Le centre d'alphabétisation de Sidi Hamed, relevant de la commune de Meftah, semble fonctionner « exclusivement » avec les dons des étrangers. Et lorsque ceux-ci y font défaut, la structure en question ne peut même pas se permettre d'avoir une clôture la sécurisant, un chemin d'accès sans bourbiers et nids de poule, des détergents pour le nettoyage des lieux, du papier pour son fonctionnement administratif, ou encore une ligne téléphonique ou de l'électricité. Depuis la construction du centre en 2002, il demeure alimenté via un fil électrique provenant de la poste du coin. Appartenant à l'association de lutte contre l'analphabétisme Iqraâ, ce centre vise à prendre en charge les personnes, surtout les femmes, qui n'ont jamais fréquenté les bancs d'école. Sa construction aura été concrétisée suite à un don du gouvernement japonais. Quelques équipements et le mobilier qui y existent émanent aussi du Japon ainsi que du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef). Deux machines à coudre industrielles accompagnées d'un fer à repasser industriel sont, quant à eux, offerts par l'ambassade des Emirats arabes unis. Il y a tout juste une semaine, des représentants de la cimenterie de Meftah, agissant particulièrement au nom de la société française Lafarge, une multinationale qui avait acquis 35% de la cimenterie avec un contrat de management de 10 ans, avaient récompensé au niveau du centre de Sidi Hamed 60 femmes poursuivant des cours d'alphabétisation à Meftah, et ce en collaboration avec l'association Iqraâ et l'Union locale des femmes algériennes. Les mêmes représentants se sont engagés à récompenser d'autres femmes poursuivant des cours d'alphabétisation, lors de la Journée nationale du savoir coïncidant avec le 16 avril de chaque année. « A Lafrage, il y a tout un programme pour promouvoir l'éducation et le développement des localités déshéritées de Meftah », insistera une de ses représentantes rencontrées lors de cette cérémonie de remise des prix. Le centre a été aussi visité par plusieurs représentants d'ambassades et de fondations étrangères. En parallèle, on note une « quasi » absence de l'implication des institutions nationales pour développer le centre de Sidi Hamed et pour mieux prendre en charge les personnes en quête de savoir…Et pourtant, selon le discours officiel, l'Etat fait de son mieux pour éradiquer le phénomène de l'analphabétisme et aide tous les acteurs qui s'impliquent pour le combattre. La structure, située dans une bourgade où l'accès à l'école par les jeunes filles y était carrément inexistant durant les années 1990 à cause de l'insécurité qui y régnait, demeure actuellement trop étroite pour pouvoir assurer convenablement ses missions alors que son extension demeure pour le moment impossible faute de moyens. Les 120 « élèves », dont l'âge oscille entre 25 ans et 75 ans, inscrits à ce centre, sont « dispatchés » un peu partout à travers les écoles de Meftah, pour suivre leur formation.En dehors des cours d'alphabétisation, le centre propose également au profit des jeunes filles, des stages en couture, broderie et en dessin sur soie afin de les insérer dans le monde professionnel et de leur donner des chances pour qu'elles puissent gagner leur vie… Toutefois, il ne dispose que de 5 machines à coudre seulement et ne peut donc pas répondre à toutes les demandes. « Si on avait les moyens, on aurait créé une microentreprise dans le centre afin que nos stagiaires, souvent déshéritées puissent écouler leurs produits. Dernièrement, nous avons eu une offre pour la confection de 300 tabliers au profit des écoliers, chose qu'on n'avait pas pu assurer faute de moyens », regrette à ce sujet Mme Menguelet, directrice du centre en question. Selon M. Sennia Mahfoud, secrétaire général de l'association Iqraâ de Blida, le nombre d'analphabètes dans cette wilaya avoisine les 100 000 personnes et le nombre de ceux qui ont été formés par le centre de Sidi Hamed depuis sa création en 2002, dépasse les 500 personnes. Ce même responsable affirme : « Nous essayons de faire de notre mieux pour prendre en charge les analphabètes, allant même jusqu'à faire bénéficier les plus jeunes d'entre eux d'un apprentissage dans le cadre d'une convention qui nous lie avec le secteur de la formation professionnelle. Toutefois, nous avons besoin davantage de moyens afin que nous puissions assumer convenablement notre mission. » En attendant que les pouvoirs publics s'impliquent concrètement pour venir en aide à ce centre, seules les institutions étrangères continuent d'œuvrer à combler ses besoins.