Tous les moyens sont bons pour exhorter les Algériens à aller voter au scrutin présidentiel du 9 avril 2009 et éloigner le spectre de l'abstention. A l'ENTV, les spots se succèdent, notamment avant le JT de 20 h. Des célébrités telles que cheba Yamina et Abdou Driassa s'affichent, des icônes médiatiques parmi tant d'autres qui tentent de faire passer le message politique. L'acteur Fawzi Saïchi se prête au jeu en allant récupérer sa carte d'électeur à l'APC. D'autres acteurs affirment qu'ils n'ont raté aucun rendez-vous électoral. Dans les rues, des affiches ont été collées même sur les bus. Les officiels refusent bien sûr de parler de matraquage et préfèrent plutôt le mot « sensibilisation ». Dans la page d'accueil du site web du ministère de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, une nouvelle rubrique a été ajoutée : événementielle. Elle n'est pas consacrée aux mesures prises pour booster le taux de pénétration de l'ADSL dans les foyers et au sein des entreprises algériennes ou à un quelconque rapport sur le développement de la téléphonie fixe et mobile, mais à l'élection présidentielle. Il est rappelé que « contribuer à cette élection par le vote est un devoir constitutionnel qui permet aux citoyens d'exprimer librement leurs opinions ». L'internaute retiendra aussi deux informations : des SMS ont été envoyés aux citoyens sur les réseaux de la téléphonie mobile, les incitant à s'inscrire sur les listes électorales de leurs communes pour pouvoir, le 9 avril prochain, accomplir leur devoir et exercer leur droit civique. Algérie Poste a distribué à ses clients détenteurs de comptes CCP des prospectus en leur rappelant qu'il « ne faut laisser personne décider à leur place ». Les officiels ont découvert soudainement les vertus des SMS, ces courts messages textuels que beaucoup de citoyens ont reçu sur leurs téléphones portables. Avec les SMS, les jeunes sont les plus ciblés, notamment ceux qui votent pour la première fois. Ils sont plus influençables et plus malléables. Le SMS est entré dans les mœurs. Aujourd'hui, près de neuf adolescents équipés d'un mobile sur dix sont des adeptes de ce mode de communication. Sur le même site, en cliquant sur la rubrique des grands dossiers, une page vide apparaît dont celles de Ousratic, e-commission, Portail citoyen et Plan de développement à l'horizon 2013. Autre moyen d'incitation, les posters géants du président Abdelaziz Bouteflika dans les stades et sur les immeubles. Comment expliquer tout ce déploiement de moyens ? Les analystes donnent comme piste de réflexion une sorte de crise de confiance entre gouvernants et gouvernés et une marginalisation des gens, une situation qu'il faut renverser, au moins le temps d'un scrutin.