Avant son arrivée à Alger, ce lundi, El Watan Vendredi a accroché le pudique et taciturne Tariq Teguia à Paris. Son second film Inland, sorti moins d'un an après Rome plutôt que vous, est déjà présenté comme un chef-d'œuvre. A croire que le cinéma algérien, porté par une nouvelle génération de réalisateurs, est en pleine renaissance. Est-ce vraiment le cas ? Nous avons posé la question aux intéressés. « Un John Ford berbère. » « La meilleure nouvelle cinématographique que nous envoie l'Algérie depuis des lustres. » « Un cinéaste universel. » Inland, le nouveau film de Tariq Teguia, a été accueilli, cette semaine, pour sa présentation à Paris sous un déluge de superlatifs. Quelques mois à peine après l'enthousiasme suscité par Mascarades et la pluie de récompenses tombée sur son réalisateur Lyes Salem. Faut-il voir dans cette reconnaissance les signes d'un renouveau pour le cinéma algérien ? « Rien n'a vraiment changé, que ce soit au niveau de l'organisation, du manque de salles ou des systèmes d'aide nécessaires pour que le cinéma se développe convenablement, nuance Mimoun Mouloud, critique de cinéma. Mais de nouveaux talents émergent : Tariq Teguia, Lyes Salem, Rabah Ameur-Zaïmeche… » Ou encore Djamel Bendeddouche (Arezki l'insoumis), Malek Bensmaïl (La Chine est encore loin)… Une génération qui, comme le souligne Jacques Choukroune, co-initiateur d'un master professionnel sur la formation de responsables de salles de cinéma à Alger, après avoir travaillé « avec les anciens » sont passés à la production. Leur fond commun d'inspiration : la chronique sociale « tel que le cinéma algérien le fait depuis 45 ans », précise Mimoun Mouloud, qui trouve des moyens d'expression aussi bien dans le drame (Inland) que dans la comédie (Mascarades). Derrière cette nouvelle vague – ils ont en moyenne 35 ans - d'autres jeunes cinéastes ont commencé discrètement leur ascension. « D'ici cinq ans, on entendra forcément parler de Khaled Benaïssa » promettent en chœur les professionnels. « Après avoir reçu le grand prix du Taghit d'or pour Ils se sont tu unanimement attribué au Festival du court métrage en décembre dernier, il écrit en ce moment son premier long-métrage. Il a un vrai talent, une capacité à croquer les situations de la vie quotidienne avec humour et dérision », analyse Mouloud Mimoun. « Mais le renouveau de la production ne sera viable qu'avec la création d'un public cinéphile en Algérie, tempère Jacques Choukroune. Il faut absolument que le circuit redémarre, que des gens compétents s'en occupent. Car je ne crois pas à la réussite d'un cinéma hors-sol. »