La police a pénétré sur l'esplanade des Mosquées à la suite des incidents qui se poursuivaient en fin de matinée à l'extérieur du site. De violents incidents ont eu lieu hier autour de l'esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est, un lieu saint de l'islam, dans un climat déjà tendu par un projet controversé d'Israël d'inscrire à son patrimoine national deux sites sacrés de Cisjordanie occupée. Les affrontements ont éclaté entre la police israélienne et des Palestiniens à la suite de rumeurs d'incursion de juifs extrémistes sur l'esplanade, au coeur de la Vieille Ville de Jérusalem. Ils ont fait deux blessés dans les rangs de la police, selon son porte-parole, qui a fait état de sept arrestations. Une dizaine de protestataires ont dû être soignés, blessés par des balles en caoutchouc ou incommodés par des gaz lacrymogènes, selon des sources palestiniennes. Un calme tendu est revenu en début d'après-midi dans la Vieille Ville. «Le calme est globalement revenu en Vieille Ville et un millier de touristes ont pu visiter l'esplanade (des mosquées)», a affirmé le policier. Des heurts sporadiques ont été signalés dans le quartier de Ras el-Amoud, dans le secteur oriental arabe de la Ville sainte occupée en 1967. La police avait pénétré en début de matinée sur l'esplanade des Mosquées à la suite de jets de pierre contre des visiteurs du site, qui abrite le Dôme du Rocher et la mosquée al-Aqsa. L'accès à l'esplanade a été interdit aux musulmans de moins de 50 ans. Une vive tension était perceptible ces dernières heures dans la Vieille Ville en raison d'appels du Mouvement islamique israélien mettant en garde contre des projets prêtés à des juifs extrémistes de se rendre en force dimanche (hier) et aujourd'hui sur l'esplanade des Mosquées. «Les manifestants ont jeté des pierres parce que des colons (israéliens) avaient fait part de leur intention de pénétrer dimanche ou lundi à Al Aqsa pour prier», a expliqué Adnane Husseini, un responsable du Comité islamique suprême de Jérusalem. L'esplanade des Mosquées est le troisième lieu saint de l'islam. Elle est bâtie sur le site du Temple juif détruit par les Romains en l'an 70 de l'ère chrétienne, dont le principal vestige est le Mur des Lamentations. Les juifs considèrent le mont du Temple comme l'endroit le plus sacré du judaïsme. Des échauffourées avaient déjà eu lieu en septembre et octobre, lorsque des Palestiniens s'étaient opposés aux forces de l'ordre pour protester contre l'intrusion d'extrémistes juifs venus prier sur le site. Ce regain de tension à Jérusalem survient alors que des affrontements ont opposé ces derniers jours des Palestiniens à l'armée israélienne à Hébron (Cisjordanie), après que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a décidé d'inscrire deux lieux saints, le Caveau des Patriarches (Hébron) et le Tombeau de Rachel (Bethléem), au patrimoine national d'Israël. Cette décision controversée, qui a suscité des protestations internationales, continue de faire des vagues en Israël même. Le président Shimon Peres, cité par le journal en ligne Y-Net, a appelé à la «prudence et à la retenue» et un ministre travailliste, Binyamin Ben Eliezer, a qualifié la mesure d'«erreur». Côté palestinien, le mouvement islamiste Hamas, qui contrôle la bande de Ghaza a appelé la communauté internationale à «assumer ses responsabilités pour mettre fin à l'agression dangereuse» d'Israël. «La colère des Palestiniens qui s'est exprimée à Hébron (El Khalil) et Al Quds (Jérusalem) doit s'étendre à l'ensemble des Territoires palestiniens», a indiqué un communiqué du Hamas.