Dj'mal Khedidja'…Tu chantes les belles jamais admirées, à peine entrevues, dont tu nous expliques qu'il ne faut surtout pas provoquer les démons, de peur qu'elles nous envoûtent, laissent s'échapper les instincts sommeillant en chacun de nous et abandonnent nos corps comme proie des vautours qui guettent la décomposition de notre déchirure dont elles se sont rassasiées. Sous l'arbre de chaque hara, pour fêter la circoncision d'un fils chéri ou souhaiter la bienvenue à une mariée éclatante de beauté derrière son haik, baissant les yeux pour ne pas laisser l'assistance mesurer son bonheur, tu animes les fêtes dont on ne sort jamais totalement indemne, soirées interminables à t'écouter ensorceler et remplir de bonne humeur l'assistance, heureuse d'avoir pu communier grâce à toi, le chantre, et ta bande joyeuse.Tu perpétues une tradition vieille comme les koubba de ces contrées, où se sont tus les sons des bendirs et les voix des femmes. Elles y étaient libres de laisser leur trop-plein de tendresse contenue depuis la dernière zerda déborder de mélopées éloquentes du sraoui. Elles sont désormais condamnées à guetter tes rares passages sur les ondes de la radio ou les quelques instants volés aux invariances cathodiques, entamant ton aura de maître. Samir khouya, tu es plus habile à chanter qu'à dire… « Khadmek haddad… » A chaque fois que tu te retournes, tu ne peux t'empêcher de voir encore le sourire de Bachir le Gros en train de « remuer » le ventre de sa guitare électrique en souriant au public, Bachir « Kahlouche » te faire un clin d'œil pour te signifier que tu es bon, ou Rahmouni l'accordéoniste, laissant son instrument rehausser ta voix superbe. « C'était le début, c'était le printemps… » « Mektoub eddani… » Samir El Gaid, tu as juste perdu un petit doigt d'un pied, ce n'est pas du tout cette partie-là de ton corps de géant qui nous a distillé tant de joies, cela n'entame donc en rien ta verve.Alors, reviens-nous vite, l'artiste.