Relevant de la daïra de Bathia, située à une soixantaine de kilomètres à l'extrême sud-est du chef-lieu de la wilaya de Aïn Defla, la commune de Belaâs et celle voisine d'El Maïne, figuraient dans un passé relativement récent parmi les 47 communes les plus pauvres à l'échelle nationale. A ce titre, ces deux communes avaient bénéficié d'une aide financière de l'ordre de 30 437 000 DA dans le cadre d'un programme spécial destiné à l'amélioration du cadre de vie de la population. Il s'agissait de financer des projets visant à désenclaver ces communes à travers, notamment, l'ouverture et le revêtement des pistes ainsi que l'aménagement des sources d'eau par l'amélioration du réseau d'alimentation en eau potable. A ce sujet, Mohamed Ghomrani, le P/APC de la commune de Belaâs, avouera ne rien savoir concernant ces dispositions spéciales en disant que sa commune se développe grâce aux subventions, au même titre que les autres communes. Le premier responsable de cette APC affirmera, par ailleurs, que Belaâs est en train de s'éloigner progressivement de la zone rouge, soulignant néanmoins qu'il reste encore beaucoup à faire en matière de développement. L'exode continue La daïra de Bathia et ses communes sont, pour ainsi dire, coincées entre les chaînes montagneuses boisées au relief accidenté de l'Ouarsenis, qui s'étendent de la wilaya de Aïn Defla à celles de Chlef et de Tissemsilt. Ces massifs étaient durant les années 1990 le fief des groupes armés. C'est à partir de ces années-là que l'exode a commencé et se poursuit encore aujourd'hui. Ainsi, alors que les pouvoirs publics tablent dans certaines régions sur la politique du retour des habitants, à Belaâs le phénomène de l'exode continue. Le constat est ainsi éloquent : ils étaient 11 000 habitants avant 1995, affirment les responsables locaux, et au dernier recensement, ils ne sont plus que 5234. C'est plus de la moitié de la population qui a ainsi préféré s'installer ailleurs en raison, notamment, de l'enclavement de la région. Les destinations privilégiées demeurent les villes des wilayas limitrophes, telles que El Affroun, Mouzaïa, Tipaza, Meftah… Ces « exilés », selon nos interlocuteurs, apportent à ces régions une main-d'œuvre précieuse dans l'agriculture, particulièrement dans l'arboriculture, car la région est réputée pour ses amandiers, oliveraies, figues de Barbarie, mais aussi pour l'élevage apicole. Déficit dans le secteur de la santé Le problème de la couverture sanitaire se pose avec acuité dans cette commune où, à titre d'exemple, des femmes accouchent encore à la manière traditionnelle sans assistance médicale, tant le chemin pour rejoindre la structure sanitaire la plus proche est loin et risqué. A ce propos, le P/APC et des citoyens nous apprendront que la commune dispose en tout de 3 salles de soins et d'un seul médecin affecté à la salle du chef-lieu de commune. Une situation qui préoccupe au plus haut point les habitants, contraints d'utiliser leurs propres moyens pour accompagner les malades en faisant appel aux taxis clandestins et parfois aux transporteurs de tous bords, car dans cette région, on ne compte aucun transport déclaré en raison de la charge fiscale trop élevée, soutiennent encore nos interlocuteurs. Le premier responsable communal lancera un appel en direction des pouvoirs publics afin de faciliter l'investissement dans le transport, avec l'allègement des charges en question, ce qui contribuera à réduire un tant soit peu l'isolement dont souffre la population. Les autres revendications, des jeunes en particulier, sont la création d'espaces culturels et de loisirs et en priorité la création d'emplois. Les responsables municipaux soulignent, en ce sens, que la région offre de réelles potentialités touristiques, grâce à un microclimat exceptionnel, alliant cimes enneigées l'hiver et fraîcheur en été, ce qui convient aux rassemblements sportifs et aux cures médicales. Encore faut-il que des infrastructures soient installées à cet effet.