La r�currence des p�riodes de s�cheresse ces derni�res ann�es rend urgente la prise en charge de l�important d�ficit en eau potable que conna�t l'Alg�rie. C�est pourquoi un ambitieux programme de dessalement de l�eau de mer a �t� mis en place. Un choix strat�gique qui, selon le minist�re des Ressources en eau, mettrait fin, d�s 2012, aux probl�mes d�approvisionnement en eau potable dans les villes du nord du pays. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Il fut un temps o� l�on parlait beaucoup du programme d'exploitation de l�eau de mer et de ses nombreuses stations de dessalement. O� en est le projet ? Que sont devenues les unit�s de dessalement ? Parviendront-elles � se substituer aux gigantesques barrages hydriques dont l'Alg�rie s'est dot�e ? Apr�s la crise de l�eau qui a touch� Alger et plusieurs villes du pays en 2001, l�Etat semble s�rieusement se pencher sur le probl�me : trouver une solution durable � cette carence en ressources hydriques. L'absence d'eau dans les robinets empoisonnait, en effet, le quotidien des citoyens. Les responsables ont alors acc�l�r� le lancement de �solutions d�urgence� pour s�curiser l�alimentation en eau potable et la renforcer dans les villes c�ti�res tout particuli�rement. Vingttrois stations, dites monoblocs (d�montables) de dessalement de l�eau de mer ont �t� r�alis�es entre 2002 et 2003. Dot�es d�une capacit� de production globale de 57 000 m3 d'eau par jour, ces unit�s �taient destin�es uniquement � couvrir les besoins de consommation de la capitale. Une fois Alger s�curis�e, ces stations ont �t� transf�r�es vers les r�gions de T�n�s, Tlemcen, Oran, A�n T�mouchent, Tizi-Ouzou et Skikda o� elles continuent de fonctionner. Ce n�est qu�en mars 2003 que les travaux de construction de la premi�re station de dessalement de l�eau de mer ont �t� lanc�s. Le projet a �t� confi� � la soci�t� AEC (Algerian Energy Company), cr��e en 2001 par les groupes Sonatrach et Sonelgaz. La r�alisation de la station de Kahrama, dans la wilaya d�Oran, a, elle, �t� confi�e � la soci�t� sud-africaine Black & Veatch. Implant� dans la zone industrielle d�Arzew, le complexe Kahrama �il a n�cessit� un investissement de 400 millions de dollars dont 5 % du partenaire �tranger et 95 % d�AEC� assure, depuis son entr�e en exploitation en f�vrier 2006, le dessalement de l�eau de mer avec une capacit� de production de 90 000 m3 par jour, ainsi que la production d��nergie �lectrique. Au fur et � mesure, plusieurs autres villes c�ti�res ont �t� concern�es par ce vaste programme de dessalement de l�eau de mer. Certaines stations sont d�j� op�rationnelles alors que d�autres sont en cours de r�alisation. Boire la Grande Bleue Au total, treize stations de dessalement de l�eau de mer sont programm�es � travers le territoire national et dont la capacit� globale de production journali�re atteindra 2,26 millions de m�tres cubes. Plus tard, le programme sera renforc� avec deux nouvelles unit�s : une station � Jijel avec 100 000 m3 par jour et une autre � B�ja�a dot�e de la m�me capacit� de production. En atteignant les quinze �usines� de dessalement de l�eau de mer, la capacit� totale du pays sera port�e � 2,5 millions de m�tres cubes par jour. Quant au montant global d�investissement, il atteindra 3 607 millions de dollars. Outre la station d�Arzew, trois autres unit�s de dessalement tournent � plein r�gime. Elles produisent, r�unies, 590 000 m3 d'eau potable par jour. Etablie pr�s du port d�Alger, la station d�El- Hamma, inaugur�e en f�vrier 2008, transforme au quotidien jusqu�� 200 000 m3 du pr�cieux liquide. Construite par l�am�ricain GE Ionics avec un montant de 257 millions de dollars au prorata de l�investissement de chaque partenaire, son apport constitue pr�s de 20 % de l�alimentation en eau potable de la capitale. Entr�e en exploitation en mars 2009, celle de Skikda est dot�e d�une capacit� de 100 000 m3 par jour. A A�n-T�mouchent, la station de dessalement de l�eau de mer de Beni Saf dessert la r�gion depuis juin 2010 avec une capacit� de 200 000 m3 par jour. De nombreux projets Connue pour son faible taux de pluviom�trie, la r�gion de l�ouest du pays a b�n�fici� de la plus grande part des stations de dessalement. D�ailleurs, celle de Magta�, pr�s de Mers El- Hadjadj (Oran), d�une capacit� de 500 000 m3 d�eau par jour, est consid�r�e comme la plus grande station de dessalement � osmose inverse dans le monde. Confi�e au partenaire de l�AEC, Hyflux de Singapour, l�unit� co�tera 492 millions de dollars et sera op�rationnelle � partir du troisi�me trimestre de 2011. La wilaya de Tlemcen compte deux stations de dessalement : l�unit� de Souk Tleta et celle de Hona�ne. Elles ont chacune une capacit� de production de 200 000 m3. La premi�re est attendue pour la fin de l'ann�e et la seconde sera livr�e d�s f�vrier 2011. L�usine de traitement de l�eau de mer de Mostaganem sera dot�e d�une capacit� de 200 000 m3 par jour et livr�e fin 2010. D�une m�me capacit�, la station de T�n�s, � Chlef, est attendue pour mars 2012. Quant � l�unit� de Cap Djinet, dans la wilaya de Boumerd�s, sa livraison est pr�vue pour l�ann�e 2011 avec une capacit� de 100 000 m3 par jour. A l�ouest d�Alger, la wilaya de Tipasa b�n�ficiera de deux stations de dessalement de l�eau de mer. D�une capacit� de 120 000 m3 d�eau par jour, l�unit� de Fouka est pr�vue pour fin 2010 alors que celle de Oued Sebt, dont la capacit� de production sera de 100 000 m3 par jour, est en phase de lancement. La station de dessalement d�El-Tarf, programm�e pour une production de 100 000 m3 par jour, est dans la m�me phase. Pour ces deux derni�res unit�s, le d�fi consiste � �les r�aliser avec les moyens locaux�, assure le P-dg d�Algerian Energy Company, Yahia Zakaria Khadir. Un d�fi alg�rien Utilis�es dans le syst�me de dessalement de l�eau de mer, les membranes pour l�osmose inverse constituent la �pi�ce� indispensable de ces usines. C�est une solution technologique hautement d�velopp�e par les g�ants de l�industrie mondiale. L�ambition semble ne pas faire d�faut � Algerian Energy Company. Son Pdg dit que sa compagnie s�int�resse s�rieusement � cette technique. �Plusieurs partenaires sp�cialis�s dans le domaine de la fabrication des membranes pour osmose inverse nous int�ressent. Nous sommes en train de d�velopper une capacit� de production locale de cette haute technique�, explique-t-il. Quant � l��nergie utilis�e pour le dessalement, les actionnaires �uvrent pour trouver des �nergies de rechange � l��lectricit�. �Nous essayons de trouver d�autres �nergies de rechange pour nos usines de dessalement de l�eau de mer, telles que l��nergie �olienne. L��lectricit� demeure, pour l�instant, l�unique �nergie utilis�e car elle est moins ch�re�, dit-il. Les barrages pour l�agriculture Le dessalement de l�eau de mer a �t� l�ultime solution pour l�Etat. Cette eau p�renne dessal�e constitue une solution de �rechange� pour les villes du nord du pays souvent surpeupl�es. Avec l�installation des stations de dessalement, les citoyens pourraient profiter r�guli�rement d�une eau de m�me qualit� que celle conventionnelle, expliquet-on au minist�re des Ressources en eau. Les eaux des barrages seront ainsi orient�es vers les r�gions accusant un d�ficit en eau potable et vers l�irrigation d�appoint des terres agricoles, notamment dans les Hauts-Plateaux. L�agriculture sera le deuxi�me b�n�ficiaire de la strat�gie de dessalement. Les eaux de barrages seront r�affect�es notamment � l�irrigation d�appoint dans les Hauts- Plateaux, les villes en retrait et les r�gions � vocation c�r�ali�re. Les barrages assureront ainsi de l�eau pour l�agriculture des plaines c�ti�res et int�rieures du nord du pays. L�extension des terres irrigu�es permettra une croissance durable de la production agricole. Le d�veloppement de l�hydraulique agricole vise � r�duire la facture des importations des produits agroalimentaires en contribuant � diminuer la d�pendance alimentaire. Cette orientation des eaux des barrages permettra �galement la reconstitution des eaux des nappes phr�atiques en r�duisant les forages qui exercent une pression sur ces nappes souterraines. L�eau � prix fixe Bien que les co�ts de revient de la production de l�eau potable soient nettement plus �lev�s que les tarifs port�s sur les factures, le prix de l�eau ne conna�tra pas d�augmentation, assure-t-on. L�Etat continuera � subventionner le prix du m�tre cube d�eau. Le ministre des Ressources en eau l�avait d�clar� � maintes reprises. �Il n�y aura aucune augmentation de la tarification de l�eau potable�, a-t-il soulign�, tout en reconnaissant que les prix pratiqu�s actuellement sont largement en-dessous du tarif de r�f�rence. Malgr� cette r�alit�, les prix ont stagn� pendant pr�s de dix ans. Ce n�est qu�en janvier 2005 que le tarif de base a �t� revu � la hausse par d�cret ex�cutif.