L'initiative de l'expo revient au Syndicat national des journalistes algériens (SNJ) avec l'assistance de Wahab Habbat de l'agence photo New press. Des proches des confrères assassinés déposent des fleurs, scrutent les portraits. «Nous n'avons pas pu avoir l'ensemble des photos, alors nous avons accroché un drapeau algérien avec des épingles pour permettre aux familles d'y accrocher les portraits des siens», explique Wahab. On allume des bougies du souvenir malmenées par le vent du présent qui annonce une certaine pluie. «Ne les oublions pas», proclame la pancarte du SNJ, vite concurrencée par une autre, signée Mouvement démocratique et social (MDS) : «Tous unis pour les libertés démocratiques». Polémique. «Les journalistes n'appartiennent pas au MDS», lance les animateurs du SNJ. «La Maison de la presse n'appartient pas au SNJ», répliquent des militants de l'ex-PAGS. Le MDS, fraîchement éclaté, est représenté sur place par ces deux ailes. «Ils veulent récupérer la manifestation», accuse le SNJ. «Nous avons le droit d'être solidaires avec les journalistes», répond le MDS. Les bougies résistent. Le regard post-mortem des confrères et consœurs aussi. Dans une salle truffée de caméras de surveillance, en présence d'un agent des Renseignement généraux, le comité Benchicou pour les libertés présente un film documentaire de 52 minutes sur la liberté de la presse, et le cas Mohamed Benchicou, réalisé par Hocine Redjala. On fait parler des éditeurs, des avocats, deux journalistes mais pas le syndicat ni la jeune génération de journalistes. Le documentaire souligne l'absence d'enquête dans la majorité des assassinats de journalistes. Entre-temps, dépôt de gerbe de fleurs à la place de la Liberté de la presse du côté de la rue Hassiba Benbouali. Là aussi c'est en deux temps : l'APC d'Alger-Centre et quelques éditeurs le matin, le SNJ en fin de matinée. De retour à la Maison de la presse, où les journalistes se partagent entre les salles de rédaction et la cafet' chez Nacer, l'on constate que seule la gerbe de fleurs portant la signature du SNJ – FIJ (Fédération internationale des journaux, dont le bureau d'Alger est à la maison de la presse), a été déposée en souvenir des collègues fauchés par la mort assassine. Les morts ne protestent pas. Il y a juste le regard d'outre-tombe. Une jeune journaliste, la vingtaine, promène son calepin à travers les portraits par terre. «Tellement de morts», dit-elle. Pluie. On rassemble les portraits avec attention, comme on embaume les morts. Seule, demeure la pancarte criant «Ne les oublions pas». Le ciel compatit. Peut-être. Rencontre Presse-justice : dialogue ou confrontation ? Le comité des éditeurs de presse organise aujourd'hui à l'hôtel El Marsa de Sidi Fredj, à l'ouest d'Alger, une rencontre-débat autour du thème «Presse-justice : dialogue ou confrontation ?» Prendront part à cette rencontre Djamel Aïdouni, président du Syndicat national des magistrats, Jean-Yves Monfort, président du tribunal de grande instance de Versailles (France), maître Jean-Yves Dupêaux, avocat à Paris, maître Yahia Chakir et l'avocat Khaled Bourayou. El Watan, El Khabar, Liberté, Le Soir d'Algérie, L'Epoque et El Fedjr sont les promoteurs de cette rencontre organisée à l'occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse.