A quelques détails près, Mohamed Saïd (Mohand Oussaïd Belaïd) aurait pu prononcer le même discours d'il y a dix ans lorsque, représentant Taleb Ibrahimi, il était venu à Oran pour un meeting organisé dans cette même salle (El Feth) et pour la même occasion, la campagne électorale pour l'élection présidentielle. Oran et Annaba De nos bureaux Mais, jeudi dernier, il était venu en tant que candidat indépendant avec son propre programme. Quant à son absence durant toute cette période, il l'a mise sur le compte de la situation politique, caractérisée par le verrouillage des libertés. « Cela aurait pu être mieux si les choses étaient allées autrement », devait-il déclarer vaguement, faisant sans doute référence à l'issue de l'élection de 1999. « Nous avons assisté à une véritable intifadha financière et l'Algérie a bénéficié d'une manne exceptionnelle, mais quelle valeur peut-on accorder à la croissance si le chômage, la crise de logement et la cherté de la vie continuent à caractériser la condition sociale des citoyens ? », s'est-il interrogé avant de répondre : « La bonne santé financière n'a aucun sens si le citoyen ne le ressent pas, comme c'est le cas pour l'augmentation du prix du pétrole s'il n'a aucune incidence sur le quotidien de la population. » Pour lui, si les décisions prises durant ces années allaient dans le sens de l'amélioration de la situation, la facture d'électricité, de gaz et d'eau, les coûts de transport auraient baissé et le pouvoir d'achat aurait augmenté sensiblement avec les chances d'acquérir un logement. « Le vrai responsable politique regarde loin, planifie et trouve des solutions à l'avance », lance-t-il et son souci est que dans un avenir pas très lointain, entre 20 et 50 ans, nous ne trouverons pas quoi manger. Il explique : « Nous serons alors 50 millions d'Algériens qui devrons vivre sans les recettes des hydrocarbures, des énergies non renouvelables qui assurent 98% des revenus, mais qui se tariront (20 ans pour le pétrole et 50 ans pour le gaz, selon les estimations). » Mohamed Saïd préconise en outre une réflexion sur l'eau et l'environnement et prévient des politiques qui permettent à certains pays développés d'enfouir leurs déchets toxiques, nucléaires notamment, dans les pays du tiers-monde. « La bonne gestion de l'environnement permettra de réduire la facture sanitaire en réduisant les effets de plusieurs maladies dues au manque d'hygiène », espère-t-il en déplorant le manque flagrant de salubrité dans les rues et les immeubles. Cette réflexion va le renvoyer non pas 10 ans, mais près de 40 ans en arrière. Il était journaliste et au début des années 70, il avait également eu l'occasion de visiter Oran, de retour d'une couverture d'un sommet algéro-marocain à Tlemcen. « On m'avait certifié que 50% des logements étaient vides et on m'avait même proposé d'en prendre un, mais j'ai refusé car j'habitais à Alger. » Mais tout de suite après, revenant à la réalité d'aujourd'hui, il a affirmé que la majorité des citoyens qui lui écrivent se plaignent de la crise de logement et que certains, rapporte-t-il, ont déposé des dossiers depuis 1973, ce qui est paradoxal pour une ville qui avait un parc de logements à moitié vide ! « Aujourd'hui, on recense 2 millions de logements vides pour diverses raisons pour lesquels il faut trouver une solution en incitant les propriétaires à louer, ce qui peut déjà atténuer la pression avant de trouver une solution radicale », suggère-t-il en estimant que c'est plutôt le manque de transparence qui fait peur aux localités quand il s'agit de distribuer les logements prêts. Il cite le cas de Tlemcen qui n'arrive pas à distribuer des logements qui datent de 1999 sous le prétexte que la demande est démesurée par rapport à l'offre mais continue à faire les frais de l'entretien. Mohamed Saïd a par la suite écouté les doléances et avis des citoyens qui sont venus l'encourager à briguer la magistrature suprême. « Il y a des zélés parmi les comités de soutien du président candidat à Annaba qui, par leur comportement irresponsable, lui portent atteinte. Ce qui m'a fait révolter. » C'est BelaId Mohand Oussaïd, qui est l'auteur de cette remarque faite d'abord à son arrivée à l'aéroport Rabah Bitat et confirmée sur le perron du Théâtre régional Azzedine Medjoubi (TRA). Il s'agit du portrait géant de Bouteflika à l'aéroport et à l'entrée même du théâtre où il a animé hier un meeting populaire. Fermement mais pacifiquement, Mohamed Saïd, de son nom politique, a demandé aux autorités locales de respecter la loi et d'ôter le portrait du Bouteflika de l'entrée du TRA. Ce qui a été fait sur son insistance. Une situation qui a donné du fil à retordre au candidat libre de s'étaler sur les dépassements qui caractérisent les comportements des responsables algériens. D. B., M. F. G.