Les 150 familles résidant dans le bidonville de la zone industrielle de Aïn el Hadjar, distante d'une dizaine de kilomètres du chef-lieu de wilaya, et vivant dans des conditions extrêmement difficiles, interpellent les responsables de la wilaya afin de mettre fin à leur calvaire quotidien à travers une pétition dont une copie est en notre possession. Pour en savoir plus, nous nous sommes déplacé sur les lieux pour constater de visu ce quartier informel situé à la périphérie de la daïra mère. Y accéder n'est pas de tout repos, il faut emprunter plus d'un kilomètre de pistes tortueuses, un véritable bourbier dès que les premières pluies s'abattent sur la localité. Informé de notre arrivée, Mohamed, un résident, père de famille, nous attendait et enchaîna : « Comme vous pouvez le constater, nous n'avons bénéficié d'aucun aménagement, nous souffrons cruellement de l'absence d'énergie électrique, sans adduction d'eau ni de branchement en gaz, accentué par des réseaux d'assainissement de fortune à ciel ouvert favorables à la prolifération de moustiques et à l'émanation d'odeurs nauséabondes. » Un autre résident de renchérir : « Nous sommes isolés, compte tenu du relief accidenté, les chauffeurs les plus téméraires refusent d'emprunter la piste. Pour nous déplacer, nous utilisons des ânes pour acheminer divers produits ou les quelques rares véhicules disponibles sur place, principal gagne-pain de ces résidents. » Mais ceux qui souffrent encore plus, ce sont les enfants scolarisés qui, en l'absence de transport scolaire, parcourent quotidiennement plus de 8 km à pied. « Je suis exténué en effectuant deux kilomètres pour aller à l'école primaire, encombré de surcroît par le cartable bourré de manuels scolaires et divers cahiers. Le soir, harassé, je m'endors sans réviser, faute d'électricité », dira l'écolier de 4ème année primaire, Mahmoud Moussa, âgé de 12 ans. L'on apprend que, durant les intempéries, l'oued, qui apparemment est à sec, regorge d'eau durant les fortes précipitations, et beaucoup d'humbles demeures ont été inondées, les fortes rafales de vent secouent les toitures en zinc à tel point que certaines ont été emportées par la furie de la bourrasque. Kourat Berrezoug, 66 ans, père de famille de 11 membres dont 5 adultes, s'enorgueillit d'être le premier à élire domicile il y a 24 ans en ces lieux.