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La mondialisation et le développement du secteur agricole
Publié dans El Watan le 08 - 05 - 2006


1. Preambule
La relance de ce secteur permettra de :
– Réduire notre dépendance alimentaire
– Maintenir le paysan sur sa terre
– Créer des emplois avec le développement des industries agroalimentaires.
Il faut que nous puissions assurer notre sécurité alimentaire et nous doter d'une capacité de production agricole qui dans un monde voué à la famine est un instrument politique non négligeable.
L'arme alimentaire a joué déjà dans les années 1980 un rôle important dans la politique des Etats Unis vis à vis du gouvernement soviétique au moment ou ce pays a envahi l'Afghanistan.
Lindon Johnson a utilisé ce même bâton pour dissuader l'Inde à supporter le peuple vietnamien et l'obliger à ouvrir son marché aux capitaux privés. La facture alimentaire représente 25% de nos importations. Ceci nous amène à nous demander comment sortir de cette situation qui risque de remettre en cause notre indépendance politique.
Dans son discours d'investiture le 19 Avril 2004, le Président de la République rappelait «Qu'il était vital pour notre pays de se dégager progressivement de la dépendance par apport aux hydrocarbures et de commencer à préparer son économie à l'après pétrole dans un contexte de mondialisation accéléré».
Dans le domaine agricole les effets néfastes de la mondialisation sont à nos portes. Avant que cette marée emporte notre agriculture, il faut que nous puissions rendre cette activité attractive et compétitive. Notre politique agricole a toujours été dictée par des considérations liées à l'approvisionnement intérieur et à l'autosuffisance alimentaire. L'OMC pousse à l'ouverture accrue des marchés, avec pour conséquence, la destruction d'un secteur qui sera confronté aux multinationales de l'agro-business, auxquelles l'abaissement des barrières douanières ouvre un boulevard.
Il est impératif de réduire les coûts des moyens de production et assister le paysan afin de concurrencer les produits importés et préparer ce secteur à affronter les effets néfastes de la mondialisation.
Les bouleversements importants qui ont marqué au cours de la décennie écoulée, la demande nationale d'une part et le marché mondial d'autre part, dominés par une nette dépendance vis à vis des pays développés en matière de céréales et légumes secs nécessitent une assistance accrue de l'Etat pour un développement conséquent des grandes cultures industrielles.
Seules les subventions de l'Etat et une politique incitative sont en mesure d'atteindre ces objectifs par un investissement considérable dans les domaines suivants :
– Développer les ressources en eau (Barrages – Dessalement eau de mer – Forage – Albien) ;
– Généralisation de l'aspersion d'appoint pour les cultures industrielles ;
– Mettre en place les fermes expérimentales au niveau de chaque wilaya ;
– Intensification de l'irrigation pour atteindre le million d'hectares au courant de cette décennie ;
– Semences sélectionnées exclusivement pour les céréales et les cultures industrielles.
Il faudra assurer l'eau d'appoint à ces cultures stratégiques et mettre l'accent sur la recherche agronomique en élargissement de ce fait le potentiel génétique et en développant les variétés à haut rendement.
Il est nécessaire d'intensifier le traitement des eaux usées et multiplier les unités de dessalement d'eau de mer pour combler le déficit annuel en eau qui dépasse les deux milliards de mètre cube.
L'irrigation aura pour effet de relever le niveau de production et d'atténuer et/ou d'éliminer les aléas inhérents aux variations climatiques. L'insuffisance de la pluviométrie est certainement l'un des facteurs qui pèse le plus sur la production agricole. Il faut toujours avoir à l'esprit que nous vivons dans une région semi-aride.
L'irrigation sous toutes ses formes permettra d'introduire une meilleure régularité dans les rendements culturaux.
Il faudra qu'à moyen terme, nous puissions assurer notre sécurité alimentaire et nous doter d'une capacité d'exportation qui dans un monde voué à la famine est un instrument politique non négligeable. Dans les années 60 nous étions bien un pays exportateur. Les centres de recherches agronomique et pédologique doivent mettre en place dans les meilleurs délais une cartographie nationale pour assister les paysans à semer les cultures appropriées selon la texture du sol.
2. Rappel historique sur le secteur agricole
Historiquement, l'Algérie a toujours été un pays agricole riche fournissant ses produits alimentaires aux pays Méditerranéens. Les Romains, par exemple considéraient l'Algérie comme leur grenier et chaque fois que les envois de céréales s'arrêtaient, c'était la famine dans la métropole.
La plus grande partie de la population active du pays était employée dans le secteur agricole, alors que les autres secteurs comme l'artisanat et le commerce ne jouaient qu'un rôle secondaire.
2. 1. L'époque française
Si l'époque turque a permis le développement du processus de privatisation et de concentration de la terre, c'est surtout pendant l'époque coloniale qu'on assiste à l'institution de cet état de faite en tant que système.
La colonisation française signifie pour la majorité des algériens une période de difficultés extrêmes ; le refoulement, le containement, l'expropriation de leurs meilleures terres, la prolétarisation massive, en un mot la misère.
Le tableau ci-dessous montre bien l'extermination massive des Algériens par le colonisateur.
Autrement dit après un demi-siècle de colonisation (1830 – 1886) la population n'a presque pas augmenté.
Après avoir réprimé toute résistance le colonisateur se consacre à l'application d'une législation foncière (1844) dont le but principal est d'exproprier les Algériens des meilleures terres. L'économiste algérien A Benachenhou écrit à ce sujet : «La tribu est un frein et un danger pour la colonisation déjà établie. Le danger provient du caractère insurrectionnel de l'organisation tribale. Le frein est constitué par le caractère familial de son droit de propriété qui interdit la libre transaction et donc l'accès aux moyens de production par l'argent. En 1930 les colons s'approprient 2.5 millions d'hectares des meilleures terres».
2. 2. La période post-Indépendance
La situation économique et sociale continue à s'aggraver. Le départ des colons ne change pas grand chose en ce qui concerne la grande masse des paysans.
La réforme agraire a certes amélioré sensiblement le pouvoir d'achat des paysans, mais malheureusement la dépendance alimentaire a commencé à prendre de l'ampleur d'une manière inquiétante. Pour ce qui est du taux d'autosuffisance alimentaire en céréales, l'Algérie produisait en 1960 18 millions de quintaux et en consommait 21 soit un taux de 85%. Actuellement elle produit 25 et consomme 50. Par conséquent l'Algérie est obligée d'importer de plus en plus de denrées alimentaires et cette facture a augmenté d'une manière exponentielle depuis l'indépendance :
1966 : 178 millions de $
1972 : 369 millions de $
1980 : 1300 millions de $
2000 : 2000 millions de $
Source : FAO Trade Year Book
Actuellement nous importons pour plus de 4 Milliards de produits agro-alimentaires avec leurs inputs. A cause d'une productivité modeste, l'emploi dans le secteur agricole régresse, ce qui a eu pour conséquence un exode rural élevé.
La situation actuelle du secteur agricole
On estime qu'il y a 7 millions d'hectares arables sur une superficie globale de 238 millions d'hectares. Seuls environ 30% de cette surface, soit à peu prés de 2 millions d'hectares des terres cultivées se situent dans la zone où l'apport annuel des précipitations permet une agriculture viable. Au niveau des hauts plateaux un million d'hectares sont réservés principalement à la culture céréalière où la pluviométrie varie entre 150 à 200 mm. Les rendements moyens sont de 10 quintaux à l'hectare. Les années à forte pluviométrie nous arrivons à produire 30 millions de quintaux. Un million d'hectares sont réservés aux cultures céréalières et industrielles (blé, orge, avoine, pomme de terre, tomate, etc.) le reste est destiné aux cultures maraîchères et aux arbres fruitiers.
Si notre dépendance alimentaire ne cesse de s'aggraver, c'est dû principalement aux facteurs suivants :
– La désaffection progressive et inquiétante pour le travail de la terre due aux déséquilibres intersectoriels et aux contraintes multiples qui ont limité l'amélioration des conditions de vie et de travail dans les campagnes.
– Les contraintes de toute nature juridique, administrative, financière, aggravées par un désinvestissement en amont et en aval au niveau de l'ensemble du processus de production.
Afin de rendre ce secteur performant et attractif, il faut :
– Mobiliser l'ensemble des énergies pour la production des denrées alimentaires de large consommation considérées comme stratégiques.
– Créer les conditions incitatives à la valorisation de la terre afin de contribuer à réduire l'exode rural. C'est le rôle de l'Etat qui doit s'investir pleinement et totalement pour mettre à la disposition des paysans l'ensemble des facteurs de production à des prix subventionnés (Energie – Engrais – Semences – Matériels agricoles).
– Inciter les paysans et les encourager à développer les cultures irriguées (aspersion / goutte à goutte).
La mondialisation est à nos portes et avant qu'elle nous dicte sa feuille de route il est impératif au courant de cette décennie d'apprendre aux paysans et aux collectivités à produire à moindre coût et rentabiliser leurs exploitations agricoles. Cette démarche nécessite un support financier et technique constant de l'Etat. Demain les céréales de l'Argentine, des USA, du Canada, et de l'Australie vont envahir notre marché en raison de l'abaissement des barrières douanières. La levée de ces barrières va permettre l'arrivée sur nos étalages de produits alimentaires qui vont défier toute concurrence. Ainsi nous allons accentuer la paupérisation des paysans et par conséquent l'exode rural.
En 1970, 70% de la population vivait dans les campagnes, actuellement seule 40% est fixée à la terre, le reste s'entasse dans les villes. Si nous ne voulons pas assister à la destruction du secteur agricole qui demain sera confronté aux grands producteurs étrangers, auxquels l'abaissement des barrières laisse les portes grandes ouvertes, il faut que l'Etat prenne en charge le développement des facteurs de production pour les mettre à la disposition du secteur agricole à des prix incitatifs. Si l'Etat ne prend pas en considération les aspects cités ci-dessus, nous allons assister au même phénomène qui s'est produit en Inde dans les années 1980.
La majeure partie des paysans ont abandonné la terre suite à la suppression des barrières douanières qui a vu l'arrivée sur les étalages des produits agroalimentaires d'importation à des prix défiants toute concurrence et qui sont subventionnés par leurs Etats… U.S.A/Canada/Australie/Europe….
3. Les ressources en eau
Les tensions croissantes sur la ressource en en eau, conjuguées à une climatologie défavorable mettent en évidence l'importance du facteur eau pour le développement économique et social.
3. 1. Les potentialités
– L'écoulement superficiel total est de 15 milliards de mètre cube par an. Il s'agit du débit annuel de l'ensemble des cours d'eau du pays. L'idéal aurait été de mobiliser et réguler cette eau. Malheureusement à cause des contraintes géologiques et techniques ce projet est irréalisable. Nous estimons que 50% de cette eau pourrait être maîtrisée.
– Les ressources souterraines du nord sont estimées à 2 milliards de mètre cube par an.
– Les ressources souterraines du sud du pays (Albien) sont estimées à 40000 milliards de mètre cube. L'exploitation de cette ressource fossile, quasiment non renouvelable doit être rationnelle.
3. 2. Les besoins à long terme
– Eau potable : sur une population de 30 millions d'habitants, 60 % vivent dans les villes et on estime qu'en 2025 le taux d'urbanisation atteindrait 70%.
L'organisation mondiale de la santé (OMS) estime les besoins en eau dans les pays développés à 300 l/j par habitant.
On peut considérer nos besoins à 200 l / J par habitant pour les villes et 100 l / J pour les zones rurales.
Si nous considérons que la population en 2025 atteindra 50 millions d'habitants, la consommation en eau potable serait de 5 milliards de mètre cube. – Agriculture : L'objectif est d'irriguer 1 million d'hectares. Il faut approximativement 5000 mètres cubes pour irriguer 1 hectare, soit un besoin de 5 milliards de mètres cubes.
Nos besoins pour l'agriculture, la population, l'industrie seraient à moyen terme de 12 milliards de mètres cubes. A partir de 2010, 7 milliards proviendront des barrages, 1 des nappes , 2 de l'albien, 1 milliard du traitement des eaux usées, et 1 milliard de m3 d'eau dessalée , soit un potentiel de 12 milliards de mètres cubes.
4. Le dessalement d'eau de mer
La capacité mondiale d'eau dessalée est de 40 millions de mètre cube jour, ce qui représente 2% de la consommation mondiale dont en millions de mètres cubes :
Moyen Orient : 20
Amérique du Nord : 7.5
Asie : 5
Europe : 5
Afrique : 2.5
Pourquoi le dessalement ?
Nous sommes dans une région semi-aride, très défavorisée en matière de disponibilité hydrique. Notre pays ne dispose pas de grands fleuves, ni de grands sites pour abriter les barrages.
Il pleut environ 300 mm à l'Ouest, 400mm au centre, 600mm à l'Est et 100mm au Sud des Hauts Plateaux. Pour combler le déficit l'état s'est engagé à réaliser lors du prochain de ce quinquennat (2004-2009) 2 millions de mètre cube jour d'eau dessalée.
Ce qui est nettement insuffisant pour combler les besoins à long terme qui sont de :
– La population : 5 milliards de mètres cubes par an
– L'agriculture : 5 milliards de mètres cubes par an
– L'industrie : 1 milliard de mètres cubes par an
– Autres : 1 milliard de mètres cubes par an
L'Algérie reçoit 65 milliards de mètres cubes de pluie par an dont :
– 15 milliards vont vers les oueds
– 3 milliards alimentent les eaux souterraines
– 47 milliards s'évaporent
La capacité réelle de stockage actuelle des barrages est de 7 milliards de mètre cube Il faut considérer 40% de pertes par canalisation qu'on doit être en mesure de réduire à 10% à moyen terme. Par conséquent, on doit faire des efforts considérables en vue de :
– Réduire les pertes en changeant les canalisations qui date du temps de la colonisation ;
– Augmenter la production d'eau dessalée en réalisant des unités de dessalement tout en veillant à réduire les coûts de processing et assurer une maintenance rigoureuse.- Systématiser le traitement des eaux usées en confiant la gestion de ces unités à des professionnels et non pas aux collectivités locales comme par le passé.
5. Comparaison des procédés de dessalement
Les techniques de dessalement pour la production d'eau dessalée à partir de l'eau de mer sont classées en deux types de procédés :
Thermiques Multi-stage Flash (MSF)
Multi effect distillation (MED)
Mechanical Vapor Compression (MVC)
Membranes Osmose Inverse (OI)
Electro-Dialyse (ED)
90% de l'eau dessalée dans le monde utilisent deux procédés:MSF ETO.I.
5. 1. Procédés thermiques
Le principe est base sur l'évaporation de l'eau brute par un apport de la chaleur et la condensation ensuite de la vapeur produite.
Ces procédés ont l'avantage de produire une eau dessalée de grande pureté dont le TDS (Total Dissolved Solids) est inférieur à 5 ppm.
Les procédés MVC et MED sont prouvés pour des petites capacités.
Le procédé MSF est le procédé thermique le plus ancien, il est prouvé pour de grandes capacités, dépassant les 30000 m3/jour. Il est souvent installé dans des usines de dessalement d'eau de mer couplé à des centrales électriques. Cette combinaison permet un gain d'énergie et par conséquent une réduction du prix de revient du mètre cube d'eau produite.
Le procédé est basé sur le fait que dans une enceinte thermique isolée et ne contenant que de l'eau chargée de sels dissous, en équilibre avec sa vapeur, toute introduction d'eau à une température supérieure à celle régnant dans l'enceinte, entraîne une détente du débit introduit avec libération d'énergie et donc vaporisation. Ce procédé nécessite aussi un pré-traitement et une attention particulière sur le choix de matériaux.
5. 2. Procédé à membranes
Le principe est basé sur la séparation sans changement de phase de l'eau et des sels dissous à travers des membranes semi-perméables. Ces procédés sont généralement utilisés pour produire de l'eau dessalée à un TDS de 400 à 500 ppm. Opérant à des températures ambiantes ces procédés consomment uniquement de l'énergie dite noble, électrique et mécanique.
Le procédé ED est employé uniquement pour le dessalement des eaux saumâtres. Le procédé OI est par contre de plus en plus utilisé pour l'eau de mer. En effet, l'évolution technologique de ce procédé enregistrée cette dernière décennie s'est traduite par un développement et une amélioration de sa fiabilité permettant une application de plus en plus répandue pour la production de l'eau potable à partir de l'eau de mer. Mais il faut souligner qu'un traitement préalable de l'eau de mer ou bien de l'eau saumâtre est impératif. Depuis les années 80, l'Osmose Inverse commence à prendre une part importante du Marché. Cet intérêt croissant pour l'OI a commencé depuis la mise sur le marché par Dupont de Nemours sa membrane à fibre creuse. Le principe de l'OI repose sur la diffusion naturelle, à travers une membrane semi-perméable d'une solution moins concentrée vers une solution plus concentrée et ce jusqu'à l'obtention d'un état d'équilibre.
Le rejet de la saumure se faisant à des pressions très importantes, il est possible d'installer une turbine pour la récupération de l'énergie. On parle alors de la cogénération. Ceci permet de récupérer jusqu'à 25 % d'énergie sachant que le poste énergétique est le plus important dans les coûts d'exploitation, la rentabilité du projet sera meilleure. Lorsque l'installation est de capacité importante, le procédé par cogénération présente un intérêt certain. La rentabilité de l'OI réside dans l'efficacité du pré-traitement (Acidification – Filtration – Floculation – chloration)
Si demain nous allons produire 2 milliards de m3 d'eau dessalée à partir de ce procédé, il faut envisager d'ores et déjà la fabrication des membranes en Joint Venture avec un partenaire qui détient le procédé de fabrication. Pour cela s'inspirer de l'expérience Espagnole et faire un partenariat avec un pays du bassin méditerranéen ou un pays Arabe du Golfe pour rentabiliser l'investissement en économie d'échelle.
Sinon nous serons obligés d'importer annuellement pour 20 millions US $ de membranes. A court terme on peut se permettre ce luxe, mais seront nous, à long terme, en mesure de payer cette facture ?
Il est clair que le procédé qui s'adapte le mieux au traitement de l'eau de mer est le procédé MSF pour au moins trois raisons :
– Facilité d'exploitation, technologie à la portée de notre environnement ;
– Capacité de production nettement plus importante (40000 m3/jour) pour chaque train.
– Pas de membranes à importer chaque année ;
– Les zones industrielles de Skikda-Annaba-Arzew maîtrisent ce procédé. Sonatrach et Sonelgaz ont une expérience indéniable pour ce type de procédé.
– Les coûts de processing sont nettement inférieurs au procédé Osmose Inverse.
Cependant il faut reconnaître que le procédé Osmose Inverse ne cesse d'évoluer et à tendance à devenir le procédé de plus en plus utilisé pour la production d'eau potable à partir de l'eau de mer. En effet l'utilisation de puits côtiers (filtration naturelle de l'eau de mer) en guise de prise d'eau de mer a considérablement contribué à améliorer les performances du pré-traitement qui demeure la clé de voûte de l'Osmose Inverse .Si un traitement efficace n'est pas effectué, la performance des installations est remise en cause ainsi que la durée de vie des membranes. La consommation de l'énergie électrique par mètre cube d'eau produite va augmenter .Le procédé M.S.F. ne nécessite pas un pré-traitement sophistiqué, une filtration classique et une chloration pour éviter la prolifération d'organismes marins sont suffisants.
Le procédé MSF représente 50% de la capacité mondiale installée.
Vers les années 90 la capacité installée d'eau dessalée dans le monde avait dépassé les 40 millions de m3 / jour mais il faut dire aussi que cette technique n'est appliquée que dans les pays riches car elle nécessite des investissements très lourds.Il faut 1000 US$ d'investissement par M3 d'eau produite
Sur la base des éléments ci-dessus, il s'agit d'avoir une stratégie à long terme :
– Déterminer le type de procédé selon les eaux à traiter (saumâtre – eau de mer – puits côtiers – Eau de barrage) ;
– Déterminer les coûts d'investissement par mètre cube produite ;
– Déterminer les coûts de processing par procédé.
– Ainsi que tous les ratios de gestion (ROI / Cash Flow) par type de procédé.
– Par ailleurs, nous devons réaliser les unités MSF à grande capacité couplée, avec production d'énergie électrique, principalement à Arzew et Skikda ou nous avons de l'énergie à bon marché et les opérateurs maîtrisent l'exploitation de ces installations.
6. conclusion
Au courant de ce quinquennat l'Etat algérien a décidé de lancer un plan de développement des ressources en eau pour un montant de 500 milliards de dinars, soit 5 milliards de Dollars. Le montant réservé au dessalement avoisine les 2 Milliards de Dollars. A notre avis, il faut revoir à la hausse ce montant pour augmenter la quantité d'eau réservée à l'agriculture et ce pour réduire notre dépendance alimentaire. En 1962 on importait 20% de nos besoins alimentaires, aujourd'hui 70%.
Cependant, afin de ne pas répéter les mêmes erreurs que dans les années 70, nous devons réfléchir sur le choix des procédés à adopter et ne pas être attiré seulement par le coût d'investissement mais aussi par les coûts d'exploitation et particulièrement rechercher l'efficacité dans la maintenance des installations. Nous avons l'exemple des unités d'électrodialyse et d'Osmose Inverse d'Arzew (Méthanol et Raffinerie) qui ont été une erreur stratégique vu les coûts de maintenance exorbitants qui ont été engendrés ainsi que les manques à produire. Sur le choix du procédé on peut dire que le MSF est plus compétitif malgré que le procédé à membrane a fait un saut qualitatif au courant de la décennie écoulée. Si le procédé MSF nécessite un coût d'investissement de 20% supérieur à l'O.I par contre les coûts d'exploitation sont très bas. Par ailleurs, il faut ajouter qu'on est obligé de renouveler le 1/3 des membranes chaque année sachant que le coût d'une membrane est de 1000US$.
Nous ne devons pas répéter les mêmes erreurs que par le passé La condition sinéquanun pour qu'une station de dessalement puisse produire dans les meilleurs conditions il faut :
– Une énergie électrique fiable,
– Un prétraitement de l'eau approprié,
– Une main-d'œuvre qualifiée,
– Une maintenance rigoureuse
Dans les années 70 à 80, l'Algérie s'est lancée dans la réalisation d'une trentaine de stations de dessalement de petites capacités et une soixantaine de stations de traitement des eaux usées. Que sont-elles devenues ? Pour ne pas refaire les mêmes aberrations que par le passé, il faut procéder à un audit de ces installations afin de déterminer les raisons pour lesquelles elles n'ont pas fonctionné selon les normes internationales.
Dans les dix prochaines années nous aurons :
– Une dizaine de stations de capacité allant de 100000 à 200000 m3/j réalisées selon la formule B.O.T ou B.O.O. en partenariat avec des sociétés étrangères et qui vont produire pour plus de deux millions de mètres cubes/jour.
– Une vingtaine de stations de capacité de 2000 à 5000 m3/j réalisées pour le compte de l'Etat.
Si le problème de gestion des stations réalisées en B.O.T et B.O.O. ne se pose pas, que vont devenir celles réalisées pour le compte de l'Etat ?
– Y aurait-il une politique de maintenance ?
– Quels sont les coûts d'exploitation envisagés ?
– Vont-ils se rapprocher des standards internationaux ?
– Quels seront le coût de la membrane par mètre cube d'eau produite ainsi que le coût de l'énergie ?
A toutes ces questions, seul un symposium sous l'autorité du ministère des Ressources en eau et qui regroupera tous les ministères concernés tels que Agriculture, Finances, Energie, Intérieur, pourrait y répondre et proposer des solutions pour augmenter la fiabilité de ces installations et réduire les coûts d'exploitation.
Pour éviter ce genre de problèmes, il faut qu'au même titre que le Haut Conseil de l'énergie, un Haut Conseil des ressources en eau présidé par le chef de l'Etat soit mis en place. Ce Haut Conseil sera chargé de veiller à l'application d'une stratégie à long terme dont les objectifs majeurs seront :
– Réduire la dépendance alimentaire,
– Veiller à la gestion rigoureuse des ressources en eau.
Dans son message à l'occasion de la journée mondiale de l'eau le président de la République a insisté sur le faite que «la problématique de l'eau n'est pas seulement une technique, elle réside également dans son respect au quotidien, qui doit faire partie intégrante de nos comportements et, par conséquent de notre culture.
La mise en valeur efficace des ressources en eau et leur gestion cohérente doivent constituer les composantes clés pour un développement durable».
Dans cette stratégie à long terme, il y a lieu de faire une ségrégation des ressources en eau, c'est-à-dire réserver les eaux de barrage pour l'agriculture et les agglomérations qui se trouvent à l'intérieur du pays. Par contre l'eau dessalée sera destinée exclusivement aux zones industrielles et aux grands centres urbains se trouvant sur le littoral.
Il faut développer une interconnexion entre les installations de dessalement et les eaux de barrage afin de tisser un réseau national et mettre en place au niveau national une Sonelgaz des eaux avec un centre national de dispatching. Cette eau qui n'a pas de prix doit être utilisée avec parcimonie et servir en premier lieu au développement de l'agriculture.
Au moment où la mondialisation est à nos portes qui risque de balayer notre agriculture et notre industrie agroalimentaire (se référer au cas de l'Inde), il faut que l'Etat stimule et oriente ce secteur par une mise à niveau efficace qui puisse résister au choc de la mondialisation.
Pour éviter les déboires de la paysannerie indienne suite à l'ouverture du marché, il faut que l'Etat aide le paysan à se préparer à affronter la concurrence des produits agricoles importés. Ces produits proviennent des pays industrialisés qui pratiquent la mécanisation à outrance. Ceci n'empêche pas ces pays à subventionner leurs produits à l'exportation.
L'Etat doit encourager la culture des denrées où nous pouvons être très compétitifs tels que oliviers, arbres fruitiers, dattes, enfin toutes les cultures industrielles qui s'adaptent à notre climat et à la texture de notre sol.
Nous pouvons être à moyen terme de grands exportateurs de viande ovine si l'Etat décide de redynamiser la zone steppique en réglementant les zones de pâturage et en ensemençant les parcours fortement dégradés.
En ce qui concerne notre dépendance alimentaire nous l'avons déjà souligné, elle avoisine les quatre milliards US$ soit le quart de toutes nos importations tous produits confondus. Cependant il faut admettre que nous serons toujours dépendant pour les produits suivants :
Sucre à 100%,
– Huile à 80%,
– Céréales à 50%.
Nos voisins marocains et tunisiens arrivent à exporter pour plus de 3 milliards de US$ de produits agricoles. Il est certain que nous sommes en mesure de dépasser ce montant si l'Etat a la volonté d'assister les opérateurs nationaux dans les domaines suivants :
– Faire connaître nos produits dans les foires Internationales,
– Politique incitative de réduction de taxes,
– Instruire nos Banques pour accorder des facilités,
– Développer des coopératives par produits,
– Inciter les opérateurs à contracter des Assurances à l'exportation.
Cependant il faut admettre que l'Etat a fait des efforts pour réduire notre dépendance alimentaire et favoriser l'exportation de nos produits agricoles et particulièrement dans le domaine de l'eau :
– Nous aurons en 2010 ,67 barrages en meure de stocker huit milliards de mètre cube d'eau ,
– Quatre grands systèmes, le Beni Haroun, Taksebt, le M.A.O. et la conduite d'eau In Salah-Tamanrasset, sont en voie de concrétisation.
– 22 stations de traitements des eaux usées dont la gestion sera confiée à des professionnels,
– Transfert de l'Albien vers les hauts plateaux.
Ainsi nous espérons être en mesure de ne plus dépendre des Hydrocarbures sachant que nos réserves vont s'amenuiser à partir de 2020 pour s'épuiser à partir des années 2050. Les dollars du pétrole doivent servir à développer l'Agriculture pour réduire notre dépendance alimentaire et nous éviter de subir le diktat de l'O.M.C et des multinationales de l'agro-business telles que MANSANTO.


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