L'eau n'a pas coulé des robinets de certains foyers depuis 13 ans. Quatre forages sur les huit situés sur le lit de l'oued Sebaou qui alimentent les 60 000 habitants de la région ont brusquement interrompu la production. «Nous vivons une grave crise d'eau. La tension monte chaque jour d'un cran et nous craignons les débordements. Les responsables de l'ADE, auxquels nous avons soumis nos préoccupations, ne prennent pas leurs responsabilités», affirme Lounis Mehala, P/APC de Timizart. Dans la commune limitrophe d'Aghribs, la situation est encore plus préoccupante. La crise de l'eau dure depuis 16 ans et aucune solution n'a été trouvée pour étancher la soif des habitants. Aux réseaux d'AEP qui sont défectueux et aux réservoirs d'eau d'une faible capacité s'ajoutent les branchements pirates. Dans une requête adressée au wali, le comité de village tire la sonnette d'alarme : «Nos villages souffrent du manque d'eau depuis 10 ans. Nous nous sommes adressés aux responsables locaux, à l'ADE d'Azzefoun, à celle d'Azazga et à celle de Timizart, mais il s'avère que le problème est complexe et nécessite l'intervention d'autres partenaires notamment les directions de l'hydraulique et de l'ADE de Tizi Ouzou.» Le calvaire est au quotidien. Un homme rencontré au siège de l'APC témoigne : «Nos enfants passent l'été à la recherche du précieux liquide. Nos femmes se lèvent à 5 h pour aller puiser l'eau dans les rares sources. On a trop attendu, mais nous n'allons pas rester les bras croisés. Les autorités ignorent notre détresse.» Les villageois se préparent pour une action de rue. Rabah Irmèche, P/APC d'Aghribs, déclare : «La situation est intenable. Notre commune dispose de deux citernes tractables de 3000 l, et nous sommes tenus d'alimenter le lycée, les deux CEM, les neuf écoles, le détachement de l'ANP, celui de la garde communale et les quatre unités de soins. En 1999, nous avions demandé à la wilaya la réfection et le changement du tracé des réseaux d'AEP et la construction de nouveaux châteaux d'eau d'une plus grande capacité, car notre commune a connu une expansion importante. Nos doléances sont restées sans suite». A Aghribs comme à Timizart, les canalisations qui datent des années 1970 sont défectueuses. Le P/APC de Timizart affirme : «Il y a quelque temps, la quantité d'eau mise à la disposition de la population était de 3 400 m3. Elle a chuté à 1700 m3 par semaine et 1000 m3 se perdent dans la nature en raison des fuites. Dans notre commune, les services de l'ADE sont inefficaces. Ils n'ont aucun moyen matériel pour intervenir. Au niveau de la direction de wilaya, c'est la fuite en avant. Le directeur que nous avions sollicité pour une entrevue, nous fait attendre au secrétariat de son bureau pendant un long moment puis s'esquive sans nous recevoir. L'ADE doit trouver les solutions pour alimenter la population en eau. Pour notre part, en tant qu'élus, on a fait tout ce qu'on pouvait, le chef de daïra aussi. On n'est pas responsables d'éventuels dérapages de la population, car on ne peut pas demander à quelqu'un qui a soif d'attendre indéfiniment.» Le désarroi de la population d'Aghribs est résumé dans le rapport adressé le 11 juillet dernier par le P/APC au wali à propos du manque d'eau et de l'arrêt de deux chaînes de refoulement d'eau depuis 1993. «Seize ans ! C'est l'âge qu'il faut pour voir grandir un adolescent. Seize ans d'attente et d'espoir dilués entre promesses et actions d'interventions vaines». Les adolescents sont aujourd'hui fatigués de transporter des bidons et des jerricans d'eau.