«Des officiers et des policiers vont se rendre aux domiciles des colons de la bande de Ghaza, qui auront refusé de déménager volontairement, afin de tenter de les convaincre de plier bagage. Ces ultimes tentatives vont se poursuivre jusqu'au mardi 16 août à minuit. Au-delà de cette date butoir, l'armée et la police pourront expulser de force si nécessaire les colons récalcitrants et expédier leurs affaires dans des containers sans que les colons soient présents pour organiser leur déménagement», indique l'armée israélienne. A l'approche du retrait de Ghaza, les autorités israéliennes redoutaient, hier, que des extrémistes de droite se livrent à des provocations antimusulmanes sur l'Esplanade des Mosquées dans la vieille ville de Jérusalem. Par précaution, la police israélienne a commencé à déployer, hier, des centaines d'hommes en renfort dans et autour de la vieille ville. Elle devra également interdire aujourd'hui l'accès de l'Esplanade à des activistes d'extrême droite qui projettent de pénétrer sur l'Esplanade des Mosquées à l'occasion de la commémoration du 9 du mois d'Ab dans le calendrier juif, a annoncé la radio militaire. L'Esplanade abrite la mosquée Al Aqsa, troisième lieu saint de l'islam après La Mecque et Médine. Le mufti de Jérusalem, cheikh Ekremah Sabri, a appelé vendredi les musulmans à se regrouper sur l'Esplanade des Mosquées aujourd'hui dimanche pour repousser des extrémistes juifs qui pourraient tenter d'y pénétrer. «Les juifs extrémistes menacent de mener une agression contre Al Aqsa», a-t-il déclaré lors du prêche de la grande prière du vendredi sur l'Esplanade. «Je vous rappelle qu'il faut mettre le cap sur Al Aqsa dimanche, car les extrémistes juifs ont annoncé qu'ils vont le prendre d'assaut ce jour-là. Il est du devoir de chaque musulman de se rendre à Al Aqsa car des dangers le guettent», a ajouté cheikh Sabri, plus haut dignitaire musulman dans les territoires palestiniens. Le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas a proclamé, vendredi devant des milliers de Palestiniens, que le prochain retrait israélien de la bande de Ghaza marquait le lancement d'une «marche de liberté» pour créer un Etat palestinien indépendant avec Al Qods comme capitale. «Aujourd'hui Ghaza et demain Al Qods si Dieu le veut», a déclaré M. Abbas lors d'un rassemblement populaire en bord de mer à Ghaza baptisé «Festival de la victoire et de la liberté». «Aujourd'hui commence une marche de liberté. Demain, c'est au tour de Jénine et après Al Qods», a-t-il ajouté devant une foule enthousiaste qui l'acclamait en scandant son nom de guerre «Abou Mazen, Abou Mazen». Le retrait israélien de la bande de Ghaza après 38 ans d'occupation n'est, aux yeux de nombreux Palestiniens, qu'une diversion orchestrée par le Premier ministre israélien Ariel Sharon pour renforcer la colonisation en Cisjordanie et «judaïser» Al Qods. «Sharon a ébloui le monde avec le retrait de la bande de Ghaza alors qu'il est en train de renforcer la colonisation en Cisjordanie et de changer les tissus démographique et culturel à Al Qods», affirme la député indépendante palestinienne Hanane Achraoui. «La bande de Ghaza constitue un fardeau démographique et sécuritaire pour Israël et en s'en retirant unilatéralement, Sharon la transforme en une grande prison et nous fait entrer dans une longue phase de transition», ajoute Mme Achraoui. M. Sharon lui-même n'a jamais cessé de justifier l'évacuation de la bande de Ghaza face à ses détracteurs, en affirmant avoir obtenu en contrepartie des assurances du président américain George W. Bush que les blocs de colonies en Cisjordanie resteraient sous souveraineté israélienne dans un futur accord de paix. Renforçant les craintes palestiniennes, il a d'ailleurs exclu, dans une interview diffusée mercredi, toute concession sur les blocs de colonies de Cisjordanie, Jérusalem-Est et les réfugiés palestiniens. «Les blocs de colonisation continueront à exister, ils seront reliés territorialement à l'Etat d'Israël, je ne négocierai en aucun cas sur Jérusalem, de même qu'il n'y aura pas de retour des réfugiés palestiniens de 1948 en Israël», a affirmé M. Sharon à la télévision publique. Alors qu'il est attendu le déploiement de 7500 policiers palestiniens dans les zones libérées, le mouvement islamiste palestinien Hamas a réaffirmé, dimanche dernier, qu'il voulait garder ses armes et son infrastructure militaire, en dépit du retrait israélien de Ghaza. «Hamas est attaché à son option stratégique de résistance armée jusqu'à la fin de l'occupation de nos terres et de nos lieux sacrés, la réalisation de nos objectifs et l'obtention de nos droits nationaux», a déclaré Ismaïl Heneya lors d'une conférence de presse en présence de dirigeants fondateurs du mouvement islamiste.