) et cela «a mobilisé tous nos effectifs pour en venir à bout et jusqu'à maintenant (hier en fin d'après-midi, ndlr) ils sont encore en cours».