Deux enveloppes, la première de 150 millions de dinars libérée en 2002 et une seconde de 80 millions en 2003, ont été engagées dans le cadre du programme du Fonds spécial pour le développement des régions du Sud, pour la réalisation et l'équipement d'un jardin botanique au niveau de la nouvelle ville. L'objectif de cette réalisation concerne la représentativité des écosystèmes, la recherche et l'expérimentation dans le domaine floristique, la création d'un écomusée, d'un parc animalier, ainsi que la réalisation d'un parc de loisirs et de détente comprenant des restaurants, des caféterias, des kiosques… En somme, un miniparc écologique avec une superficie de 20 ha pour la partie scientifique et 8 pour les loisirs, ce qui devait constituer un véritable poumon pour la ville qui ne possède aucun espace vert digne de ce nom. Lancés en octobre 2001, les travaux de réalisation ont accusé dès le départ un retard très important. Selon l'un des ingénieurs chargés du projet, l'étude avait été confiée par le maître d'ouvrage initial, à savoir la conservation des forêts à un bureau domicilié à Blida. «L'étude de ce bureau s'est avérée une catastrophe. Elle n'était que virtuelle, par conséquent, elle ne pouvait être appliquée sur le terrain.» Ni l'AEP ni les réseaux d'assainissement encore moins l'éclairage ne figuraient dans cette étude, ajoute le représentant de la direction de l'urbanisme et de la construction (DUC). En avril 2003, une commission d'enquête sera dépêchée sur les lieux sur instruction de l'autorité administrative. Le rapport d'expertise fait état d'importantes anomalies, et le projet sera retiré à la Conservation des forêts pour être remis à la DUC. Un autre bureau d'études privé chargé du suivi sera remplacé par l'Urbatia. Dans la précipitation et pour récupérer le temps perdu, les travaux seront confiés à de nouvelles entreprises avant même la réception des ODS. Cette procédure a engendré des problèmes administratifs, selon notre interlocuteur, qui ajoutera : «C'était du bricolage… » Au cours de notre visite sur le terrain, la chose fut confirmée. Des techniciens de la DUC veillaient à la réparation de l'éclairage public endommagé par les ouvriers de la Société privée des travaux et aménagement forestiers (STAF) qui, en plantant les arbustes, avaient sectionné les câbles électriques, or cette opération devait être effectuée en premier. En l'absence de gardien, un groupe d'enfants barbotait dans le grand bassin situé à l'entrée et qui présente déjà des défauts de réalisation. Le carrelage couvrant le fond s'est détaché. Les espaces verts qui devaient contenir une multitude d'espèces végétales sont ornés de rosiers et autres petits arbuste de 5 à 60 cm achetés par la Staf dans des pépinières locales, alors que cette société est plutôt qualifiée pour l'ouverture des pistes et les travaux forestiers. Selon le technicien de la DUC, l'offre de service d'un docteur en agronomie, spécialisé dans la conception des jardins botaniques, a été déclinée par les responsables du projet. Le parc animalier est une autre aberration. Des dizaines de cages et enclos destinés aux animaux sont alignés sur un terrain vague au fond du terrain. Ils sont inutilisables du fait qu'ils sont exposés au vent et au soleil. L'insinerium prévu pour les expériences n'est qu'un amphi abondonné aux vents de sable. Les restaurants, les caféterias, le bloc sanitaire, l'espace réservé à l'artisanat, les kiosques, l'aire de jeux n'existent que sur papier. Les travaux de l'écomusée semblent être à l'arrêt. Seul le bloc administratif perdu au fond de l'immense terrain aurait été réalisé à 100%. Sur le terrain, les réalisations sont loin d'être conformes avec le projet initial. En réalité, l'inauguration effectuée par le wali, le 20 août, ne concernait qu'un grand bassin non encore réceptionné et quelques arbres plantés pour l'occasion. Et la question qui reste posée est de savoir où est passé le jardin botanique qui devait être livré en juillet 2004.