Depuis l'annonce de la tenue de la présidentielle, une véritable machine de propagande a été mise en branle Six jours nous séparent du rendez-vous électoral du 9 avril pour l'élection du président de la République. Un rendez-vous qui aura marqué les esprits non pas par les enjeux qu'il représente pour l'avenir du pays, mais plutôt par un désintérêt flagrant et large des Algériens. A telle enseigne que tous les moyens ont été mis en œuvre pour convaincre les Algériens d'aller voter. Depuis l'annonce de la tenue de l'élection présidentielle, c'est une véritable machine de propagande qui a été mise en branle pour pousser les électeurs à se présenter le 9 avril dans les bureaux de vote et peu importe pour qui ils voteront. A croire qu'une panique s'est emparée des pouvoirs publics, à l'idée du camouflet que représenterait une large abstention des électeurs. Bien plus que lors d'autres rendez-vous électoraux, on ne cherche plus à sauver les apparences et faire croire à un semblant de neutralité de l'administration. Cette dernière s'est faite même porte-voix des participationnistes à l'élection présidentielle. Un ex-président, Liamine Zeroual en l'occurrence, s'est même fait prier pour prendre part à l'élection et donner un crédit à une compétition sans grands adversaires, puisque l'opposition a décidé de briller par son absence en boycottant le scrutin du 9 avril. Une bataille médiatique sans précédent est menée depuis le début de l'année afin d'inviter les Algériens à ne surtout pas bouder le rendez-vous électoral. L'acte de vote est même présenté, plus que comme un devoir, mais « comme un acte de patriotisme ». Les opérateurs téléphoniques se sont mis de la partie en adressant des courts messages (SMS) à leurs abonnés pour leur rappeler d'aller voter. Les universitaires ont bénéficié d'une mesure inédite les autorisant à voter dans la commune où ils sont résidants durant leur cursus universitaire. Les écoliers n'ont pas échappé à la propagande électoraliste, puisqu'une note du ministère de l'Education nationale oblige la programmation de cours sur les élections et incite les élèves à demander à leurs parents d'aller voter. Outre les zaouias qui sont devenues l'arrière- plan du pouvoir politique, les mosquées sont aussi engouffrées dans la campagne électorale. Alors qu'une loi interdit l'utilisation des mosquées à des fins politiques, le ministère des Affaires religieuses instruit les imams pour faire des prêches appelant les fidèles à aller voter et même de confondre l'acte de vote en devoir religieux. Des menaces se sont faits jour, conditionnant le retrait de tout papier administratif par la présentation de la carte de vote. La campagne électorale qui touche à sa fin a été marquée par l'absence de programmes électoraux dans les discours des candidats, qui ont axé leurs propos à appeler les Algériens à voter massivement. Les partisans du boycott sont interdits de faire campagne pour le boycott, ils sont mêmes traités par les pires qualificatifs et accusés de « manquer de patriotisme ». Tous les ministères sont mis à contribution pour mener campagne contre l'abstention. Des caravanes sillonnent le pays, à coûts de millions de dinars, pour rallier le maximum de votants. L'omniprésence des affiches à l'effigie du président candidat, sur les façades des immeubles, les administrations, les maisons, les bus et surfaces publicitaires de l'ANEP, cache mal une volonté de provoquer un effet psychologique sur les électeurs afin de leur rappeler tout le temps et à chaque moment leur « devoir ». Si cette campagne, sans précédent pour le vote, devait exprimer quelque chose c'est tout simplement la crainte de voir les Algériens, qui ont compris que cette élection est sans enjeu et que le futur président est connu d'avance, ne donnent pas au pouvoir cette légitimité de façade que procure l'image tant chérie de milliers de votants devant les bureaux. C'est cette quête de légitimité populaire qui est l'enjeu principal de l'élection du 9 avril et qui fait courir depuis plus de vingt jours le président candidat et ses spin doctors.