Le dernier congrès de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa), qui s'est déroulé les 22 et 23 septembre 2004, a suscité une vague de contestation allant jusqu'à rejeter ses résolutions. Un groupe de délégués de wilayas, qui s'est déplacé hier à notre rédaction, déclare les travaux de ce congrès nuls et non avenus. Affirmant représenter 31 wilayas, les contestataires indiquent, documents à l'appui, qu'une requête pour invalider le 3e congrès a été adressée aux ministères de l'Intérieur et du Travail. La justice a également été saisie par le biais de maître Farouk Ksentini, avocat agréé à la Cour suprême. Dans la plainte destinée au tribunal de Sidi M'hamed, il est relevé la violation des articles 26, 28 et 29 du règlement intérieur de l'Ugcaa. En fait, les contestataires ont remarqué que le bilan moral et financier n'a pas été débattu lors de ce congrès. En outre, ils soulignent que le quorum exigé par la loi n'a pas été atteint, car la plupart des délégués n'ont pu assister aux travaux, la salle étant envahie par un grand nombre de citoyens. L'autre grief reproché à la direction issue de ce congrès qui a consacré Salah Souileh comme secrétaire général de l'Ugcaa, c'est que l'élection ne s'est effectuée ni à main levée ni par bulletin secret. « Le secrétaire général a été désigné suite à un point d'ordre soulevé dans une confusion totale par un délégué », peut-on lire dans la requête. « Allégeance politique » Les protestataires, à leur tête Ben Brih Abdelkader de la wilaya de Blida, rejettent aussi la manière dont est constitué le secrétariat général. En tout cas, ajoutent-ils, la procédure judiciaire suit son cours. « On a été confrontés par le tribunal avec notre adversaire le 27 décembre 2004. Le 3 janvier 2005, Salah Souileh n'a pas répondu à la convocation du juge », affirment-ils. Le comble, selon eux, c'est que Salah Souileh « ne dispose même pas de qualité de commerçant, son registre du commerce ayant expiré avant 1997 ». Dans un document établi par la Direction de la gestion du registre du commerce, relevant du ministère du Commerce, et signé le 4 janvier 2005, il est signalé que Salah Souileh détenait un registre du commerce enregistré le 20 décembre 1988 et un autre registre daté du 11 avril 1990, ces deux documents immatriculés au niveau de la wilaya de Béchar. Or, une instruction, dont nous avons une copie, signée par le ministre du Commerce, Noureddine Boukrouh, en date du 23 septembre 2002, stipule la réimmatriculation de tous les registres du commerce dans un délai qui a pris fin le 31 août 2002. En s'appuyant sur les deux documents officieux, le secrétaire général de l'Ugcaa, Salah Souileh, semble déchu de sa qualité de commerçant. Ses rivaux lui reprochent également de vouloir mettre l'Ugcaa sous la houlette d'un parti politique, le RND. « Nous sommes un syndicat autonome au service des commerçants et des artisans. Nous refusons toute allégeance politique », réclament les protestataires. Ainsi, ils demandent l'organisation d'un autre congrès pour rester dans le cadre de la légitimité et de la démocratie. A cet effet, une commission nationale « représentant les 48 wilayas » a entamé son travail pour préparer un congrès « légitime ». Notons enfin que l'Ugcaa n'a pas tenu son congrès depuis 1989.